Transformer les objets du quotidien en œuvres d’art grâce au recyclage
Posted On 10 mars 2023
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Le tintement des balles de ping pong contre des pots de fleur, le frottement des tuyaux en plastique contre des roues de vélo. Avec cette exposition haute en bruit et en couleur, Thibaut Alavoine souhaite faire redécouvrir aux visiteurs les objets du quotidien. Des objets tous différents, conçus dans un but précis, pourtant détournés par l’artiste français afin d’en faire de véritables œuvres d’art. Animées par des ventilateurs, les sculptures semblent prendre vie sous les yeux des curieux. Dans un festival de bruits et de couleurs, cette exposition, bien que surprenante au premier abord, saura piquer la curiosité et faire réfléchir avec sa vision originale.
Bien que ce soient les sculptures qui sont mises en avant, elles ne représentent en réalité pas la totalité de l’exposition. En effet, les photographies de Fanny Alavoine y sont exposées. Ces dernières proposent une vision décalée de l’univers imaginé par Thibaut Alavoine, et invitent les visiteurs à poser un regard différent sur le spectacle qui s’offre à eux. Ces clichés donnent à repenser l’exposition, et permettent de voir les œuvres sous un autre jour.
La Ferme d’en Haut propose également une expérience auditive avec cette exposition. La grande majorité des œuvres qui y sont installées sont des sculptures musicales, qui tournent grâce au souffle de ventilateurs en émettant des sons divers et variés. On entend donc tous ces objets, qui sont de véritables instruments de musique, s’entrechoquer au rythme de leurs rotations. C’est un vrai festival de bruits et de couleurs qui s’anime pour le plus grand plaisir des visiteurs. Avec son art, Thibaut Alavoine sculpte le son aussi bien que la matière.
Grâce à son travail, Thibaut Alavoine permet aux visiteurs de prendre conscience que tous les objets du quotidien peuvent avoir des utilisations dérivées. Presque la totalité des matériaux qu’il utilise pour créer ses œuvres sont issus du recyclage. Une seconde vie que l’on aurait pas imaginée pour des objets pourtant banaux. Tout ce qu’il construit devient un instrument de musique. Les balles de ping pong deviennent des percussions, les vases deviennent des tambours, les roues de vélo deviennent des guitares. Depuis plus de 40 ans maintenant, il trie, recycle et assemble des matériaux pour leur donner une seconde vie, et il est aujourd’hui devenu un véritable chef d’orchestre. Avec cette exposition, il invite les visiteurs à repenser leur quotidien, et la façon dont ils consomment. Le recyclage a de nombreux atouts, et permet de faire découvrir des utilités insoupçonnées à des objets de la vie de tous les jours. L’art peut être vu comme un miroir du monde. A une époque ou la surconsommation et le gaspillage sont présents à chaque étage de la société, le travail de Thibaut Alavoine permet de faire passer un message important. Il faut apprendre à repenser le quotidien, les objets que l’on utilise, la façon dont on vit.
En plus de son côté original, la façon dont Thibaut Alavoine détourne ces objets pour en faire des instruments de musique représente un moyen moderne de faire de l’art. Avec lui, chaque objet a un potentiel bien plus grand que celui qu’on lui connaît. Sa perception différente de ces matériaux du quotidien et son imagination débordante font de lui un artiste complet. Une des caractéristiques de l’art contemporain est qu’il n’a pas de limite de support. On retrouve bien cette notion de liberté avec cette exposition, que ce soit au niveau des matériaux et des ressources utilisés qu’au niveau de l’objectif atteint avec ces sculptures.
Ecrit par Thibault Guiguen
1917, les spectateurs de la galerie d’Alfred Stieglitz observent aussi amusés que médusés un petit objet en porcelaine. Devant eux, trône un urinoir d’un blanc immaculé, aux formes rondes indélicates. À la base de l’énigmatique bibelot, un trou, qui semble en temps normal être relié à un tuyaux, dessine les contours d’une bouche moqueuse, provocatrice face à son auditoire. Les surnoms ne tardent pas à fuser dans une salle envahie par le brouhaha du scandale.
« Madonna of the Bathroom » est absolument vierge à l’exception d’une signature « R. Mutt » aussi étrange que la présence de l’urinoir dans la galerie. Particularité, personne ne connaît de tel artiste. Pire encore, « Mutt » signifie dans un argot grossier « clochard ». Une provocation qui n’est pas au goût des membres du jury qui décident de déloger la pissotière de son socle.
30 ans plus tard, le mystère est dévoilé. Marcel Duchamp, peintre et sculpteur surréaliste, las du conformisme imposé par les tuyaux bien rodés du monde artistique, avoue s’être servi de l’objet acheté dans une société de plomberie comme support. Dans le sillon tracé par le dadaïsme (mouvement artistique qui bouscule les conventions esthétiques de l’art), le Ready Made naît en même temps que l’art conceptuel. Jusque là résolu à son apparence esthétique, l’œuvre ne prend plus uniquement sa valeur dans son apparence mais mise aussi dans sa symbolique. Avec « La Fontaine » , ainsi nommée par son auteur, le simple fait de signer un objet, manufacturé et sans valeur quelconque, est ce qui lui attribue toute son étoffe. D’une vulgaire pissotière, l’œil est détourné vers une autre perception de ce qui gît devant lui, conscient que le geste provocateur porte le poids d’un sens bien plus fort que l’apparente prosaïque de ce drôle de bouddha en céramique posté sur son piédestal.
Ecrit par Victor Jezequel
Vidéo réalisée par Yacine Nouichi
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