Vivre à contre-courant, un moyen d’accès à l’épanouissement personnel

by Lucie Griveau
Justine Lorthios, 26 ans, s’est lancée un remarquable défi, celui de rénover son propre voilier. Actuellement au Guatemala, elle le réalise tant bien que mal depuis plus de 2 ans. Choisir un mode de vie différent de la norme sociétale, basée sur la sédentarité et l’injonction à la stabilité, apparaît ici comme une solution pour l’épanouissement personnel.

Après avoir fait une prépa Hypokhâgne et une licence en histoire et sociologie, elle décide de changer du tout au tout et de partir à 21 ans faire le tour du monde en auto-stop. Confinée sur des bateaux dans les Antilles pendant la période du COVID, Justine se retrouve entourée de jeunes, qui, comme elle, ont cette soif de découvrir le monde. « Je me suis fait des supers bandes de potes, des jeunes qui avaient des bateaux simples et qui voyageaient comme des pirates. » Cette première expérience de vie en mer lui donne des pistes pour ses ambitions futures, notamment pour l’acquisition d’un bateau.

Se reconstruire à partir de rien

Quand elle arrive au Guatemala, elle est sans ressources et décide d’avoir son propre voilier. « Je vois la vie comme un grand jeu et j’avais besoin de passer à une étape supérieure. » Pour réaliser cela, Justine récupère un bateau en acier abandonné.
A partir de là, elle se lance dans sa rénovation et récupère deux autres bateaux grâce au bouche-à-oreille. Rénover des voiliers devient ce qui l’anime au quotidien, avec comme objectif final de naviguer à travers le monde. De manière générale, se donner des défis personnels et s’ouvrir aux possibilités sont des moyens efficaces pour apprendre et grandir davantage.

« Je vois la vie comme un grand jeu et j’avais besoin de passer à une étape supérieure», Justine Lorthios

En créant des liens avec des gens qui ont les mêmes ambitions qu’elle, des projets fleurissent. La rénovation de son bateau devient un objectif personnel mais aussi collectif. A terme, Justine aimerait créer une « communauté flottante », c’est-à-dire où chacun navigue sur son propre voilier en partant ensemble. Chaque bateau a son propre « pôle », comme l’explique Justine. Son bateau, nommé La Baleine Blanche, possède une dimension anthropologique et culturelle. Elle souhaite qu’il y ait un aspect artistique grâce à chaque membre de l’équipage développant sa passion à bord. « En allant à la rencontre des peuples natifs, cela permet d’aller à l’écoute de soi et donc à la construction de leur projet. » La découverte du monde et des autres est vue comme une source d’inspiration et d’épanouissement pour chacun.

Un projet personnel sans jamais être seule

Malgré son ambition qui déborde, la question du financement de ce projet et de sa vie de tous les jours se pose. En effet, ce mode de vie est peu accessible et le besoin d’argent reste un facteur indéniable. Le retour à la nature est mis en avant tout en ne négligeant pas l’usage des nouvelles technologies.
Pour réaliser ce rêve, Justine développe ses réseaux sociaux en réalisant notamment des vidéos Youtube sur l’avancée de la rénovation du bateau. De plus, elle possède un compte Instagram qu’elle alimente selon ses envies. Les réseaux sociaux sont son premier apport financier. Néanmoins, l’argent reste secondaire et ce qui compte, c’est la bienveillance et l’envie de chacun.
Les moyens humains sont au fondement de son projet basé sur l’entraide et le partage. Pour être rénové, le bateau a vu sur un an 35 bénévoles qui n’étaient souvent pas formés dans ce domaine. « Il fallait que je leur montre tout. C’était un gros travail d’apprendre à gérer les volontaires. » Pour elle, l’objectif était de partager ce projet afin que tout le monde puisse en tirer quelque chose.
Toujours dans cette même optique, elle se lance dans un projet de « bateau école » où elle partage ses connaissances dans ce domaine aux femmes et enfants du coin.

Photo du bateau-école de Justine Lorthios

Le « bateau école » – Crédits photos : Justine Lorthios

Cependant, le projet n’a pu durer sur le long terme par manque d’espace pour accueillir le matériel.

La rénovation d’un voilier est seulement la première étape dans la réalisation d’un projet personnel et collectif sur le long terme.
A travers l’entraide humaine et le partage de valeurs, Justine voit la rénovation de son bateau comme un projet épanouissant pour tous.

Abigail DOS SANTOS

Echappée littéraire : la poésie comme voyage

Inspirés des épopées de Justine et car la poésie elle-même est une forme de voyage et d’affranchissement, nous vous offrons ces quelques vers.


Voguer vers la liberté : odyssée contre la société

Naviguant au gré des flots d’un ciel sans certitude,
Cap vers la liberté contre l’arrogante société,
La bourlingueuse, vaillante, a toute latitude,
Traçant sa route contre vents et marées.

Elle démène la houle et les courants contraires,
Chaque vague est une leçon, chaque tempête un défi,
Elle gouverne sa voie dans le tumulte des mers,
Son cœur est sa boussole, son navire son abri.

Bravant l’établi en allant à contre-courant,
Elle ouvre l’écoutille à l’épanouissement.
Explorant son essence loin des schèmes,
Elle insuffle des rêves et brise nos chaînes.

Clarisse CLERC

Partager son voyage en ligne : partager des stéréotypes ?

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