À Roubaix, un nouvel objet a fait son apparition en face du parc Barbieux. Un conteneur, aménagé avec des casiers numériques, remplis de fruits et légumes ou autres produits alimentaires. Il s’agit de « la Boutique » du Casier Français, ouverte tous les jours à toute heure. Une nouvelle manière de pratiquer le circuit court. La boulangerie pâtisserie « Auguste et Ferdinand » y participe par exemple. Nous avons interrogé Margot Potiez, responsable communication de l’entreprise.
Habiter en ville facilite la vie sur différents aspects. Pour l’accès à l’emploi, ou aux transports par exemple. Cependant, quand il s’agit de consommer des produits frais, directement achetés aux agriculteurs, c’est plus compliqué. Le marché du centre-ville peut être une solution, mais récemment, de nouveaux moyens de pratiquer le circuit-court se sont implantés en ville. C’est ce que propose par exemple le Casier Français, entreprise basée à Templemars. Celle-ci met en place des casiers électroniques, un peu partout en France, voués à conserver des produits frais. À Roubaix, les produits proviennent d’exploitations entre 20 et 30 km des casiers. Les produits sont livrés quotidiennement en fonction des stocks.
Selon Margot Potiez, « valoriser le savoir-faire des producteurs locaux » est l’un des objectifs de leur participation au projet de La Boutique, tout comme la « sélection de produits de qualité ». Ce qui est aussi important, c’est « de permettre aux clients de bénéficier d’un service de proximité ». Objectif aussi mis en avant par le Casier Français. À Roubaix, de nombreuses fermes telles que La Ferme des épinchelles (Phalempin) ou la Ferme Carré (Vendeville) mettent à disposition leurs produits dans les casiers réfrigérés. Le seul intermédiaire entre les producteurs et les consommateurs est la livraison réalisée par le Casier Français. Margot Potiez explique aussi que les casiers permettent aussi de « s’adapter au rythme vie de chacun ». La présence d’un casier près de chez soi permet de limiter le temps passé à faire ses courses. C’est intensifié en ville, où les notions “d’immédiateté et de rapidité régissent les vies”, explique-t-elle. L’installation des casiers dans un espace urbain, tel qu’à Roubaix, semble encore plus utile. D’autant plus lorsqu’ils sont situés à un endroit stratégique, en face d’un parc et à proximité des transports en commun.
Une initiative bénéfique aux entreprises ?
Pour la boulangerie pâtisserie Auguste et Ferdinand, c’est le Casier Français qui a directement contacté l’entreprise pour qu’elle propose ses produits. Selon Margot Potiez, plusieurs raisons les ont poussés à accepter cette proposition. Tout d’abord, il s’agit d’un « projet challengeant », mais aussi un moyen de « collaborer avec des personnes qui nous ressemblent », partage-t-elle. Il s’agit de proposer une nouvelle manière de consommer, plus responsable et plus proche des producteurs, en évitant les intermédiaires industriels. Autre point important pour l’entreprise, l’initiative permet « de gagner en visibilité et de faire découvrir la marque auprès de futurs clients ». Le but est donc de donner une bonne image de l’entreprise, mais aussi de profiter de l’aspect publicitaire. En ce qui concerne les bénéfices tirés par l’entreprise, ils ne sont pour l’instant pas visibles. En effet, cela ne fait pas longtemps que leurs produits sont disponibles dans La Boutique.
Baptiste Demagny
Zoom : les enjeux du circuit court
Le circuit court s’est imposé ses dernières années comme une alternative durable à la grande distribution, si bien que celle-ci tente de s’imprégner de ses procédés. Il semble répondre sous plusieurs aspects aux nouveaux besoins du consommateur :
-Le respect de l’environnement : La sensibilité des gens aux problématiques écologiques est exponentielle, il en va de même pour leurs préoccupations alimentaires. Les circuits courts garantissent la proximité locale des produits/vendeurs et abrogent donc les intermédiaires de vente.
-La valorisation des producteurs locaux : La grande distribution est souvent accusée de monopoliser le circuit de la vente alimentaire en ne laissant que des miettes aux autres vendeurs sur le marché. La consommation par le biais de producteurs locaux permet d’assurer leur survie financière et la prolifération de ce type d’entreprises. L’enjeu réside aussi dans la constitution de commerces indépendants de la grande distribution là où celle-ci finit souvent par affilier ces mêmes producteurs.
Ces initiatives se développent en ville, là où la population est souvent d’abord moins sensible mais plus apte à en profiter à terme. Si cela présente un aspect positif comme la sensibilisation des urbains sur leurs modes de consommation, il y a des risques et des limites à ce développement :
-un risque concurrentiel : tout reste une question de logique économique et il ne faut pas perdre de vue que les commerçants visent avant tout leur profit. Si la vente locale et les circuits courts venaient à devenir une norme, il est évident qu’un marché économique émergerait.
Pour l’instant en tout cas, les circuits courts se posent comme une alternative durable face aux prix quasi inaccessibles du bio en grande surface et à la faible quantité de produits locaux qu’on y trouve, le tout en encourageant agriculteurs et petits commerçants.
Nello Dekneuvel