Végétalisation des cours d’école : donner le champ libre aux enfants
À Lomme, la mairie a décidé de végétaliser ses cours d’école afin de créer des espaces de nature, ombragés et pédagogiques pour les élèves. L’implication des enfants dans ce projet permet de répondre à leurs besoins spécifiques et de leur montrer le processus de transformation de leur cour de récréation, tout en les sensibilisant à l’environnement.
À travers le grillage de l’école élémentaire Voltaire – Sévigné à Lomme, on aperçoit bien le goudron qui recouvre le sol de la cour de récréation. Mais pour les trois cents élèves scolarisés ici, le macadam qui constitue leur terrain de jeu va bientôt céder sa place à la végétation. Le projet de végétalisation est porté par le maire de Lomme, Olivier Caremelle, qui, dans le cadre de sa politique de transition, a l’ambition de reverdir les quinze écoles de la ville à raison de deux projets par an. Bien qu’une concertation avec le corps enseignant et administratif de l’école, le pôle enfance et éducation de la mairie et l’association de parents d’élèves (APE) ait eu lieu, c’est avant tout les élèves qui ont eu leur mot à dire lors de la réflexion autour des espaces à aménager. Clémentine Delval, architecte et cofondatrice de la société coopérative Récréations Urbaines, qui implique les enfants dans les processus d’aménagement des espaces urbains de la Métropole lilloise, a observé l’importance qu’apporte la parole des élèves dans la réflexion autour de la végétalisation. Ainsi, les enfants « voient que ce qu’ils ont imaginé est pris en compte et sera construit ». De plus, le programme permet « de comprendre comment faire un projet ensemble et d’apprendre à se mettre à la place des autres ».
« Répondre aux besoins de tous les temps de l’enfant »
À l’école Voltaire-Sévigné, ce sont les élèves de CE2 qui ont été choisis pour représenter les envies des dix-huit classes de la maternelle à la primaire. Ils ont réfléchi à l’instauration de coins détentes via des espaces ombragés et des bancs, ainsi que des coins loisirs, articulés autour de structures de jeux. Loïc Henry, chargé des projets éducatifs transversaux à la mairie de Lomme, explique : « La cour va être aménagée pour répondre aux besoins de tous les temps de l’enfant. » Ce projet de « Cour à Vivre » s’articule autour d’une volonté de répondre aux demandes des enfants en les impliquant dans la réflexion menée. Comme le souligne Philippe Martin, directeur de l’école, « c’est une source de motivation et de coopération entre les enfants ». À l’instar de la végétalisation de sa cour, l’école a mis en place depuis plusieurs années différents ateliers de sensibilisation à la nature pour les élèves. Que ce soit à travers des visites à la ferme pédagogique, la création d’un potager ou le ramassage des déchets, l’attention des enfants est portée vers la découverte et la préservation de l’environnement.
Sensibiliser les acteurs de demain
Alors que la population de Lomme est plutôt citadine, la végétalisation de la cour de récréation est une nouvelle opportunité pour les élèves d’avoir accès à la nature. Cela permet aux enfants de passer du temps dans des espaces végétalisés afin de prendre conscience de la biodiversité qui la compose. Selon Clémentine Delval, « plus les enfants seront en contact avec la nature et le vivant, plus ils auront envie d’en prendre soin ». Ainsi, la végétalisation des cours d’école permet, entre autres, de sensibiliser les acteurs de demain : « Cette approche de la nature, c’est aussi leur inculquer le respect de l’environnement, une façon de leur dire que c’est ça l’avenir. Donc on met l’avenir dans l’école-même, de façon à ce que ça donne du sens », selon Philippe Martin. De plus pour M. Henry, la végétalisation de la cour d’école permettra « d’étudier la faune et la flore de façon différente en créant une certaine biodiversité au sein de l’école afin de faire intervenir des associations ».
Néanmoins, ces espaces de végétation au sein des établissements sont des zones où la nature reste confinée dans des espaces délimités et régulièrement tondus ou taillés, entraînant par exemple la destruction des plantes qui servent d’habitation et de nourriture aux petits animaux. Un équilibre reste à trouver entre un accès facilité aux espaces de nature pour les enfants et des espaces où le sol reste vierge de toute activité humaine pour permettre à la biodiversité de se développer sans contraintes.
Louise BASSON
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Apporter du bien-être aux enfants, tel est le but de la création d’une cour à vivre végétalisée en 2024 à l’école Voltaire-Sévigné de Lomme.
Aujourd’hui, les études qui s’intéressent à l’impact d’un environnement naturel sur la santé des enfants montrent une réduction de l’anxiété, ainsi qu’une augmentation de l’attention. Alors que de plus en plus d’enfants souffrent de déficiences psychiques et motrices, à Voltaire-Sévigné, des parcours de motricité en pleine nature sont planifiés pour apaiser ces problématiques. Le principe d’amnésie générationnelle environnementale se confirme avec le temps. Les nouvelles générations ont du mal à défendre quelque chose qu’elles n’ont pas connu, ici des cours d’écoles végétalisées.
À Voltaire-Sévigné, la “forêt interdite”, comme l’appelle les enfants, est une source de frustration. Ce seul pan de vert borde la cour mais reste impraticable car mal élagué. D’après une enquête de l’Institut de Veille Sanitaire en 2016, quatre enfants sur dix ne jouent jamais dehors. Or, lorsqu’ils souhaitent s’y rendre en temps scolaire, le seul espace boisé leur est refusé par manque de sécurité.
Pour le directeur de l’école, Philippe Martin, les espaces extérieurs doivent correspondre aux attentes des enfants. La première approche s’est faite entre septembre et janvier, en les laissant créer “des projets fous” pour activer l’imaginaire nécessaire à leur bon développement psychique. Après cette concertation entre enfants, les encadrants classent ce qui peut être réalisable. Le but est de rendre la cour agréable car “une cour minérale, ça fait prison, ce n’est pas attractif“, d’après Loïc Henry, chargé des projets éducatifs à la Mairie de Lomme. Le problème s’accroît pendant les périodes de chaleur avec le manque de zones de fraîcheur. L’omniprésence du goudron reflète la chaleur et engendre une démotivation voire un énervement chez les enfants.
Eve ORDOQUI