Le 16 janvier 2024, Emmanuel Macron participait à une conférence de presse fleuve. Dans son discours, retour sur les événements importants de son mandat, des crises et conflits actuels, des réponses à des questions concernant des sujets divers et variés… Cependant, lors de cette prise de parole le Président a fait polémique en faisant appel à un « réarmement démographique », pour répondre à la baisse de natalité en France depuis 2022. Une rhétorique mal reçue par la population et certains partis.
La baisse de natalité en France ne relèverait donc plus de l’intime mais d’un enjeu national, selon les termes du Président. La politique intervient dans l’intimité lorsque celle-ci l’entrave dans un sens. Selon Thomas, professeur universitaire en licence d’histoire : “Le fait d’employer un lexique si rude dans un tel contexte laisse penser à une politique de guerre.” Une politique conservatrice où la productivité prime sur le bien-être et où le corps, instrumentalisé, est offert à l’État. Cette politique est le symbole d’un État peu soucieux des crises sociales et environnementales. Selon l’INED, la population mondiale pourrait atteindre 11 milliards d’habitants en 2100. L’explosion démographique lors des dernières décennies, expliquée par un développement ultra-rapide des économies, apporte plus de mal que de bien aux sociétés.
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L’exploitation des énergies fossiles durant les 25 dernières années a accéléré le développement des sociétés à l’échelle mondiale, et cette augmentation rapide de la population a mené à une exploitation encore plus intense, et donc plus polluante. Les multinationales sont celles qui participent à ce processus, et les populations s’adaptent à la production ; ce qui explique cette explosion démographique depuis le XXe siècle.
Carte interactive de TheGuardian: https://www.theguardian.com/environment/interactive/2013/nov/20/which-fossil-fuel-companies-responsible-climate-change-interactive
Donc l’État qui encourage une démographie croissante est un État qui participe à l’augmentation des régimes de productions. Le débat de la relation entre la démographie, l’environnement et la politique est complexe ; la vraie question est : qui est responsable ?
Concernant la natalité, encourager ou freiner ?
Selon Denis Garnier, président de l’association Démographie Responsable, la décroissance de la population en France n’est « pas inquiétante et devrait être encouragée ». Les politiques de régulation de la population sont essentielles pour le futur, et la démographie « n’est pas d’ordre naturel mais d’une responsabilité des États ». À l’échelle mondiale, « La décroissance est la seule voie d’avenir pour l’humanité ».
Les solutions concernant la démographie ne doivent pas être réfléchies uniquement en rapport avec l’économie et le développement, mais aussi avec l’environnement et les contextes sociaux propres à chaque pays. La rhétorique d’Emmanuel Macron rappelle une société où l’émancipation de la femme n’est pas acquise, et inquiète. La natalité doit relever de choix personnels, et non d’une autorité cherchant à nourrir ses intérêts.
Une décroissance est évidente
Bien que la natalité relève de prises en charges gouvernementales, telles que l’accès aux moyens contraceptifs et l’éducation par exemple ; l’ordre naturel reprend le dessus lorsque les conditions sociales et environnementales limitent une croissance.
Aurélien Floret
Diagramme du taux de fécondité de 1990 à 2020 | Pol Blanchar
Chute de la démographie : à la rencontre des principaux concernés
Ysaline Defour
Sondage de l’IFOP | Pol Blanchard
Billet sur :
Faire ou ne pas faire, telle est la question ?
Les conflits actuels ont un impact significatif sur la natalité et la croissance démographique. Ces conflits, qu’ils soient de nature politique, ethnique, religieuse ou économique, entraînent souvent des conséquences dévastatrices sur les populations civiles, y compris sur leurs capacités à fonder et à élever des familles.
Dans ces zones de guerre, du Donbass (Ukraine) jusqu’à la bande Gaza, les conditions de vie ne permettent pas aux familles de pouvoir subvenir aux besoins des leurs. De plus, les conflits peuvent entraîner des déplacements massifs de population, que ce soit à l’intérieur des frontières nationales ou à l’étranger en tant que réfugiés. Ces déménagements forcés peuvent perturber les réseaux familiaux et sociaux, et exposent les personnes déplacées à des risques accrus de violence, d’exploitation et de maladies.
Dans ce contexte de crise, la question de la natalité est souvent reléguée au second plan. Les familles confrontées à des conditions de vie extrêmement difficiles peuvent retarder ou limiter leur désir d’avoir des enfants, par crainte de ne pas pouvoir subvenir à leurs besoins ou de ne pas pouvoir leur offrir un avenir sûr et stable. En fin de compte, les différends géopolitiques ont un impact profond sur la croissance démographique d’une région, d’un pays, d’un contient. Alors évidemment, il existe une réflexion sur le fait de faire des enfants.
Marius Grébot