Alahup ! “Barbak”truc !, cette boucherie à la formule magique de la consommation carnivore
Lorsque l’on déambule dans la rue, il est rare que l’enseigne d’une boucherie attire l’attention. Mais au détour d’une rue animée, le long du boulevard de la Liberté, une façade singulière se dresse, ornée de l’inscription audacieuse “Mangez responsable, mangez Barbak”. Sous la direction de Vianney Deberdt depuis avril 2021, cette néo-boucherie incarne un symbole de consommation responsable, mettant en avant le bien-être animal, la proximité avec les éleveurs locaux, et un engagement constant envers la qualité. Toutefois, au-delà de ces affirmations, se pose la question de la véritable portée de l’impact de Barbak dans le paysage de la consommation responsable.
Depuis les années 60, la société de consommation a profondément transformé le mode de vie des Français. Le volume annuel de consommation par habitant a triplé, selon l’INSEE. Cependant, cette surconsommation a engendré des effets néfastes sur la santé humaine, l’environnement, et a mis en lumière des problèmes sociaux et économiques. Face à ce constat, une nouvelle tendance émerge. Près de neuf Français sur dix aspirent à une société où la consommation serait moins prédominante, selon le baromètre 2019 de Greenflex et l’ADEME. Cette prise de conscience a donné naissance à de nouveaux modes de consommation, plus responsable.
La philosophie de Barbak, centrée sur le respect de l’animal, la qualité du produit, et la transparence, se positionne comme un modèle qui s’inscrit au cœur des préoccupations contemporaines.
Valeurs et engagements
L’entreprise s’approvisionne directement auprès d’éleveurs locaux. Vianney explique : « Les volailles viennent de Hesdin, le bœuf et le veau des Hauts-de-France, l’agneau des Ardennes… Seul le porc de plein air vient de plus loin, de Vendée parce ce qu’il n’y en a pas dans la région. » Les producteurs partenaires respectent des normes élevées en matière de traitement des animaux, garantissant des conditions d’élevage optimales. Cette approche éthique est au cœur de la néo-boucherie et contribue à réduire les problèmes de maltraitance animale associés à l’industrie de la viande. Il souligne également que cette relation directe entre Barbak et les éleveurs élimine les intermédiaires inutiles et garantit une traçabilité totale de la viande, de l’élevage à la vente.
Loin de se contenter de simplement approvisionner des produits, Vianney aspire également à moderniser l’image de la boucherie, un secteur artisanal souvent en retrait par rapport aux tendances visuelles actuelles. Il justifie, avec conviction, son choix d’adopter l’originalité et la modernité dans un domaine qui n’a pas encore adopté le côté “instagrammable“, par la possibilité d’amener une “toute autre génération” dans les commerces de bouche.
« Neo, Bobo, Écolo »
Dans le contexte sociétal actuel, où les enjeux de consommation responsable et de bien-être animal prennent une place grandissante, l’émergence de projets tels que Barbak suscite à la fois curiosité et scepticisme. Marie, étudiante, partage ses réflexions sur ce concept novateur de boucherie, soulevant des questions cruciales. Sa préoccupation quant à l’accessibilité financière de tels projets, notamment pour les étudiants aux contraintes budgétaires, souligne une réalité économique qui pourrait entraver leur portée sociale. « Je trouve ce concept intéressant, mais il me semble peu adapté aux personnes en situation précaire ou à celles qui doivent gérer des contraintes budgétaires importantes. Cela donne plutôt l’impression d’être réservé à une élite, comme une tendance bobo. »
Cependant, Vianney affirme : « Les produits de la néo-boucherie ne sont pas nécessairement plus onéreux que ceux des supermarchés, c’est même souvent l’inverse. » Il met en avant la qualité et le service associés, contestant ainsi l’étiquette bobo. L’une des devises de Barbak, “manger moins, mais mieux”, prend tout son sens dans ce débat. L’entreprise encourage une réduction de la consommation de viande tout en mettant l’accent sur des produits de qualité supérieure. Cette approche offre une alternative à la quantité excessive de viande bon marché, rappelant la nécessité de repenser notre rapport à la consommation de viande.
L’étiquette persistante de bobo pour décrire les nouvelles formes de consommation responsable souligne les préjugés entourant ces initiatives. Marie exprime une perspective nuancée, reconnaissant le sens de proposer une vision renouvelée de la boucherie, mais émettant des réserves sur la communication de Barbak : « J’ai du mal à discerner une néo-boucherie d’une boucherie traditionnelle. » En mettant en avant l’existence déjà présente de la vente de produits locaux sur les marchés, Marie suggère que l’appellation “néo-boucherie” peut sembler davantage un choix marketing qu’une véritable innovation. Le défi réside donc dans la distinction entre les initiatives authentiques axées sur la qualité et le bien-manger et les stratégies commerciales capitalisant sur les tendances émergentes de la consommation responsable.
Les Barbapapa comme précurseurs
Au-delà des aventures animées qui ont marqué notre enfance, une influence écolo surprenante émane de nos héros les plus chéris. Barbapapa, apparu pour la première fois en 1970, bien avant le boom écologique actuel, incarnait déjà un mode de vie respectueux de la nature. Dans leurs aventures, Barbapapa et sa famille ont libéré des animaux en captivité, nettoyé les plages souillées par des marées noires, Enfin, lorsqu’on lui propose de résider dans un appartement “moderne” au cœur d’une HLM, Barbapapa n’hésite pas à dire “Alahup ! Barbatruc !” et choisit plutôt d’installer sa famille sur une plaine bucolique.
Cette décision illustre le refus d’adopter un mode de vie standardisé au profit d’un environnement préservé, protégé même des bulldozers. Au final, alors que Barbapapa, créé par Annette Tison et Talus Taylor, défendait la nature aux côtés de ses Barbabébés, Barbak, avec son engagement envers le bien-être animal et la qualité locale, pourrait bien s’inscrire dans une lignée où les idéaux écolos ne se limitent pas aux dessins animés, mais s’infiltrent aussi dans nos choix quotidiens de consommation.
Lili Vermard
Face à la difficulté des familles nombreuses à se nourrir : Vianney Deberdt a la solution
De nombreuses familles se battent chaque jour pour assurer les repas quotidiens de leurs proches. En raison de contraintes de budget, de plus en plus présentes à cause de l’inflation, elles se tournent majoritairement vers les grandes surfaces pour leurs achats alimentaires. Les familles nombreuses sont attirées par la commodité de ces magasins, où elles peuvent acheter en grande quantité et économiser de l’argent sur le long terme. Cependant, cette option apparemment économique peut entraîner des conséquences sur la santé à long terme, car les aliments préparés et les produits en vrac ne sont pas toujours les plus sains. De plus, la viande de supermarché, en provenance majoritairement d’élevages intensifs, représente une véritable catastrophe écologique. Toutefois, lorsqu’il est difficile de boucler les fins de mois, le choix est rapidement fait, comme l’explique Sophie, assistante maternelle rencontrée dans une grande surface lilloise : « Le principal est de nourrir ma famille, je ne peux pas me permettre d’être exigeante sur la provenance des produits. » En réponse à ce problème, Vianney Deberdt explique que la qualité offerte par Barbak peut souvent rivaliser en prix avec les supermarchés, car les clients mangent moins de viande mais de meilleure qualité. Cette évolution des habitudes de consommation permet de privilégier la qualité sur la quantité, une tendance qui devient de plus en plus populaire parmi les consommateurs et qui permet à ces familles en difficulté de manger sainement et localement.