“Adaptation et Collaboration : Les Graphistes Face à l’Avènement des Intelligences Artificielles”
A l’ère numérique, les intelligences artificielles sont omniprésentes. De la création de texte, dialogue et même d’image, de nombreux domaines professionnels sont en phase de transformation via les IA, notamment celui du graphisme.
Après l’annonce de son prochain projet en octobre dernier, Kosei un beatmaker français reçoit sur les réseaux de nombreux messages de mécontentement ou des critiques parfois virulentes, la raison ? La cover de son projet a été réalisée par une intelligence artificielle et non un graphiste ou un photographe qualifié. L’indignation générale envers Kosei montre l’attachement aux méthodes graphiques traditionnelles et encore plus dans un milieu artistique comme la musique.
IA et entreprises
Désormais, les intelligences artificielles comme Mid Journey ou DAll-E sont utilisées pour réaliser des bannières, des logos, des affiches et des images à partir d’une courte description. Elles sont capables de produire un travail de grande qualité en un temps record. De plus, les particuliers ou petits artistes comme Kosei ne sont pas les seuls à les utiliser, de grandes entreprises n’hésitent pas à en faire de même. C’est le cas d’Undiz, géant du prêt à porter féminin en France qui à fait appel à l’IA Mid Journey pour réaliser des affiches publicitaires. Les mannequins, décors et effets présents sur l’affiche sont tous générés par l’IA et seuls les maillots de bain sont bien réels.
Un outil complémentaire
Ces capacités et leur utilisation par les entreprises peuvent remettre en question la nécessité du travail manuel des graphistes, suscitant ainsi des inquiétudes quant à l’avenir de la profession. Mais si elles peuvent à première vue représenter un danger pour le métier de graphiste, elles peuvent aussi se voir comme des outils pouvant améliorer leurs capacités de travail. J’ai eu la chance d’échanger avec Axel Schafer étudiant en 3e année d’animation 3D à l’école Brassard sur ce sujet.
“Au début l’arrivée des intelligences artificielles a fait peur à tout le monde mais maintenant je vois plus ça comme un outil qui me permet de travailler, d’aller plus vite sur certaines tâches, c’est un gain de temps énorme par exemple sur de la retouche.” En effet , les IA sont désormais utilisées par un grand nombre de personnes travaillant dans le graphisme pour réaliser des retouches ou pour la phase de pré-production : “A la place d’avoir des petits croquis, on peut générer des images plus poussées à présenter aux clients mais cela reste du gain de temps.”
Mais pour répondre à une demande très précise, il reste toujours nécessaire de passer par des graphistes spécialisés dans la création avec l’assistance de l’intelligence artificielle, comme l’explique Axel : “Quand il y a une demande client, il y a toujours besoin de l’intervention de quelqu’un de spécialisé dans le milieu.” En effet, impossible pour un particulier d’obtenir un résultat très poussé même avec l’aide d’une IA . C’est d’ailleurs le cas de Kosei qui a engagé un graphiste spécialisé en IA pour réaliser sa cover ( @AI-SAm) .
Une créativité nécessaire
“Quoi qu’il se passe la créativité humaine sera toujours présente et nécessaire (…) une IA ne peut pas créer un style graphique. En outre les IA sont dans l’incapacité de reproduire la créativité et le style uniques des humains, bien qu’elle puisse servir d’inspiration et de soutien, leurs capacités à créer des œuvres originales restent limitées. Ainsi, on semble se diriger vers un monde de collaboration entre graphiste et IA , la créativité humaine sera toujours nécessaire et pourra toujours créer indépendamment de tout autres facteurs a contrario des IA.
Félix Lafuma
Zoom sur... la semaine en 4 jours grâce à l'IA ?
Pour certains, l’intelligence artificielle (IA) est aussi brillante que dévastatrice. Le progrès technique qu’elle engendre permet à grand nombre de travailleurs de s’acquitter de leurs tâches à la fois plus rapidement et plus efficacement. Néanmoins, l’IA est régulièrement évoquée comme nocive car créatrice d’un fort chômage. L’IA remplacerait peu à peu nos emplois.
Il y a pourtant une tout autre manière de considérer l’IA. Si celle-ci permet aux travailleurs de gagner en efficacité, elle pourrait également diminuer leur temps de travail. C’est d’ailleurs ce qu’a réalisé le groupe de réflexion Autonomy, qui affirme que l’intégration de l’IA dans le travail pourrait permettre de travailler moins pour un salaire égal. Une pensée qui semble partagée par Christopher Pissarides, professeur à la London School of Economics et lauréat du prix Nobel d’économie en 2010, qui parle de ChatGPT comme de la clé qui permettrait le basculement vers la semaine de quatre jours, selon le média Pressecitron. Plusieurs entreprises à travers le monde, dont plusieurs centaines en France, ont déjà instauré la semaine de quatre jours. Cette baisse du temps de travail, l’IA pourrait en être à l’origine. Toujours selon l’étude d’Autonomy, grâce à l’IA, la productivité de l’entreprise pourrait rester la même, voire même augmenter, ce qui engendrerait des bénéfices équivalents et permettrait ainsi de ne pas impacter négativement la rémunération des salariés, tout en leur accordant un jour de repos supplémentaire. Un dispositif qui semble également favorable à la santé mentale puisque, dans les entreprises ayant testé ce dispositif, en plus d’une qualité de travail supérieure, se font remarquer une baisse du stress et un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
Pour le moment, ce dispositif se fait rare en France et le Premier ministre, Gabriel Attal, semble davantage ouvert à la semaine en quatre jours, c’est-à-dire à temps de travail hebdomadaire identique (35h), soit 8 heures et 45 minutes par jour de travail, sans compter la pause déjeuner et les temps de transports.
Océane Arnaud