Le chèque-psy, une bouée de sauvetage pour les étudiants en détresse
Posted On 14 novembre 2023
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Selon l’enquête sur les conditions de vie des étudiants réalisée par l’Observatoire national de la vie étudiante (OVE) en 2010, les trois quarts des étudiants se considèrent fatigués, la moitié nerveux, 35 % déprimés et un sur quatre souffre d’isolement. Seuls 12,8 % considèrent qu’ils n’ont aucun symptôme.
Ces chiffres se sont accentués depuis le début de la pandémie, qui a perturbé le quotidien des étudiants. Certains expriment leur vécu : « Au début c’est un manque d’appétit, de l’anxiété puis on ne suit plus en cours, l’on a plus envie de sortir, on a ensuite des idées noires, c’est une spirale de négativité », confie une étudiante.
« Quand on ne se sent pas bien, on se dit que ça va passer, car pour beaucoup on ne l’a jamais ressenti dans le passé, et puis payer un psychologue c’est trop cher, alors on y renonce », raconte une autre. « Je reconnais ressentir de l’anxiété au quotidien, entre les cours, les extras que je fais dans un bar, gérer ma vie sociale et puis gérer ma vie, mon appartement, ça n’est pas facile », avoue un troisième.
Face à ce mal-être psychologique, l’offre de soins est à renforcer. Selon le rapport sénatorial sur l’accompagnement des étudiants publié en juillet 2021, « les étudiants ont principalement besoin d’aide pour gérer le stress, les troubles du sommeil, l’anxiété, la dépression ou encore l’isolement et les difficultés dans
leurs études. Certains ont des idées suicidaires et des troubles du comportement ». Or, il existe peu de Bureaux d’aide psychologique universitaire (BAPU), deux à Paris et aucun dans certaines grandes villes comme Bordeaux, Nantes, Toulouse ou Lyon. Ces derniers sont débordés alors même que seuls 8 % des étudiants savent qu’ils existent.
Le « chèque-psy » est un dispositif mis en place le 1er février 2021, pendant la crise sanitaire pour soutenir la santé mentale des étudiants. Il permet d’accéder gratuitement à 8 séances chez un psychologue partenaire.
Mais ce dispositif est-il adapté au défi ? Pas tout à fait. D’abord, il y a un problème de capacité : seuls 750 à 1500 psychologues sont partenaires de la plateforme, soit 1 à 2 % de l’offre nationale. Ensuite, il y a un problème d’information : tous les étudiants ne sont pas au courant des chèques-psy, ni de la procédure à suivre pour les obtenir. Enfin, il y a un problème de durée : 8 séances au maximum, c’est parfois insuffisant pour soigner des troubles plus profonds ou anciens.
Le chèque-psy n’est donc qu’une solution parmi d’autres, qui doit être complétée par d’autres actions : augmenter les BAPU, former les personnels universitaires à repérer les signes de détresse, faciliter l’accès aux soins pour les étudiants qui ont des difficultés financières, et encourager les activités culturelles, sportives et
associatives qui favorisent le lien social et le bien-être.
Par Emile Thomas Moine
Le fait de devoir aller voir un médecin que je ne connaissais pas pour avoir accès au dispositif « santé psy étudiant » puis d’aller contacter un psychologue n’a pas été facile, je pense que la première démarche peut freiner les étudiants. Mais j’ai pu contacter mon psychologue par mail, c’était donc plutôt simple et accessible.
Les séances m’ont aidé, je n’ai pas l’habitude de communiquer énormément, donc ça m’a fait beaucoup de bien de pouvoir parler à quelqu’un d’extérieur qui était dénué de jugement. Ça m’a fait évoluer sur ma manière de réagir face à certaines choses et de gérer mes émotions.
C’est déjà une bonne base pour avancer et commencer à trouver des solutions pour aller mieux, c’est pourquoi je ne peux qu’encourager les étudiants à entamer cette démarche, mais je ne trouve pas cela suffisant. Il est difficile de quantifier la durée d’un processus psychologique, alors certes les huit séances seront suffisantes pour certains mais ça ne correspond pas aux besoins de tous les étudiants.
Les problèmes de santé mentale ont explosé chez tout le monde surtout depuis le premier confinement. Je l’ai beaucoup ressenti autour de moi. La précarité, l’isolement social, le fait d’avoir une nouvelle situation financière peut mener à des difficultés. Il était donc urgent de mettre en avant les étudiants dans ce dispositif car, n’ayant pas forcément de revenus, ils ont moins accès à ce type de soins.
Il faut aussi prendre en compte qu’à l’arrivée dans le supérieur, les étudiants sont moins accompagnés, il n’y a plus la même proximité avec le corps enseignant et le système d’accompagnement lié à la santé est souvent défaillant dans le supérieur.
Par Soline Philippe
Vidéo de Clément Vaillat
Photo de Hugo Umbdenstock
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