Concrétiser son rêve d’installation en pleine nature avec son habitat léger
S’extraire de la ville et de ses nuisances, loin de la foule et du bruit permanent représente un rêve idyllique pour beaucoup. Source d’espoir, les habitats légers, ces logements facilement démontables et pouvant être déplacés, sont utilisés pour s’éloigner de la ville.
En pleine voie de développement, ce nouveau mode de vie écologique est défendu par des mouvements associatifs qui luttent contre une législation peu conciliante. Implantée en Bretagne, l’association Les Hameaux Légers œuvre pour développer des éco-lieux en collaboration avec les élus des communes et aider les propriétaires d’habitats légers à concrétiser leur rêve.
Ce mouvement prend toute son importance lorsque l’on s’aperçoit que les habitants font face à une réalité frustrante : la rareté des terrains, leur prix inabordable et le manque de collaboration des communes. C’est le cas de Géraldine Robin, habitante de la Bernerie-en-Retz en Loire-Atlantique qui rêve de vivre en pleine nature à l’écart de la ville. « J’avais envie de sortir de cette société de consommation, de me rapprocher de la nature, et de créer un logement à ma taille en harmonie avec la nature. »
En recherche de terrain constructible depuis un an et demi sur le littoral, elle s’est vue confrontée à des terrains hors de prix. « On ne trouve pas de terrain à moins de 50 000 – 60 000 euros, je me suis rendu dans toutes les mairies de mon secteur, aucune n’est en mesure de me proposer une alternative. » Ce type d’habitat étant encore précurseur, les mairies montrent peu de considérations pour le logement éco-responsable de Géraldine Robin. « C’est d’autant plus déplorable que si le prix des terrains est aussi élevé c’est parce que le littoral est couvert de résidences secondaires qui font monter les prix du logement en flèche, d’été à hiver, nous passons de 30 000 à 3 000 résidents dans ma commune. »
Le véritable tournant de la loi ALUR
Le projet dépend bien souvent de la bonne volonté des mairies qui ont la liberté de choisir au cas par cas les terrains constructibles. Depuis 2019 et la loi Engagement et Proximité, le pouvoir des communes s’est accru car il leur est désormais possible de prononcer des amendes administratives (500 euros par jour) en cas de non-respect de la loi. En 2014, la loi ALUR (Accès au logement et un urbanisme rénové) s’imposait comme une petite révolution pour les habitats démontables (yourtes, tiny house, roulottes, tipis), en reconnaissant cette forme d’habitat comme permanente. Il est désormais possible pour ces logements alternatifs de s’établir sur des terrains constructibles pour y vivre de façon continue. Or, en dépit de cette loi, dans les zones naturelles et agricoles, seules les constructions et installations nécessaires à l’exploitation sont autorisées dans le Plan Local d’Urbanisme. Une seule exception à la règle, certaines zones appelées STECAL (Secteurs de taille et capacités d’accueil limitées) spécifient que l’habitat léger est accepté, mais leur présence est rare.
S’il est certes possible de s’établir dans des espaces de loisirs en zones naturelles, il est impossible de le faire temporairement avec son habitat léger. En zone agricole, le constat est le même, « J’ai aussi cherché des terrains dans des zones agricoles, mais pour pouvoir construire, je dois être à une distance de 30 mètres minimum de la voirie ce qui rétrécit considérablement la surface de mon terrain ». Par ailleurs, en quête de rentabilité, les agriculteurs ne veulent pas vendre leur terrain puisqu’il leur est préférable de préserver leurs grands terrains pour recevoir une aide plus intéressante de la PAC (Politique Agricole Commune).
Face aux travers de la loi concernant les habitats, l’association Les Hameaux Légers œuvre pour développer des éco-lieux en collaboration avec les élus des communes. Comment s’y prendre pour mener à terme ce projet ? Est-ce qu’il existe des terrains constructibles autour de chez vous ? Comment faire si le coût du projet semble trop élevé ? De la construction de l’habitat à l’achat d’un terrain, l’association vous aide à accomplir cet objectif. Elle met à disposition une carte interactive pour recenser l’ensemble des lieux qui peuvent participer à concrétiser ce rêve.
Titouan Robuchon
Pour aller plus loin...
La “cabane de Xavier” dans le Doubs
Perchée à sept mètres du sol dans le Doubs, sa cabane a fait le tour du web, recueilli 200 000 signatures et le soutien d’associations écologiques. Cela n’a pas suffi à Xavier Marmier. La municipalité de Cléron ordonne en 2014 la destruction de sa cabane, construite de ses mains sur une zone Natura 2000. S’il gagne un premier procès (la juge « comprend qu’il habite ici sainement »), il perd en appel puis à la Cour de cassation et même la Cour européenne des droits de l’Homme en octobre 2020. Xavier a mis 3 ans à construire sa cabane… et trois fois moins pour la détruire. Dans l’urgence, il a même sollicité l’aide d’internautes.
Alors, qui est à l’origine de ce combat judiciaire ? Un « maire-shérif ». En 2009, pour s’installer, Xavier a d’abord trouvé un accord à l’amiable avec la maire. Cinq ans plus tard, la nouvelle mairie exige puis refuse un permis de construire. La municipalité joue du flou juridique.
Xavier dénonce publiquement une « aberration », et se dit « déçu par la loi, la société humaine ». La municipalité explique qu’il est impossible de construire dans une zone classée Natura 2000. Pourtant, la zone industrielle et artisanale voisine a reçu une autorisation d’extension. Un soutien de Xavier dénonce aussi le favoritisme dont profitent les locations de vacances : tipis dans les arbres, bulles sur l’eau ou autres roulottes ont la côte sur les sites de réservations en ligne.
Pour autant, Xavier n’a pas la mort dans l’âme. Il a détruit sa cabane, et s’est lancé dans un projet de rénovation collective d’une vieille ferme. Dès le début, il envisageait sa cabane comme un nid, par essence éphémère. S’il n’a pas eu la liberté de rester vivre là où il le souhaite, il a su se découvrir, et voyager de l’intérieur.
Capucine Leroy