Retrouver du sens dans nos courses
Posted On 3 avril 2023
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A l’allure d’un magasin tout à fait banal, cette épicerie située 73 rue Léon Gambetta n’a pas vraiment un fonctionnement habituel. Ses nombreux rayons proposant fruits et légumes locaux, crémerie, viandes, épicerie salée et sucrée, boissons, ne sont pas remplis de la même manière que d’autres. Ici, on rassemble des produits parfois courts en date, qui ont subi des problèmes d’étiquetage ou de transport, qui sont tout simplement difformes pour certains. Toutes ces petites raisons qui font que dans la plupart des supermarchés traditionnels, il y a un gaspillage énorme.
L’idée de ce projet est née en Bretagne, en 2017. C’est dans la première région agricole de France que la première épicerie NOUS anti-gaspi a vu le jour, puis s’est propagée dans l’Ouest. C’est donc de Bretagne que proviennent une très grande partie des produits proposés dans l’épicerie de Lille. Ces produits sont achetés à des prix plus faibles que la normale, et donc revendus entre 20 et 30% moins cher que dans des supermarchés lambdas. Dans un contexte économique compliqué où l’inflation ne cesse d’augmenter, de nombreuses personnes font le choix de ce genre d’épicerie afin d’éviter les prix qui flambent dans certains supermarchés.
L’épicerie s’engage bien évidemment à adopter une politique de 0 gaspi en magasin, “sinon nous ne serions pas crédibles”, précise Marie, la gérante du magasin lillois. Pour ce faire, quand des produits arrivent presque à leur date de péremption, ils sont proposés dans des paniers via l’application Phénix, du même principe que Too good to go (voir l’à côté). Enfin, s’il est impossible de vendre certaines denrées, elles sont redistribuées à des associations.
Si l’épicerie est implantée dans le cœur de Lille depuis moins de deux ans, dans les anciens locaux d’un Carrefour bio, elle a déjà réussi à se faire un nom. Après des débuts plutôt tranquilles, elle connaît une forte croissance depuis septembre 2022. “On explose même !”, s’exclame la gérante. Elle explique cela notamment par une envie de la population de faire preuve de bon sens dans leur consommation, encore plus depuis la crise du Covid. Cette période, qui a marqué bon nombre de personnes, a aussi permis une sorte de prise de conscience sur différents sujets comme l’importance de s’appuyer sur des produits français et moins sur l’importation. De plus, l’épicerie touche “des jeunes étudiants habitant dans le quartier aux retraités vivant avec une petite retraite en passant par l’écolo-bobo”. Des offres temporaires sont même destinées aux étudiants. L’équipe est composée d’un directeur, de la gérante et de 4 employés ainsi qu’un emploi étudiant. Ils ont pour la plupart travaillé auparavant dans de grandes enseignes qui jetaient beaucoup. “On nous disait de jeter pour le moindre petit défaut”, explique la gérante, qui était auparavant dans des magasins de sport. Elle ajoute même en prenant l’exemple du directeur : “Il travaillait auparavant à Lidl, on peut dire qu’il est passé du total gaspi à l’anti-gaspi !”
Josué Charlos
Plus d’un tiers de la nourriture produite est gaspillée de nos jours.
C’est le terrible constat qui se dresse face à nous et qui n’est pas sans conséquences. Tout d’abord, le
gaspillage alimentaire représente 10% des gaz à effet de serre. Il coûte 1,2 milliard de dollars chaque
année et prive 828 millions de personnes dans le besoin pendant que 2,5 milliards de tonne de
nourriture sont jetés.
De plus la France importe énormément, c’est le septième importateur mondial de produits
agroalimentaires, notamment afin d’alimenter le marché des grandes surfaces. Cette méthode est
évidemment très couteuse financièrement (46,1 milliards en 2021 selon l’Insee) et très irresponsable
écologiquement. Le transport de produits alimentaires a généré vingt-deux millions de tonnes de
CO2 dont 62% de ces émissions ne proviendraient pas de transports issus de l’Union Européenne.
Comment améliorer ces chiffres ?
Afin de réduire ces différents problèmes, l’ensemble de la population a un rôle à jouer. Il existe la
possibilité d’acheter local, que ce soit à travers des marchés ou directement chez le commerçant.
Cela permet d’éviter aux produits de voyager et ainsi limiter son empreinte carbone et ses coûts de
transports. Le produit est lui plus frais, plus sain et il est plus facile de limiter le gaspillage car le
consommateur achète ce dont il a besoin dans un délai plus court. Alors que certains peuvent avoir
l’habitude d’acheter pour une durée plus longue et peuvent se retrouver finalement avec des
produits périmés à la suite d’une mauvaise estimation de leur consommation personnelle.
Mano Deully
Vidéo de Guillaume Bourgade. Immersion dans l’épicerie “Nous anti-gaspi” à Lille.
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