Aller au Repair café pour alléger ses dépenses et s’autonomiser
Tous les troisièmes mardi du mois et sur inscription, des bénévoles aident des bénéficiaires à réparer leurs objets en panne ou cassés au centre social La Busette. Le Repair Café de Lille-centre est ainsi devenu en dix ans un espace pour développer sa débrouillardise et faire des économies dans un monde consumériste qui vante les mérites du « disponible immédiatement ».
Ce mardi soir, les personnes présentes au Repair Café de Lille-centre parlent surtout d’autonomie, de capacité de faire soi-même et d’économies. Face aux injonctions publicitaires à la surconsommation et aux perpétuelles nouveautés qui n’apportent rien de nouveau, on préfère ici prendre son temps pour s’affairer autour de son four, appareil à raclette ou ordinateur pour bricoler ensemble, ou du moins pour essayer.
« Comprendre les appareils qu’on utilise »
Un Repair Café, c’est surtout un lieu et un événement pour apprendre à réparer ses objets défaillants avec l’aide de bénévoles. Le but n’est ni d’être un SAV ni de remplacer un réparateur professionnel. C’est plutôt de remarquer qu’on peut faire les choses par nous-même. « Les gens restent là et ils réparent avec nous. S’ils réparent par eux-mêmes, c’est encore mieux. » D’après Christophe Goddon, animateur du Repair Café de Lille-centre et du collectif régional des Repair Cafés, l’objectif est surtout pédagogique puisqu’il s’agit de permettre à tou.te.s de comprendre les objets de notre quotidien avant de les jeter. « Souvent ils viennent mais c’est juste un tuyau à déboucher, un filtre à nettoyer. C’est de l’entretien en fait. » Il s’agit de prendre son temps pour résister contre les incitations à l’achat immédiat des magasins qui glorifient le « n’attendez plus ». Un appareil réparé, le deuxième n’est pas à acheter : offre valable sans conditions de revenus.
Les Repair Cafés ont essayé de rendre accessible le bricolage en proposant du matériel et les compétences de bénévoles de manière gratuite. Provenant d’Amsterdam, ces ateliers se sont dispersés dans toute la France et notamment la région Hauts-de-France, qui est alors devenue la plus importante dans le domaine, avec 190 ateliers, dont onze sur Lille.
Prendre de son temps pour ne pas prendre de son argent
À Lille-centre, on s’occupe principalement de l’informatique, de la couture et du petit électroménager pour éviter de faire concurrence aux réparateurs professionnels chargés des gros appareils. S’il est vrai que l’on ne peut pas tout réparer dans un Repair Café, que ce soit par manque de pièces, de temps ou de capacité, on ressort au minimum avec un diagnostic pour savoir s’il est possible de faire quelque chose ou non. Le tout est de sortir de la facilité du jetable. Selon Suzanne, bénéficiaire venue réparer son ordinateur, il s’agit d’apprendre un savoir-faire pratique et critique puisqu’il vaut mieux « comprendre les appareils qu’on utilise […] et ne pas acheter sans cesse les dernières nouveautés en électroménager dont on n’a pas vraiment besoin ». D’une certaine manière, c’est chercher à s’imposer face à un électroménager devenant encombrant et qui arrive à créer des besoins auxquels on n’avait pas pensé avant d’en voir la pub.
Lucie GRIVEAU
En savoir plus… le label QualiRépar, une manière de rendre la réparation attractive ?
Inscrit dans la loi anti-gaspillage et économie circulaire (AGEC) en 2020, le bonus réparation et le label QualiRépar sont entrés en vigueur en 2022 sur le territoire.
Financé par des éco-organismes de l’État (Ecologic et Ecosystem), le bonus réparation est une remise immédiate sur un objet défaillant qui est éligible à sa remise en état chez un réparateur ayant reçu le label QualiRépar.
Le label QualiRépar est attribué aux réparateurs professionnels d’équipements détenus par tous. Ces objets vont d’un aspirateur à un congélateur en passant par un tapis de course. Des grandes enseignes ont reçu ce label comme Boulanger, E. Leclerc, Darty.
Ce dispositif est vu comme une aide à la lutte contre la surconsommation. Selon une étude de l’ADEME, les Français surconsomment du fait d’un marketing qui fonctionne, mais aussi de l’obsolescence programmée de leurs appareils. Cette pratique est interdite par la loi et l’article L-441-2 du Code de la consommation, mais elle est tout de même utilisée par les entreprises. Les produits pourraient fonctionner encore des décennies, mais pour pousser à consommer, les fabriquant réduisent leur durée de vie. C’est ce qu’il se passe avec les smartphones, des appareils ayant un impact environnemental lourd par leurs matériaux rares venant du monde entier (Afrique du Sud, Amérique du Nord, Chine…). L’ADEME rappelle que 84 % des smartphones détenus ont moins de trois ans.
Le label QualiRépar est vu comme un premier pas pour inciter les consommateurs à réduire leurs achats par la réparation de leur objet.
Néanmoins, ce dispositif est peu connu du grand public et peine à concurrencer les grands industriels.
Abigail DOS SANTOS
Apprenez à réparer votre vélo gratuitement avec Les Biclous d'Isidore
Un samedi matin sur deux, l’association Les Biclous d’Isidore vous accueille au garage du complexe sportif Phillipe Berthes à Lezennes. Franck Navez, président de l’association, nous présente cette dernière et son atelier de réparation.
Retrouvez les jours d’ouverture de l’atelier et plus d’informations sur leur Facebook @Isidorebiclous
Apprenez en plus sur l’entretien et la réparation de votre vélo sur Wiklou
Clarisse CLERC