Faire du neuf avec du vieux n’a jamais été aussi tendance, mais à quel prix ! Au cœur du centre commercial Les Tanneurs à Lille, une révolution textile s’est enclenchée depuis le 1er septembre dernier. Fou de Coudre a dévoilé son premier magasin dédié à l’upcycling, donnant l’occasion de découvrir l’art de donner une nouvelle vie aux vêtements délaissés des grandes marques. Parmi les couturières expertes, évoluant dans un atelier vibrant de créativité, Mounya, conseillère en insertion professionnelle chez Fou de Coudre, partage sa vision d’une mode durable et accessible à tous.
Plongez dans la révolution textile initiée par Fou de Coudre, où la créativité artistique se marie à une conscience environnementale, offrant une mode redéfinie à des prix accessibles au sein de Lille.
Émergeant comme une réponse audacieuse au rythme effréné de la fast fashion, l’upcycling prend vie parmi les rayons de la nouvelle boutique. Fou de Coudre, acteur engagé dans une démarche de développement durable depuis sept ans, ouvre les portes de son atelier dont une partie est désormais consacrée à la transformation de vêtements abandonnés. Réinventer la consommation en créant à partir de ce qui existe déjà, voilà le maître mot de l’enseigne.

Au sein de l’atelier, les couturières, véritables professionnelles de la métamorphose, opèrent une magie artistique sur les vêtements défectueux et invendus, offrant une alternative aux dérives de la fast fashion. Ce modèle de consommation éclair épuise des ressources non renouvelables pour créer des vêtements éphémères, alimentant un cycle de gaspillage insoutenable. Cependant, la mode circulaire, et son arme secrète, l’upcycling, se pose en opposition à ce statu quo destructeur. Mounya, conseillère en insertion socio-professionnelle chez Fou de Coudre, met en lumière ce principe novateur : « Décomposer le vêtement, préserver son essence, et le reconstruire. » Au sein de l’atelier, l’émergence de ce projet artistique se fait naturellement, guidé par l‘ingéniosité de Bella. La créativité de l’artiste, fusionnant avec la démarche écologique, donne naissance à une boutique exclusivement dédiée à la revalorisation des vêtements.


Mode responsable et abordable
Surgit une question cruciale : l’upcycling n’est-il pas une nouvelle stratégie pour inciter à la consommation, et qu’en est-il du coût ? L’intention louable de redonner vie aux vêtements délaissés pourrait être détournée au profit d’une tendance éphémère, exploitée par l’industrie pour susciter une nouvelle vague de surconsommation. Mounya offre un regard éclairé sur la question : « Chez nous, le prix est justifié uniquement par le travail des petites fées et celui de Bella, l’artiste. » L’essence du magasin n’est pas la recherche de profits considérables ; elle se manifeste plutôt dans la volonté de maintenir des prix raisonnables pour une consommation plus responsable. Pour Juliette, vendeuse chez Fou de Coudre, la démarche va au-delà de l’écologie, « Notre but est d’aider les personnes à se faire plaisir sans que cela soit trop compliqué financièrement. » Les prix abordables, entre 7€ et 45€, établissent un équilibre entre respect de l’environnement et accessibilité financière, offrant une alternative concrète à la fast fashion.
Cette approche novatrice ne sacrifie pas le style ni la qualité, permettant de faire d’une pierre deux coups en adoptant une mode durable tout en faisant du bien à son porte-monnaie. « L’upcycling coûte cher, je trouve que les prix sont ici très abordables et solidaires » témoigne Morgane venue faire un tour dans la boutique.
Saya Diouf
Qu’est-ce que le greenwashing ?
Apparu en 1980 aux Etats-Unis, le greenwashing est une méthode marketing consistant à communiquer auprès du public en utilisant l’argument écologique de manière trompeuse pour améliorer son image. On retrouve des traces de greenwashing parmi les plus grandes firmes du prêt-à-porter. Le numéro deux mondial H&M a été accusé en 2019 de qualifier de manière trompeuse sa nouvelle collection « Conscious », une collection selon la marque « éco-responsable ». Cependant pour de nombreuses organisations, les informations sur la collection ne spécifiaient pas suffisamment l’avantage environnemental réel de chaque vêtement. Malheureusement le greenwashing n’est que très peu puni en Europe. En effet, ni le droit français ni celui européen ne contraignent les entreprises à apporter les preuves de leurs arguments écologiques. Les seuls dispositifs mis en place, peu dissuasifs et non contraignants laissent la liberté aux grandes industries mondiales de réaliser la communication souhaitée et attirer une clientèle de plus en plus sensible au sujet écologique.
Nils Boireau