PANORAMA 24 : De l’autre côté du miroir
Posted On 18 décembre 2022
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Un large espace d’exposition plongé dans la pénombre révèle des œuvres hétéroclites de toutes formes, agencées de façon à former un tout étonnamment homogène. Un jeu d’ombres et lumières spectrale crée une atmosphère hors du temps : la perte de repères permet d’envisager une approche plus sensorielle. En entrant, le spectateur sort de sa passivité contemplative : il est appelé à s’impliquer physiquement et psychologiquement au travers d’œuvres interactives. Le sens suggéré des œuvres laisse souvent place à la libre interprétation du public.
Le rapport de l’être humain à son environnement naturel est un thème récurrent. Quel futur dans un monde où l’homme épuise continuellement les ressources terrestres ? Quelle(s) empreinte(s) indélébiles l’humanité laisse dans son sillage ? Sans homme, quelles interactions entre les organismes vivants ? La question de la limite d’une démarche énergétique durable est également centrale. L’énergie est alors considérée dans sa condition naturelle, instable et en constante évolution : loin de sa fonction productiviste. Dans ces œuvres, infiniment grand et infiniment petit se confondent ; création et destruction se côtoient.
Avec Objets-monde, Sabrina Ratté met en tension sentiment apocalyptique et nostalgie d’une nature idéalisée. Grace à la photogrammétrie (numérisation 3D d’éléments tirés de la réalité), elle explore l’impact de l’humain sur son envt, qui devient une part intrinsèque de notre écosystème.
Accessible à tous, chacun est invité à aller au-delà de la contemplation : les œuvres surmontent les frontières de l’âge ou de la nationalité. Des artistes questionnent le rapport intériorité/extériorité comme Gohar Martorosyan avec Identity. La réalité virtuelle permet une immersion totale dans l’exploration des relations conflictuelles au sein même d’un individu, qui serait modèle d’une société interne. La temporalité est au cœur de l’Autre côté comme en témoignent Temps sonore de Toshihiro Nobor qui explore simultanément les liens entre passé, présent et futur. Ainsi, place est faite à la spiritualité et à l’ésotérisme : l’imaginaire se confond avec la réalité.
Magalie Mobetie s’interroge quant à elle sur l’avenir des pratiques mémorielles et funéraires, physiques ou numériques. Avec Mourning Cloud (Will we all end up in the cloud(s) ?), elle challenge les limites de la mort par un deuil technologique : quel héritage numérique laisse-t-on en passant de l’autre côté ?
Les œuvres abordent également des questions sociétales : quel lien entre public et privé ? Quelle autre perspective apporter face à la construction d’une mémoire collective ? Certains étudient la porosité des frontières entre milieux sociaux en s’immisçant par exemple dans le monde carcéral.
Valentine NOYER
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