Les décideurs politiques ne sont pas les seuls à pouvoir améliorer la situation environnementale que nous sommes en train de vivre, les écogestes ont aussi leur rôle à jouer. Pourtant, la croyance en leur efficacité diminue. C’est face à ce constat que l’association CITÉO a décidé d’agir à son échelle en redonnant aux habitants de Lille, un rôle essentiel dans la préservation de notre Planète.
“Les dirigeants politiques auront toujours plus de pouvoir que nous, pour faire changer les choses, en tant que simple citoyen.” “On a beau agir, si les décisions politiques ne suivent pas ça sert à rien.” Voilà des phrases que l’on entend souvent, et de plus en plus, lorsqu’il s’agit d’environnement. La responsabilité du bien-être environnemental ou, plus généralement, de notre planète repose sur les décisions de nos dirigeants politiques. Pourtant, il est souvent répété de faire attention à nos gestes : pensez à trier, ne jetez pas vos mégots par terre, achetez des produits locaux, etc. Finalement, à qui revient la responsabilité de la préservation de notre planète, de notre seul et unique lieu de vie ? La tête remplie de questionnements, nous sommes allés à la rencontre de Mathilde Marchand, médiatrice en énergie de l’association CITÉO à Lille, agence de médiation et de facilitation, dans une logique de performance globale durable et partagée.
Le changement commence par l’éducation
“Oui chacun de nous a une responsabilité”, mais plutôt que d’employer ces mots nous préférons employer le terme “d’ambassadeur des bonnes pratiques”. On parle beaucoup d’écogeste, mais qu’est-ce que c’est exactement ? “En tant que médiateur en énergie, les écogestes dont on parle concernent la diminution de la consommation.” Il s’agit d’habitudes viables sur le long terme, qui permettent de ne plus gaspiller d’énergie (l’eau, l’électricité et le chauffage). Cela peut être “fermer la fenêtre l’hiver, dans l’espace public mettre des lavabos poussoirs, éteindre la lumière, détartrer les appareils afin qu’ils durent plus longtemps”.
Mathilde Marchand l’affirme : “le changement passe par l’éducation.” Le rôle des médiateurs est d’éduquer aux écogestes, informer et transmettre les nouvelles informations comme les rapports du GIEC par exemple. “Notre rôle, c’est comprendre ce qui ne fonctionne pas pour proposer une solution adaptée, ensuite on accompagne les habitants dans la transition.” Tout cela sans jugement : “Il faut vivre, profiter et être heureux mais il faut le faire en utilisant bien les ressources. On ne peut pas arrêter d’utiliser l’électricité mais voir où l’on en a vraiment besoin.”
Ne pas repousser à demain ce qui peut être sauvé aujourd’hui
Vous l’aurez compris, la production de l’énergie est la principale source de pollution. Donc si l’on consomme moins, la production et donc la pollution diminueront. Les écogestes ne sont pas une question de mode. Aujourd’hui, nous n’avons plus le temps de nous poser la question, ils doivent faire partie de nos pratiques quotidiennes. Les ressources s’épuisent. “En effet, même dans le Nord l’eau ne sera bientôt plus aussi abondante !” Dans certains départements de France, ce n’est plus une option, des restrictions sont déjà en vigueur.
Sauver est-il encore possible ? En tout cas, le message véhiculé par Mathilde et son association est que l’on peut faire en sorte de limiter la gravité des événements, limiter les catastrophes météorologiques et que notre planète reste vivable.
Lila Boccalon
Si la contrepartie était la solution pour rendre les français écoresponsables ?
Réflexion : vivre l’autonomie énergétique à la campagne
Chez mes parents, notre maison à la campagne était en pierre, et nous n’étions pas raccordés à EDF, nous étions tributaires de la météo, et l’utilisation des appareils électroménagers était calculée : “Je peux mettre le lave-vaisselle en route ?” demandais-je. “Non, la machine à laver tourne déjà“, répondait invariablement mon père. Le chauffage au bois demandait une vigilance constante, et la question de qui irait chercher du bois était une source régulière de disputes entre mes frères et sœurs : “Pas moi, j’y suis déjà allé deux fois aujourd’hui.“
Les soirées étaient parfois interrompues par le ronronnement du groupe électrogène, notre sauveur en cas de coupure de courant. Parfois j’en avais honte et redoutais que mes amis découvrent notre mode de vie, qu’ils pourraient percevoir comme précaire. Mais j’ai fini par comprendre que la vraie richesse de mon éducation résidait précisément là, dans cette maison où chaque contrainte était une leçon précieuse.
Ce style de vie, en apparence presque archaïque, était en réalité incroyablement moderne. J’ai réalisé que je n’avais pas besoin d’une éducation formelle sur les gestes écologiques car ils étaient ancrés dans notre quotidien. Mais ces gestes, qui semblaient si futiles comparés aux luttes quotidiennes de mes parents pour économiser chaque kilowatt, ont pris une nouvelle importance pour moi. Je ne juge plus ceux qui se donnent bonne conscience avec de simples actions comme l’utilisation d’une gourde, car derrière cette expression de “bonne conscience” se cache le mot “conscience”, la conscience environnementale.
Avec le temps, je me demande si les gens seront prêts à endurer les défis de l’autonomie énergétique pour cette même “bonne conscience” que j’ai acquise grâce à mon éducation. Peut-être que notre mode de vie, autrefois perçu comme difficile, deviendra une norme, une voie vers un avenir plus durable et conscient de notre impact sur la planète. Et depuis mon appartement d’étudiante ou je savoure le luxe des douches chaudes, il me tarde quand même de retourner dans mon oasis autonome.
Lison Mesnil