Une garde-robe verte grâce aux réseaux sociaux

by Gabrielle Martin-Cayol
À l’ère de la surconsommation et de la fast fashion, est-il encore possible d’allier mode et engagement écologique ? Rencontre avec l’influenceuse Rosa Bohneur et la friperie Slowmod, deux références lilloises de la slow fashion.

Tess Ryfas, ou Rosa Bohneur sur les réseaux sociaux, influenceuse aux plus de 80k abonnés, a radicalement changé son mode de vie après une soudaine prise de conscience de la situation climatique, durant le confinement. Ancienne « addicte du shopping », elle reconnaît : « Je me suis rendu compte que ma consommation pouvait poser problème. » Dès lors, elle s’est lancé le défi de changer ses habitudes, et de se tourner vers une garde-robe verte et éthique.

Son fil conducteur, l’éveil des consciences

À travers son contenu, son objectif est avant tout de transmettre des valeurs, de conscientiser sa communauté. Sur Instagram, YouTube ou Tik Tok, elle partage à ses abonnés ses solutions pour s’adapter au caractère éphémère des modes et propose des alternatives à la fast fashion. Alliant passion et raison, elle reproduit les trends des réseaux en chinant des vêtements de seconde main ou en recyclant des vêtements. Elle met aussi en avant les friperies et valorise les petits créateurs et les marques respectueuses de l’environnement. Plutôt que de condamner les pratiques de surconsommation, elle prône l’équilibre. « Le but n’est pas d’être intransigeant, mais de réfléchir plus intelligemment. »

Très transparente sur ses actions, elle confie qu’il lui est difficile financièrement de consommer uniquement des marques françaises ou éthiques. Si l’influenceuse partage son engagement sur les réseaux sociaux, elle ne souhaite pas s’afficher en égérie du militantisme écologique. Elle avoue que c’est un rôle lourd à porter, nécessitant une attitude « trop » irréprochable. Son fil conducteur, c’est « d’éveiller les consciences ».

La seconde main sur les réseaux

La mise en valeur de la seconde main par cette nouvelle forme de militantisme écologique en ligne offre une publicité bienvenue aux friperies. Selon Justine Thiriez, créatrice de la friperie lilloise Slowmod, « les influenceuses ont aujourd’hui une responsabilité », un rôle à jouer dans la sensibilisation à l’écologie. Citée régulièrement par les influenceuses locales, la friperie ouverte en 2019 attribue aux réseaux sociaux environ 5% de sa clientèle. Un public jeune, branché et surtout féminin, attiré par le nouveau « glamour » de la seconde main.

Cette visibilité a « revalorisé l’image des friperies », affirme l’entrepreneuse, dont la devise est de
sublimer la seconde main. Dès l’ouverture de sa boutique elle a elle-même lancé un compte
Instagram de la boutique, qui compte près de 12k abonnés. Elle souligne néanmoins que le message à transmettre aujourd’hui reste celui de l’équilibre, pour éviter un transfert de la surconsommation vers les friperies.

Hannah Marie

Photos Le Châtillon

Justine Thiriez, créatrice de la friperie Slowmod
Justine Thiriez, créatrice de la friperie Slowmod

Édito : les influenceurs écolos, une stratégie hypocrite ?

Une part croissante d’influenceurs usent de leur notoriété pour convaincre leurs abonnés de suivre des démarches plus écologiques. Entre valorisation de la seconde main ou du véganisme : les réseaux sociaux voient émerger des conseils pour mieux consommer.

Mais ne serait-ce pas un simple effet de mode stratégique ? S’approprier l’écologie s’érigerait en « tendance » afin de se construire une bonne image, à l’opposé du cliché de l’influenceur-pollueur. Une image verte en apparence, mais en réalité parfois illusoire. Certaines personnalités du web qui vantent les bienfaits de la seconde main réalisent en parallèle des partenariats avec des grandes marques leader de la fast-fashion. La justification apportée est souvent celle du « mieux vaut s’engager un petit peu que de ne rien faire du tout », mais n’est-ce pas trop contradictoire ?

Cette « green influence » pose parallèlement le problème d’une surconsommation de la seconde main. La consommation, malgré qu’elle soit plus durable, est toujours fortement encouragée. Les bas prix dans les friperies, ainsi que l’engouement autour de celles-ci promeut par les réseaux sociaux, incitent à consommer davantage. Vinted, pratiquant des partenariats avec plusieurs influenceurs français, est l’archétype de cette surconsommation de la seconde main, en la rendant accessible depuis une application mobile.

Ce qui est tout de même à souligner c’est l’incidence que les influenceurs exercent sur le milieu, s’influençant entre eux. La partie des créateurs de contenus exprimant une démarche écologique crée progressivement un cadre où il devient mal vu de surconsommer dans ce contexte d’urgence climatique.

Juliette Lhermitte 

L'influence, vitrine de la seconde main

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