Les comédies romantiques, des clichés engagés
Posted On 30 mars 2024
0
114 Views
Imaginez Jack et Rose sur le pont du Titanic se regardant droit dans les yeux. En dépassant l’évidence du premier coup d’œil, la grande histoire d’amour, d’autres thèmes sont abordés tels que l’inégalité des classes sociales et le progrès scientifique.
En exposant les sujets de société à l’écran, les tabous se dissolvent. Pour certaines personnes, il s’agit de se défaire d’un poids mental, lorsque ces sujets les concernent. Elles comprennent qu’elles peuvent en parler et ne pas se sentir disparates. Les comédies romantiques s’affirment alors comme moyen politique de construire une société plus apaisée mentalement.
Incarner la pluralité des voies féministes
Le féminisme est un sujet qui revient fréquemment dans les intrigues de rom-com. Le couple moderne apparaît comme bonus pour beaucoup de femmes, qui privilégient leur carrière professionnelle et leur accomplissement personnel. En y regardant de plus près, des comédies romantiques phares se révèlent être engagées. Clémence-Madeleine Perdrillat donne l’exemple de Sex and the City qui aborde la question de l’accessibilité aux postes à haute responsabilité aux femmes. Les quatre protagonistes sont des femmes et ont toutes des carrières importantes. De l’avocate à la journaliste, elles n’ont aucun mal à s’assumer à une période où les femmes sont vues comme incapables d’accomplir de grandes choses sans l’aide d’un homme. Miranda dans Sex and the City prouve ainsi le contraire en s’achetant un appartement luxueux en plein cœur de New York.
« Les séries aujourd’hui sont de plus en plus diversifiées » en termes de problématiques abordées « et on en fait moins un sujet », comme le précise Marianne. L’exemple par excellence d’après Shirine Boutella est la série Sex Education, où l’éducation sexuelle et l’attachement aux autres sont centrales dans l’intrigue, grâce au personnage principal qui fonde un cabinet de consultation clandestin dans son lycée. La morale de cette série est l’importance d’aborder tous les sujets sociétaux pour le bien-être de tous, libérer les thèmes sur lesquels chacun s’auto-censure par peur du jugement. Sex Education prouve aussi que la libération de la parole permet de remasculiniser des sujets jugés trop féminins : les sentiments et émotions. « Quand tout le monde exposera ses fragilités le monde ira mieux », leçon à retenir de Marianne Levy. Le septième art incarne un modèle moral et d’action à suivre, en montrant des personnages qui s’assument le public peut prendre confiance et s’affirmer de la même manière.
Photos: Naëlysa Boubtita
« Les rom-com c’est le reflet de notre société »
Le genre rom-com a été inventé pendant la censure. Jusqu’en 1982, l’État avait le monopole de diffusion dans le secteur audiovisuel. Les scénarios étaient scrutés pour qu’ils ne véhiculent pas d’idées politiques contradictoires au régime. L’implicite à l’écran s’est ainsi complexifié pour aller à l’encontre de cette censure. Le militantisme se fait par l’humour allié à l’amour. Par ailleurs, la complexité de la société se ressent aussi derrière l’écran avec une intersectionnalité bousculée. Les « auteurs issus de la diversité sont aussi importants » pour apporter des dimensions nouvelles aux scénarios, en partant de leur expérience personnelle. L’intégration des minorités dans les comédies romantiques d’aujourd’hui prouve à quel point leur existence était niée dans le septième art jusqu’à présent.
La comédie romantique reste un genre méprisé mais qui secrètement plaît. Ce genre cinématographique nous encourage à prêter attention à chaque détail qui a été minutieusement réfléchi en amont pour comprendre les morales cachées.
Eve Ordoqui
En 2019, les chercheurs du INJEP affirmaient que « les 18-30 ans avaient tendance à pratiquer plus d’activités culturelles et artistiques que leurs aînés. Les ordinateurs et smartphones rendent possible la transition rapide entre différentes activités (photographie, films, lecture, écriture…), voire, la multi-activité ». Malgré le fait qu’elle semble aux antipodes des nombreux clichés de la génération Z, cette étude démontre donc que la numérisation de notre société n’est pas forcément un frein à l’accès à la culture. Néanmoins, force est de constater que pour un jeune sur deux le coût des activités culturelles représente un réel obstacle.
C’est pourquoi, la même année, le chef de l’État lançait le « pass Culture ». Son but étant de favoriser le développement des pratiques artistiques de la jeunesse par le biais d’un portefeuille de 300€ accessible à sa majorité. Ainsi, pour de nombreux jeunes, ce dispositif permet d’accéder à une palette culturelle sans prendre de risques financiers. Entre musées, librairies, cinéma ou encore festival : les domaines culturels concernés sont pluriels et hétéroclites.
En cinq ans, le pass a su s’imposer comme une référence pour la jeunesse. Au total, ils sont près de 3,3 millions à s’être inscrits sur la plateforme. Une étude du CSA a établi que 93 % des jeunes de 15 à 19 ans connaissent le pass Culture et que trois quarts d’entre eux l’utilisent. Un succès qui a permis de redynamiser plusieurs secteurs, librairies et cinémas en tête. Les festivals suivent également la dynamique de près : l’été dernier, 250 000 places ont été vendues.
Un pass qui profite à tous en représentant « une formidable opportunité de réinvention de l’offre culturelle française » a affirmé la ministre de la Culture en début d’année.
*Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire
Nanihi Broséus
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.
pour plus d'infos