Quand l’intégration des jeunes sur le marché du travail gagne du terrain
Aux Palais des Sports de Saint-Sauveur s’est déroulée ce jeudi 19 octobre la troisième étape de l’Adéquat Challenge Tour, un job dating mélangeant jeunesse, sport et emploi dans une atmosphère chaleureuse.
On se souvient tous de notre première recherche d’emploi : passer des heures à rédiger son CV, sélectionner la photo de nous qui paraît la plus professionnelle, espérer que l’imprimante ait assez d’encre pour imprimer notre maigre expérience professionnelle et passer des jours à distribuer nos feuilles A4 à qui en voudra bien…
Cette réalité à laquelle font face de nombreux jeunes, l’agence d’intérim Adéquat cherche à l’améliorer à travers l’Adéquat Challenge Tour qui fait se rencontrer entreprises et candidats. Ainsi était organisé jeudi 19 octobre, au Palais des Sports de Saint-Sauveur, un job dating à l’idée peu conventionnelle : trouver un emploi, sans CV et en faisant du sport. Réservés aux moins de 30 ans, ces événements organisés dans plusieurs villes françaises ont pour ambition de ramener vers l’emploi les jeunes qui en sont les plus éloignés. Ce ne sont pas les compétences qui sont ici mises à l’honneur, mais l’apprentissage du métier par les entreprises aux candidats, et ce qu’importe l’expérience de ces derniers.
Sur le terrain de basket-ball de la salle Edouard-Doyennette se déroulent les épreuves sportives : les équipes sont chacune composées de sept candidats, un recruteur et un coach Adéquat assurant cohésion d’équipe et échanges entre tous. L’ambiance est conviviale et chacun donne son maximum. Après le sport, un blind-dating est organisé : recruteurs et candidats sont masqués pendant les trois premières minutes de l’entretien, permettant à chacun de faire ressortir sa personnalité et ses motivations sans crainte de discrimination.
Beaucoup de jeunes recherchent une alternance.
Un enjeu qui ne date pas d'hier
La région Hauts-de-France est particulièrement concernée par le sujet. Deuxième région la plus jeune après l’Île-de-France, elle détient la part de jeunes au chômage la plus élevée de France métropolitaine avec 16,8% des moins de 25 ans. Frédéric Motte, conseiller régional et responsable de la transformation de l’économie, justifie ce chiffre par le manque de formation de la jeunesse, ce qui est pour lui le fruit de l’histoire. “On était une région de grandes industries dans lesquelles on nécessitait davantage de cols bleus que de cols blancs.” Une étude de l’INSEE sur le chômage des jeunes dans la région révèle en effet que 12 % des jeunes des Hauts-de-France débutant leur premier emploi significatif sont peu ou pas diplômés, soit deux points de plus qu’au niveau national.
Financés par l’État, les centres EPIDE (Établissement Pour l’Insertion Dans l’Emploi) sont des établissements publics qui accompagnent dans leur projet professionnel des jeunes de 17 à 25 ans touchés par un cumul de vulnérabilité comme un handicap, des problèmes familiaux ou financiers par exemple. Sophie Godart, chargée des relations entreprises pour le Centre EPIDE de Cambrai, nous explique leur fonctionnement : “Chaque mois, chaque jeune reçoit un montant de 460€ en plus d’être nourri, logé et blanchi. Il est également accompagné par des professeurs dans les savoirs fondamentaux comme les mathématiques, le français ou même l’apprentissage de la conduite.” Ce suivi, qui dure de 9 à 24 mois, est un enjeu important quand on sait que le taux de chômage chez les 15-24 ans était de 17,3% en 2022.
Une situation qui tend à diminuer car les objectifs d’E. Macron sont clairs : atteindre le plein emploi “à marche forcée”. Pour autant, si le chiffre diminue, rien n’est dit quant aux conditions de travail de ces jeunes ainsi que sur les effets de cette politique sur le long terme. L’Insee révèle en effet que trois ans après leur premier emploi significatif, 1 jeune sur 4 est sorti de l’emploi salarié dans la région Hauts-de-France. L’emploi de la jeunesse française reste ainsi un enjeu autant à l’échelle nationale que régionale.
Louisa Neumann
Plusieurs activités sportives sont réalisées afin de créer une cohésion entre les jeunes.
Zoom sur...
L’insertion professionnelle par les réseaux sociaux.
Les différentes démarches administratives pour trouver un travail peuvent décourager les jeunes habitués à l’immédiateté du clic. Pour les attirer et faciliter leur entrée dans le monde professionnel, autant les chercher là où ils se trouvent : sur les réseaux sociaux. Certains organismes n’hésitent plus, quitte à se réinventer et à casser le côté formel, à faire des posts et stories pour partager conseils et bons plans afin de s’adresser directement aux jeunes.
Cette idée est portée en autres par Hello Charly, entreprise de l’ESS*, qui aide les jeunes de 13 à 29 ans dans leur orientation scolaire et professionnelle. Via la communauté d’entraide et des campagnes sur les réseaux sociaux Instagram, Snapchat et Tiktok, les jeunes peuvent discuter avec le chatbot et prendre contact avec des accompagnants d’ Hello Charly pour faire le point sur leur situation. Le monde virtuel devient ainsi un outil supplémentaire dans la quête d’un job.
Avec des maraudes numériques, « nous redirigeons les jeunes éloignés de l’école et de l’emploi vers nos partenaires que sont les missions locales, le réseau E2C* ou Pôle Emploi » comme l’explique Claire Espinasse, responsable marketing d’Hello Charly.
En empruntant les codes des réseaux sociaux, le but est d’aller dénicher les jeunes, qui, par leurs situations économique et sociale, ne se retrouvent pas dans les canaux traditionnels de recrutement.
Aujourd’hui, des structures plus classiques comme Pôle Emploi se mettent aussi à la page en investissant les réseaux sociaux.
*Source = INSEE
*ESS = économie sociale et solidaire
*E2C = École de la Deuxième Chance Ornella Pessus
Recruter les jeunes sans les discriminer, la mission d'Adequat
Jeudi 19 octobre 2023, l’Adequat Challenge Tour s’arrête à Lille pour proposer son évènement d’intégration insolite des jeunes dans le milieu professionnel. Un des engagements de l’entreprise de recrutement est de proscrire les discriminations, souvent courantes à l’embauche.
Crédit vidéo : Hélène MASSON
Crédit photo : Kenza PACENZA