Le sport comme outil de lutte contre les violences faites aux femmes
Posted On 18 décembre 2023
0
113 Views
Il est 19h30 au parc de la Citadelle à Lille, le mercure annonce 7 degrés ressenti 3 et les coureurs sont déjà nombreux à se presser vers la ligne de départ. Cette année, ils sont plus de 6000 participants pour cette course nocturne contre les violences faites aux femmes. C’est déjà la cinquième édition de cette course caritative qui motive de plus en plus de monde chaque année. C’est alors l’occasion de regrouper des militants convaincus, des défenseurs de la cause et de simples coureurs venus avant tout pour se défouler autour d’une cause commune. Elle est organisée par la ville de Lille, l’association Lille Métropole Athlétisme et Osez le féminisme 59. Même si le caractère caritatif reste important, les organisateurs insistent surtout sur la sensibilisation et la libération de la parole des victimes.
Il est 20h et le départ du 5km est lancé. Cet événement se déroule une fois la nuit tombée car “pour les femmes, c’est plus compliqué d’occuper l’espace public la nuit“, explique Marion Loizel, d’Osez le féminisme 59. Elle ajoute également « Notre but, c’est de toucher des personnes qui n’ont pas le temps de se pencher sur ces questions. Le sport permet de toucher plus de monde. » Effectivement la course est ouverte à tous, avec des parcours plus ou moins longs et la possibilité de marcher plutôt que de courir pour les moins sportifs.
Cet événement s’est tenu dans le cadre de la Journée Internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Différentes associations étaient présentes sur place pour aborder des sujets tels que les aides pour les victimes de violence, ou bien les réactions et comportements à adopter dans ce genre de situation. Étaient notamment présentes Osez le féminisme 59 (également organisateur de l’évènement) ou bien l’association NousToutes.
Salomé, 19 ans, participe à cette course caritative pour la première fois.
“Dans la vie de tous les jours je ne suis pas particulièrement engagée mais c’est quand même une cause qui me tient à cœur en tant que femme et c’est l’occasion de mêler la course et de soutenir une lutte financièrement.”
Comme elle le dit elle-même cet événement est un prétexte pour beaucoup pour faire des dons reversés aux associations. “Participer à ce genre d’événements ça sort de la routine du quotidien et ça donne l’impression de servir à quelque chose.” Elle note aussi la présence d’entreprises et d’associations venues pour participer. Effectivement les sponsors étaient invités à venir participer.
Cette course s’est accompagnée de toute une série d’actions au sein de la métropole lilloise. Le lendemain (25 novembre) l’association NousToutes organisait une “manifestation féministe contre les violences de genre, sociales et d’État”. Et la ville de Lille a mené une campagne de sensibilisation sur les violences dans l’espace public, notamment dans le métro.
A l’arrivée les coureurs sont trempés, ils ont froid et sont fatigués. Mais malgré la météo lilloise capricieuse ils sont surtout fiers d’eux, de leur performance sportive et ont tous l’impression d’avoir participé à un événement qui avait du sens et qui était utile.
Pouvez-vous vous présenter ainsi que l’association ?
Les Marianne du Nord a été créé en 2011, donc nous fêtons bientôt nos 12 ans. Notre premier objectif est de militer pour l’égalité femmes/hommes et filles/garçons. Avec le temps, nous nous sommes aussi intéressés aux autres inégalités et discriminations qui peuvent entraîner des violences, donc notre lutte est multiple. Nous intervenons dans des établissements scolaires pour former et informer les jeunes sur leurs droits et sur l’égalité des sexes.
Est-ce que vous pensez que le sport, comme la course du 24 novembre, peut jouer un rôle dans la lutte contre les violences faites aux femmes ?
Nous étions 3 militantes de l’association à la course ce 24. La course prend de l’importance et c’est bien qu’on puisse mettre un tel coup de projecteur sur ce fléau de la société.
D’abord, je pense que c’est important que les femmes et les filles aient accès à tous les genres de sport : on n’est plus sur les filles et la danse et les garçons et le foot. D’ailleurs, nous menons aussi des actions en lien avec l’équipe de rugby féminine de Villeneuve d’Ascq. Le sport c’est aussi une manière de se reconstruire pour les femmes victimes de violence. On le voit par exemple pendant les Jeux Paralympiques, pour les personnes porteurs de handicap c’est une forme de résilience.
Il s’agit pour les femmes de se réconcilier avec leurs corps mais aussi d’entrer en relation avec d’autres personnes, briser l’isolement que cette violence a pu créer. Le sport permet de retrouver sa place dans la société.
Milane Guillemet–Renaud
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.
pour plus d'infos