En 2024, les étudiants font face à des obstacles importants pour accéder aux soins médicaux. Bien que la population étudiante continue d’augmenter à Lille, de nombreux jeunes hésitent à consulter en raison de la complexité du système de santé, des difficultés à trouver « son » médecin ou encore par pudeur. Ce manque d’accès aux soins entraîne certains étudiants à repousser leurs consultations, et ce, au détriment de leur santé.
La MEL (Métropole Européenne de Lille), ville étudiante par excellence, fait face à un défi de taille : répondre aux besoins de santé des jeunes qui la composent. Alors que l’on pourrait s’attendre à ce que l’offre médicale soit à la hauteur de la demande, la réalité est tout autre. Aujourd’hui, trouver un médecin disponible devient un véritable parcours du combattant pour les étudiants. Or, ne pas consulter a un impact sur leur santé physique et mentale. Alors, face à cette problématique grandissante, quelles solutions s’offrent aux jeunes en matière de soin?
Le Service de santé des étudiants? C’est cinq centres de santé qui proposent un accompagnement médical, psychologique et social pour tous les étudiants inscrits à l’Université. Chaque année, près de 10 000 jeunes y sont pris en charge par des professionnels de la santé sous contrat permanent. Pourtant, bien que le SSE représente un dispositif important, il n’échappe pas aux difficultés qui caractérisent l’accès aux soins : les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous sont parfois longs et l’accès rapide à un suivi régulier reste un défi.
Un des atouts majeurs du SSE reste cependant l’absence d’avance de frais : « Il suffit de présenter sa carte vitale et une attestation de mutuelle si l’étudiant en dispose », précise la directrice du SSE. S’ajoute à cela une prise en charge pluridisciplinaire avec une possibilité d’être réorienté vers un autre professionnel du centre. Néanmoins, si ces efforts réussissent à combler en partie la problématique d’accès aux soins pour les étudiants de l’Université de Lille, qu’en est-il pour le reste des jeunes?
Ainsi, la métropole a bien conscience du nombre important d’étudiants. Afin de faciliter leur quotidien – mais aussi celui de ses habitants – la ville a mis en place depuis 2023 le Plan local de promotion de la santé qui s’étalera sur une période de trois ans.Innovations mais lenteur administrative
Les objectifs ? « Développer le secteur de la santé, renforcer la coordination des acteurs de ce domaine et aller vers les publics les plus éloignés du soin. » Les étudiants pourront accéder à des projets comme les « Dimanches de la liberté » (fermeture à la circulation d’un boulevard pour des activités physiques libres) ou encore à des « activités artistiques – danser, peindre, chanter – qui sont bénéfiques pour le corps et l’esprit ». Il existe aussi les « Pôles ressources santé ». Ces services ont pour objectif de guider et soutenir les démarches de santé des habitants de la ville de Lille et des étudiants. Cinq sites leurs sont accessibles : Faubourg de Béthune, Fives, Lille-Sud, Moulins et Wazemmes qui soutiennent les démarches de santé dans des domaines prioritaires comme l’alimentation, les addictions, le dépistage des cancers ou encore l’accès aux soins.
Certes, des solutions existent pour permettre aux étudiants de se soigner sans avancer le moindre frais et dans un cadre confidentiel, or la réalité reste complexe. L’accès aux soins est freiné par les délais d’attente, le manque de praticiens, les projets qui ne se concrétisent pas et la lenteur des dispositifs, laissant certains étudiants dans une situation précaire. Ces initiatives représentent un pas dans la bonne direction, mais il est nécessaire qu’elles évoluent afin de répondre pleinement à la demande croissante.
Mathilde Dehosse
Le remède empoisonné de la téléconsultation chez les jeunes
A n’en pas douter, la consultation en ligne s’est développée depuis la “Covid-19” particulièrement chez la génération Z habile des technologies. Les plateformes comme Qare ou Medadom sont plus accessibles dans le quotidien étudiant : prise en charge quasi immédiate, 7 jours sur 7, remboursement. Certes cela facilite les démarches étudiantes et semble combler le manque de médecin : à quel prix sur le long terme ? N’est-ce pas là le fait d’un business rentable comme en témoigne la floraison de plateformes ?
Fini l’observation, place à l’écran !
On ne peut nier le risque de faux diagnostic. Si le patient décrit ses symptômes, il s’agit du seul outil pour le médecin qui intervient seulement sur les maux facile à soigner à distance. Pathologies graves, suivi du dossier, besoin de se confier souvent difficile pour les étudiants ne sont pas à l’ordre du jour.
Un patient “créneau”…
La médecine apparait au sens propre comme au figuré encore plus à distance de l’étudiant. Celui à qui on collait déjà l’étiquette « patient » objectivé n’est plus qu’un créneau virtuel. Cette déshumanisation s’incarne aussi en la personne du médecin devenant seulement celui qui délivre des ordonnances. On attend d’ailleurs de lui, qu’il soit toujours dans la performance et prêt à augmenter son volume de patients pour oublier un manque de médecin.
Alors révolution numérique oui mais qui cache surtout une société toujours plus optimisée dans laquelle patients et médecins subissent tout autant.
Flavie Magro