Amateurs de musique et jeunes talents musicaux, tous tentent de se frayer un chemin dans l’industrie musicale. À Lille, le Zébulon et le Flow organisent des événements dans le but de mettre en avant cette nouvelle génération d’artistes qui veut sortir de l’ombre.
Certains parlent d’un nouvel âge d’or de la musique. Le développement des nouvelles pratiques musicales et l’émergence des réseaux sociaux y jouent un rôle important. Une multitude de petites artistes tentent de se développer. Mais dans le passage de l’ombre à la lumière, ils sont souvent un peu perdus. C’est pour cela que plusieurs initiatives sont mises en place afin de les aider à se frayer un chemin dans un marché musical de plus en plus concurrentiel.
À Lille, beaucoup d’événements sont organisés. Même s’ils n’ont pas tous la même portée, tous se rejoignent dans un but commun : mettre la lumière sur des jeunes talents pour leur permettre d’avoir la visibilité qu’ils recherchent. Le bar le Zébulon situé dans le Vieux-Lille est l’un de ces endroits discrets qui rassemble pourtant une certaine communauté d’artistes en devenir. Le bar accueille régulièrement des soirées durant lesquelles des jeunes rappeurs ont « chant libre ». Les dernières ont été organisées par Lâche ta rime, un collectif de rappeurs et rappeuses passionnés qui organise des événements pour donner la voix à de nouveaux talents. Autour d’une table ronde, cinq micros sont mis à disposition et chacun passe poser un couplet au milieu d’un public en feu. Luis Rodriguez, un jeune étudiant qui photographie ces soirées s’exprime : « Quand on va là-bas on sait qu’on va passer une bonne soirée, c’est un endroit à la fois intime car c’est tout petit mais déjà plus public que sa chambre. » L’objectif de ces soirées n’est pas seulement de montrer son art mais aussi de se créer un réseau à travers ces démonstrations. Ces soirées confidentielles, qui fonctionnent de bouche à oreille, permettent dans le même temps de faire des rencontres avec des gens qui partagent la même passion. « La musique c’est tout un processus », explique un jeune artiste lillois, Macarez, qui a participé à un de ces événements. « Quand tu ne connais personne c’est compliqué, il faut réussir à se frayer une place et c’est à travers ces initiatives que tu peux avoir une chance de te développer. Ce n’est pas juste en postant un son sur insta que tu perceras, il faut oser.»
Dans la même démarche, le Flow soit le Centre Eurorégional des Cultures Urbaines, est une autre initiative à une échelle plus conséquente. Il s’adresse aux artistes et amateurs désirants se professionnaliser, mais également à tous les publics ouverts à la découverte de nouveaux talents. Le centre culturel organise et accueille avec l’aide de médias ou de comités, de nombreuses soirées de musique dans lesquelles des petits artistes se produisent sur scène aux côtés de plus grands. L’objectif est de pouvoir laisser la place à de nouveaux talents qui peuvent alors partager la scène avec des artistes plus implantés dans l’industrie. La prochaine soirée est par exemple La Nocturne, organisée avec un média de musique, Balle Duper. C’est une soirée proposant l’entrée gratuite mais sous inscription. Mettre en place des soirées gratuites s’inscrit dans cette démarche d’aider ces nouveaux artistes à trouver leur public. Tout le monde peut les découvrir et leur promotion n’est pas limitée. Cette année, La Nocturne lilloise a accueilli pas moins de 140 curieux et adeptes de nouvelles découvertes musicales.
-Leonor Marlasca
Photo de une : Luis Rodriguez
Coup de projecteur : 7ten
7ten, de son vrai nom Seif, est un jeune rappeur parisien. Attiré par l’univers du rap depuis son plus jeune âge, le jeune artiste se lance à l’été 2022 et sort son premier titre Paname. En 2023, il rencontre un jeune homme lors d’une soirée qui devient son ami. Ce dernier, bien implanté dans l’industrie musicale, lui permet d’arriver dans son premier studio.
« La chose la plus importante pour moi c’est le culot, ça marche pour tous les domaines mais la musique encore plus. C’est primordial, tout se fait au culot. Montre que tu es intéressé par ton art à ton entourage, à des gens qui travaillent dans le milieu. Il faut oser proposer. ». Déterminé et sûr de lui, 7ten avoue avoir été beaucoup aidé par la multitude de petits évènements organisés par des collectifs, des médias de musique en vogue ou la ville de Paris elle-même. Selon lui, cela permet « d’offrir aux jeunes artistes un boost de communication qui est vraiment essentiel quand tu commences ».
Afin de promouvoir son dernier projet composé de 5 titres, Némésis, le jeune talent s’est appuyé sur certaines de ces initiatives. Il est allé dans des bars qui avaient pour objectif de laisser leur chance aux petits artistes de s’exprimer sur scène. Ainsi, il a réalisé sa première scène en collaboration avec le Fat Bar, un de ces bars au service des « nouveaux ». Ils étaient quatre artistes à présenter ce soir-là leurs musiques. Cette expérience lui a offert davantage de visibilité qu’il espérait en avoir et lors de cette soirée il a rencontré des personnes du milieu qui lui ont ouvert des portes. « Au final c’est à ça que ça sert ce genre d’initiatives : oser et combattre sa timidité pour s’ouvrir à des gens qui s’ouvriront à nous en retour, ça crée le réseau ».
-Chloé Veracruz