Avec 980 licenciés et 50 structures affiliées en 2023, le Nord comptait comme l’un des plus gros départements de la fédération française de handisport. Organe déconcentré de la fédération, le comité départemental handisport du Nord œuvre chaque jour à la promotion et au développement de pratiques handisport, de la boccia aux randonnées adaptées. Retour sur leur travail, plus que nécessaire.
« Notre rôle c’est d’offrir la pratique au plus grand nombre, accompagner les clubs et les sportifs et faire connaître le handisport et le représenter » résume Gaëtan Globez, coordinateur technique du comité. Accueillir et rediriger les sportifs vers des clubs affiliés, assurer l’intermédiaire entre les structures et la fédération, ancrer la pratique dans le territoire… La tâche est lourde mais en vaut la peine : « C’est des moments de vie, et c’est vraiment ce pourquoi on travaille : pour avoir le sourire des personnes en face de nous, c’est le plus important ».
Un travail de terrain
Pour développer la pratique du handisport, c’est tout un travail de terrain. En plus de la communication en écoles ou lors de forums, le comité organise chaque année de nombreux évènements sportifs à destination des personnes en situation de handicap moteur et sensoriel. Sélection départementale de sarbacane, journées découvertes multisports, activités pour déficients visuels, le panel est large. Le but étant surtout d’offrir au public des activités qui les sortent de leur condition, comme les randonnées adaptées par exemple : « ça permet à ces personnes-là d’aller dans des lieux dans lesquels ils ne pensaient pas forcément aller. » Des cycles sport-santé sont aussi organisés en établissements de soin comme les EHPAD : « Le but de nos actions c’est de faire prendre conscience aux établissements dans lesquels on se déplace de l’importance de ces séances, on espère qu’elles seront continuées par des professionnels de santé ou des associations. »
Une pratique réellement accessible ?
Si des structures existent, la plupart sont situées aux alentours des grandes villes laissant des zones blanches où l’accessibilité reste complexe : « On redirige le public vers les clubs les plus proches mais en effet souvent il y’a de la route. »Mais pas de quoi se démotiver : « On recommande les clubs affiliés parce que c’est un gage de sécurité et de connaissances mais on peut aussi renvoyer les sportifs vers d’autres structures. » Dans ce cas de figure, c’est l’adaptation qui prime, se mettre au diapason entre la capacité du sportif et la disponibilité du club : « Certes ils ne sont pas affiliés à la Fédération mais ce n’est pas un mal, si ça permet aux personnes de pratiquer c’est très bien. »
Car il s’agit surtout de démystifier la pratique handi, souvent une version adaptée d’un sport valide : beaucoup de clubs valides, accueillant des personnes en situation de handicap existent. « Il n’y a pas de prérequis ou de formation en particulier, tant que l’on respecte les règles, rien n’interdit d’accueillir un public handicapé. »

« Une prise de conscience générale »
Les Jeux paralympiques 2024 ont été un nouveau souffle pour la pratique qui tend à se développer de plus en plus ces dernières années. Une amélioration que l’on doit surtout à une prise de conscience générale : les jeunes générations sont plus ouvertes à la discussion et à l’acceptation des personnes en situation de handicap. Un enjeu d’inclusion, d’adaptation donc : « Plus on a de l’acceptation, plus on a des clubs handisports qui ouvrent et des idées qui émergent », conclut Gaëtan.
Sloane Gassier
Le handisport et son accessibilité : de longues marches restent à gravir
Au lendemain du rêve vendu par les Jeux Paralympiques, il est brutal d’ouvrir les yeux sur la réalité des difficultés d’accès au handisport. Difficultés relatées par Céline Stucki, présidente de l’association « Padel pour tous ».

Son fils, Thomas, est la raison de l’initiative « Padel pour tous ». Atteint d’autisme sévère, il n’a jamais pu trouver de structure adaptée pour faire du sport, du moins pas avant le lancement de l’association. « Le week-end, rien n’était disponible. On était obligés de faire plus d’une cinquantaine de kilomètres pour trouver une séance adaptée, avec un professeur qui connaît le handicap ». Cette problématique, de nombreux foyers doivent y faire face. Céline l’explique : elle aimerait disposer de bien plus de créneaux pour répondre aux nombreuses demandes de parents, désemparés quand il faut trouver une activité adaptée à leur enfant.
Mais si trouver une solution est complexe pour les familles, l’offrir ne l’est pas moins pour les associations. Créneaux, locaux, matériels, tout est compliqué à avoir pour proposer du sport adapté. Disposant d’un créneau d’1h30 tous les samedi matins au Shaft de Lille, Céline est reconnaissante et consciente d’avoir eu beaucoup de chance car les clubs n’acceptent généralement que les heures creuses. Côté personnel qualifié, là aussi le choix est limité, si tant est qu’il existe. « On avait du mal à trouver un prof en sport fauteuil » dit-elle, dévoilant pourquoi la section de padel en fauteuil a dû fermer ses portes. Comme quoi, le parcours réalisé est déjà remarquable, mais il semble que le but ne soit pas encore atteint.
Manech Le Morvan
L’association Simon de Cyrène a été fondée par Laurent de Cherisey suite à l’accident de la route de sa sœur. Cette association permet d’offrir aux personnes en situation de lésions cérébrales d’avoir une vie sociale. La branche lilloise a été créée en 2016-2017. L’état d’esprit de cette association est de faire des activités entre personnes handicapées et non handicapées. Pour cela, l’association met notamment en place des activités sportives comme le padel et la danse assise.
Vidéo par Axel Ponchier-Gambe