La Maison des parents : un dispositif d’accompagnement et d’écoute autour de la parentalité
« Les parents peuvent venir ici avec un sac émotionnel à vider, il faut pouvoir se mettre au diapason de chacun. » Comme Aline, à travers ce dispositif, ils sont huit professionnels à accueillir depuis maintenant 3 ans toute personne en situation de parentalité (futurs parents, parents, beaux-parents, grands-parents) ayant des inquiétudes, questionnements ou encore le simple besoin d’échanger sur cette thématique.
C’est dans l’ancien bâtiment de la banque Joire Pajot Martin de Tourcoing que s’établit la Maison des Parents, où d’imposantes colonnes marbrées s’élèvent au milieu d’un décor végétal inspirant calme et légèreté. Aline s’est sentie très concernée « par le fait de pouvoir venir en soutien à des personnes qui vont être parents, qui réfléchissent à être parents ou qui sont déjà parents ». Elle établit le constat suivant : « être parent, ce n’est pas facile, on le sait, il n’y a pas de mode d’emploi de la parentalité, il n’y a pas de parents parfaits ». Dans une société ayant de fortes exigences vis-à-vis de ces derniers, au point d’imposer une certaine pression sociale (https://www.cairn.info/revue-devenir-2009-1-page-31.htm), là tient le rôle des intervenants de la Maison des Parents : ouvrir leur panel professionnel dans le soutien à ces mères et pères.
Une parentalité qui par ailleurs, de nos jours, n’est pas assez accompagnée, écoutée. Les gens s’entendent mais ne s’écoutent plus. Se poser, discuter, débattre, ces mots-là ne se prêtent plus au quotidien hâtif des personnes. Ainsi, le dispositif de la Maison des Parents souhaite répondre à ce problème à son échelle en proposant divers ateliers : des ateliers parents-enfants ; des ateliers parents ; des groupes de paroles, des rencontres personnalisées. De cette façon, était organisé le mardi 28 novembre dernier un atelier autour de la médiation des conflits et les comportements à adopter. (Voir vidéo)
Un espace de ressources
La règle ici est d’avoir continuellement un professionnel disponible afin d’accueillir la personne. « On considère qu’une personne qui se trouve dans une situation particulière, qui se mobilise suffisamment pour pouvoir venir vers nous, nous appeler, elle doit avoir un accueil immédiat, c’est très important pour nous », explique Aline. L’objectif premier de ce dispositif est d’établir un climat de confiance : « Tout ce qui se dit ici reste ici.” Il couvre l’entièreté de la métropole Tourcoing-Roubaix, soit un total de 23 communes pour un demi-million d’habitants. Au total, ce sont 4 Maisons des Parents sur le département du Nord qui ont vu le jour (Roubaix-Tourcoing, Douai, Caudry, Valenciennes), afin de créer des lieux dits « ressources, en première ligne de la prévention précoce », explique Aline.
Une question de temps
« Il n’y a pas de solution toute faite, les difficultés des uns peuvent ne pas en être pour d’autres, les solutions des uns ne vont pas être les meilleures solutions pour d’autres », insiste Aline. A partir du moment où est laissé à la personne un temps de parole et d’écoute pour pouvoir vider son sac émotionnel, cela va permettre de voir plus clair, de savoir vers quoi aller, de pouvoir relâcher la pression et d’avoir une attitude plus adaptée à la situation. « Souvent les personnes partent en nous disant, merci, vous m’avez vraiment aidé. Mais la seule aide qu’on a proposée, c’était tout simplement de l’écoute. »
Une interconnexion entre partenaires indispensable
« La parentalité est un mot qui couvre énormément de domaines, c’est pourquoi nous avons cette mission de faire du lien, un maillage au niveau du territoire », souligne Aline. Il s’avère parfois que la Maison des Parents ne peut pas avoir la réponse adaptée à la situation de la personne. Ainsi, au lieu de la renvoyer chez elle, le dispositif sert de relais pour d’autres professionnels du territoire. La volonté ici est de favoriser les échanges entre à la fois des partenaires de la société civile comme les associations, et les collectivités locales, de façon à coopérer et établir un réseau de partenariats efficace.
Mathieu Feenin
La famille ou le reflet de la société
Familles recomposées, monoparentales, homosexuelles. Autant de modèles familiaux en plein essor qui montrent l’évolution progressiste de notre société. En 1975, la légalisation du divorce et de l’avortement ouvre la voie vers l’autonomie individuelle. La notion de liberté de choisir son destin devient centrale. Tout comme celle de l’égalité entre les individus. La volonté d’égalité entre les femmes et les hommes permet désormais à chacun (et notamment les femmes) de s’émanciper et In fine pouvoir élever seul son enfant.
La légalisation du mariage pour tous en 2013 est le symbole du changement des mentalités et casse définitivement le modèle traditionnel de la famille hétérosexuelle. Désormais, l’épanouissement de l’individu est primordial, il ne se définit moins comme membre d’une famille, mais davantage comme relativement autonomes. L’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes célibataires (depuis 1994) accroît cette volonté de choix où chacun peut fonder une famille, sa famille.
Une ligne rouge
Les avancées médicales permettent aujourd’hui de déceler une maladie prématurément à l’embryon. Ces dernières ont permis aussi la création de la PMA, finalité heureuse d’un parcours du combattant pour certaines familles. Mais qu’en est -il dans le cadre d’une PMA si plus tard, on pourrait choisir l’embryon qui deviendrait un être aussi intelligent, attirant et athlétique que possible ? La volonté de tout contrôler des individus a-t-elle une limite éthique ?
Eva Claudel