Les Infections sexuellement transmissibles (IST) représentent un défi de santé mondial. Malgré les nombreux progrès médicaux et une connaissance plus approfondie de ce genre d’infections, la prévention des IST est une question de santé publique et reste une bataille permanente auprès des nouvelles générations comme des plus anciennes. À Lille, le Service de prévention santé rue Valmy apporte sa pierre à l’édifice dans cette lutte.
A l’entrée du service, entre fascicules et préservatifs gratuits, Guillaume et sa collègue se chargent de l’accueil. Tous deux secrétaires médico-sociaux, ils renseignent et mettent à l’aise les nouveaux venus. Guillaume ajoute que tout le personnel est présent pour soutenir les patients qui arrivent : “C’est jamais simple de venir pour faire un dépistage, donc nous on est aussi là pour les mettre à l’aise et faire qu’ils se sentent bien.” Les IST (une trentaine connues à ce jour) sont des infections très contagieuses, affectant des personnes de tous âges, sexes et milieux. Selon l’OMS, plus d’un million de personnes contractent chaque jour une infection sexuellement transmissible (IST), asymptomatique dans la majorité des cas, ce qui rend le problème moins visible aux yeux des populations. Dans ce contexte, la prévention est un des moyens les plus efficaces pour lutter contre, et ce, de différentes manières.
“Le but c’est d’être en mesure d’accueillir tout le monde”
Ce service général de prévention, financé par l’Agence Régionale de Santé des Hauts-de-France, mène plusieurs campagnes sur la prévention, avec des actions collectives comme Octobre Rose et Mois Sans Tabac. Mais un de ses champs d’action est la prévention sur la transmission des IST. Pour cela, l’équipe de ce service compte une vingtaine de personnes avec des secrétaires médico-sociaux, des médecins, des infirmier.e.s, et même des travailleurs sociaux comme des psychologues, dont un est spécialisé sur les questions sexuelles. Sa présence est une nécessité puisque les conséquences physiques, émotionnelles et sociales de ces infections sont vastes, allant de la douleur physique à la stigmatisation sociale. Les jeunes et les populations vulnérables y sont particulièrement exposées.
Le service possède une compétence départementale et propose un panel complet d’actions visant à lutter contre les IST. Il intervient beaucoup dans les foyers et les établissements scolaires qui en font la demande afin d’éduquer les jeunes sur le sujet, mais il n’a pas pour objectif de se limiter qu’aux jeunes, Guillaume, explique : “Nous, notre mission c’est vraiment d’accueillir tout le monde, à partir de 16-17 ans, le but c’est de toucher un maximum de personnes.” Le service propose des dépistages totalement gratuits, anonymes, sans ordonnance et sans avoir l’obligation de prendre rendez-vous. Pour compléter ces mesures, un suivi médical peut être effectué dans certains cas précise Guillaume : “Par exemple pour ceux qui prennent la PrEP (médicament à prendre en continu ou en discontinu pour ne pas pouvoir être contaminé par le VIH), ils ont un suivi chez nous tous les trois mois.” En ce moment, le service mène une campagne sur le papillomavirus en vaccinant de nombreuses élèves de 5e et il participera également très bientôt à la journée mondiale de lutte contre le sida qui a lieu le 1er décembre 2023. Des centres comme celui-ci sont très souvent recommandés par les professionnels de santé pour effectuer des dépistages rapides, gratuits et sans rendez-vous.
Tristan Poncet
Infos pratiques :
SERVICE PREVENTION SANTE
ADRESSE : 8 rue de Valmy – 59000 Lille
CONTACT : 03 59 73 69 60
ACCÈS : Métro : ligne 1, Station République-Beaux Arts
HORAIRES : lundi : 10h-15h15
mardi : 13h-18h15
mercredi : 10h-15h15
jeudi : 10h-18h
vendredi : 10h-15h15
Trois questions à…
Sylvie Mabriez, infirmière au collège Franklin à Lille
Comment abordez-vous les questions de confidentialité lorsqu’un élève souhaite discuter de problèmes liés à la santé sexuelle ?
« Il n’y a pas de soucis à ce niveau-là. Ils savent tous que je suis couverte par le secret médical. Donc moi je leur rappelle ce principe. Il n’y a qu’en cas de danger que je suis obligée de le signaler à un procureur de la République ou à un service social. Mais après c’est un climat de confiance qui s’installe au fil des années. Ils ont l’habitude de me voir et ils me connaissent bien, et pas que pour des questions de sexualité vu que j’interviens aussi dans d’autres cas médicaux beaucoup moins intimes. Après ça dépend de la personnalité de chaque élève. »
Pouvez-vous expliquer l’importance des pratiques sexuelles sûres et des contraceptifs dans la prévention des MST?
« On connaît tous la phrase « Sortez Couvert » donc pas de rapport sans protection ça c’est sûr. Les élèves la connaissent aussi mais le pratiquer c’est autre chose. Le jour où ça doit se faire on n’a pas tout le temps un préservatif dans la poche. Donc il faut aussi qu’on leur dise où ils peuvent en trouver. Après j’ai souvent l’impression que quand on me demande un préservatif, c’est plus pour découvrir l’objet ou amuser la galerie plutôt que pour vraiment l’utiliser. En tout cas c’est l’impression qu’ils me donnent. »
Quels conseils donneriez-vous aux parents pour discuter ouvertement de la prévention des MST avec leurs enfants adolescents?
« Aller à la bibliothèque pour emprunter des livres sur le corps, la puberté, les infections sexuelles pour après les laisser traîner dans la maison. L’enfant sera curieux et lira ces livres. Il faut essayer d’ouvrir au maximum le dialogue même si dans certaines familles c’est un sujet tabou. Il faut les informer sur leur corps, surtout chez les filles. Pas grand monde connaît la vulve contrairement au pénis qui est surreprésenté. »
Léo Sallé