Les étudiants-tuteurs se dressent face à “l’insuccès scolaire”
Posted On 3 décembre 2023
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Ils préfèrent parler « d’insuccès scolaire » que « d’échec scolaire ». Les jeunes qui s’engagent dans le tutorat sont résolument optimistes et déterminés dans leur combat pour la solidarité. Hannah, étudiante en histoire, donne des « cours du soir » à trois enfants guinéens, à raison de quatre heures par semaine. « Quand j’arrive, ils sont contents de me voir, et surtout ils se mettent dans un cadre de travail sérieux. Je sais que si je n’étais pas là ils ne feraient rien. Ils ne font pas spécialement les activités que je leur propose d’une séance à l’autre par exemple. »
Hannah n’est pas la seule à tenter de guider ces jeunes en difficulté vers la réussite scolaire.
Abdoul est mentor à l’AFEV (Association de la Fondation Etudiante pour la Ville). Chaque
samedi après-midi, il suit un jeune durant deux heures, dans le but de « l’ouvrir à de nouveaux
horizons ». « Je suis là pour l’aider niveau méthodologie et organisation, mais je ne suis pas qu’un prof particulier. On est sur un même pied d’égalité, le but est aussi de partager des choses ensemble. » Abdoul a la satisfaction personnelle de voir son mentoré progresser tout au long de l’année scolaire. Selon lui, « c’est le fait de créer une vraie relation humaine qui permet au volontaire de combler ses lacunes ». Le combat contre l’insuccès scolaire se mène donc sur le plan pédagogique, mais aussi relationnel.
A Fives, le rôle associatif prend tout son sens. L’APSCO, l’association pour le soutien scolaire, y mène une bataille de longue haleine : un système de tutorat entre des étudiants de l’enseignement supérieur et des jeunes issus de ce quartier défavorisé existe depuis 1993. Françoise, personnel administratif à l’APSCO, décrit ce lieu comme celui « du donner et du recevoir ». Deux fois par semaine, l’association accueille des jeunes comme Mohamed, en classe de troisième, qui « n’a personne pour l’aider à la maison ». Inès, en classe de terminale, bénéficie aussi du système de tutorat depuis la cinquième. Pour elle, le plus important est le cadre de travail privilégié. « Quand on est dans des classes à 35 élèves, on a parfois honte de demander de l’aide, et les profs ne sont pas aussi disponibles que les tuteurs ici. »
A travers leur engagement, les étudiants-mentors assurent vouloir combattre les inégalités
systémiques, à leur échelle. Ils ne se rendent pas dans des quartiers favorisés, mais plutôt dans
ceux où le manque est pluriel. Hannah cherche à servir « concrètement » à « des personnes, enfants comme parents, qui cumulent les inégalités économiques, sociales, et culturelles ». Ces étudiants-tuteurs apparaissent particulièrement sensibles à l’idéal qu’est l’égalité des chances. Ils s’acharnent, persévèrent, car ils ont conscience des bienfaits de leur action pour leurs jeunes élèves. « Je veux autant qu’eux qu’ils s’en sortent », rappelle Abdoul. Alors, chaque semaine, ils reprennent les armes et poursuivent le combat.
Mathilde HUCHANT
Dans cette lutte continue face aux inégalités scolaires, l’Université de Lille tente de répondre au mieux aux besoins de ses étudiants. En raison du Covid 19, facteur aggravant les écarts de réussite scolaire, la métropole lilloise s’est penchée dernièrement sur un système « d’aide matériel » pour le bien de sa jeunesse.
Ainsi, la mise en place de « coup de pouce numérique » en 2022 a fourni un soutien conséquent aux plus démunis. Cette offre destinée aux L1 bénéficiaires d’un prêt d’ordinateur portable en 2022/2023 et poursuivant leurs cursus en 2023/2024 a été émise par l’Université de Lille. Elle entraîne un versement d’un chèque numérique de 500 euros aux 180 étudiants de L1 pour qu’ils puissent se doter de leur propre matériel informatique. C’est une vraie « plus-value» pour Samuel (étudiant en géographie), qui reconnait « ne pas pouvoir s’acheter un ordinateur portable sans cette offre de l’université ».
En lien avec cette mesure, la faculté met à disposition un formulaire en ligne pour obtenir de l’aide à la connexion https://www.univ-lille.fr/formulaire-de-demande-daide-a-la-connexion-1 . Après avoir fourni quelques documents identitaires, certains bénéficieront de nouvelles Box Internet. Chaque année, le site reçoit « plus de 150 demandes » et se retrouve parfois dans l’obligation « de refuser quelques cas », nous affirme Cindy Levallet qui gère les dossiers et les transmet à la commission FSDIE Aide Sociale.
Enfin, Régis Bordet (président de l’Université de Lille) et la direction comptent clairement redonner de l’élan aux bibliothèques universitaires. Désormais, il est possible d’emprunter une grande variété de matériel sur certains campus. A Moulins, cité scientifique et Loos, les bibliothécaires prêtent des chargeurs de téléphone, casques audio et mêmes calculatrices à condition de fournir sa carte étudiante. « Régulièrement, les jeunes viennent nous voir pour emprunter pas mal de choses. Il n’y a quasiment jamais de problème et ça fait plaisir de pouvoir les aider dans leur requête », déclare Marie, en poste à la bibliothèque universitaire de Moulins depuis 2021.
Robin MALCORPS
Noé HOUSSAY
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