Du 6 au 8 octobre ont eu lieu les journées portes ouvertes des ateliers d’artistes, événement régional favorisant la visibilité de l’art et l’échange autour de la création. Par la rencontre du public au sein d’espaces atypiques, les artistes locaux ont tenté de déconstruire le mythe qui plane autour du milieu artistique, celui dépeignant l’art comme étant un domaine purement élitiste. Le but étant de montrer l’étendue des possibilités de l’expression artistique et de réaffirmer l’accessibilité de l’art.
Dès la fin de ses études, Romane Riquier, artiste plasticienne basée à Lens, avait déjà conscience que cet imaginaire collectif posait problème : « Je me rendais compte que les gens étaient friands d’en savoir plus mais n’osaient pas spécialement rentrer dans des institutions parce qu’ils avaient peur de poser des questions. Or, si nous on fait des trucs dans notre coin, mais qu’en réalité les gens n’osent pas venir, c’est un frein. » Face à un art mobilisant des références parfois complexes, le spectateur peut se sentir dépassé. Ainsi, malgré l’ouverture indéniable des institutions artistiques, de nombreux citoyens peinent à se sentir légitime face à l’art. Pourtant, l’art est partout et s’imprègne dans tous les milieux.
Un espace d’échange
Au cœur de l’expérience de ces journées se trouve la curiosité du spectateur qui, habituellement, ne peut entrer dans les ateliers. A Volume Ouvert, collectif pluridisciplinaire regroupant plus de 20 entités d’artistes et artisans, plus d’une centaine de personnes se sont déplacées.
C’est dans un cadre convivial, propice à l’échange que la rencontre entre l’artiste et le spectateur s’est effectuée : « On avait des croque-monsieur, des crêpes, des choses qui permettent aux gens de se poser dans un environnement moins formel », explique Mathilde Zafirov, membre du collectif l’A3. Ici, la proximité avec le public se substitue donc à l’austérité de certains lieux culturels, l’art retrouve ainsi sa dimension humaine. Il redevient un support de connexion avec l’autre et n’est plus un objet purement contemplatif. Cet environnement ne nuit en aucun cas à la qualité des œuvres présentées.
Par cette sensibilisation, l’artiste ne cherche pourtant jamais à imposer une vision à son spectateur. Si les échanges apportent des clés de lecture, ils sont surtout un moyen d’encourager la réflexion du public. Faire que ce dernier s’approprie l’œuvre et accorder une place à ses questionnements permet justement de légitimer son accès à l’art. C’est donc par le dialogue que le spectateur construit sa sensibilité et affine son regard, découvrant par la même occasion de nouveaux univers.
Redevenir un acteur
Ce partage des savoirs se poursuit dans les ateliers d’initiation, espaces dans lesquels le public plonge dans l’expérience de l’artiste et visualise le processus de l’intérieur. En devenant acteur de sa propre création, l’individu envisage l’art sous un nouvel angle et dépasse ainsi son statut de simple spectateur. Cette création artistique parce qu’elle autorise chacun à explorer sa propre sensibilité permet de s’émanciper des cadres plus conventionnels de la société. Par sa liberté infinie, l’art crée donc un langage unique, qui permet de formuler ses sentiments de façon plus personnelle. Ici, le résultat ne s’impose plus comme un absolu, il s’agit plutôt d’expérimenter à travers le processus de création : « Une chose que l’on n’ose plus trop faire quand on est plus enfant », conclut Romane Riquier.
Eleanor Ndiambourila
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