Maison Folie Moulins : là où la culture brise les barrières sociales
Posted On 16 novembre 2024
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« Alors, allez-y, rentrez, poussez la porte », invite Elena, chargée d’accueil et de billetterie à la Maison Folie Moulins. Ici, l’accueil chaleureux de la chargée d’accueil ouvre les portes à une façon différente de voir la culture : de l’élitisme culturel du Musée des Beaux-Arts aux concerts d’artistes à six euros, chaleureux et vivants.
Le sentiment d’illégitimité, omniprésent dans le public populaire, est le principal frein à l’accès à la culture, vue dans sa dimension traditionnelle comme un domaine élitiste. Elena définit une version différente de la culture : « C’est populaire, c’est pour tout le monde et c’est le but premier de ce lieu. On oublie les classes sociales le temps d’un spectacle. » La culture s’inscrit dans un prolongement de la lutte des classes, source même de ce manque de légitimité ressenti par certaines populations. Gaëlle, responsable du musée numérique dans lequel défilent des œuvres de musées nationaux et internationaux, présente ce lieu comme un espace ouvert dans lequel « les gens vont se sentir plus à l’aise pour une première expérience que d’aller dans un musée ». La cible principale de cet endroit est un public populaire et local, d’où son emplacement dans le quartier de Moulins et celui de son homologue, la Maison Folie à Wazemmes.
Malgré la mise en place de cet ensemble de lieux culturels de proximité pour faciliter la démocratisation de la culture populaire, les stéréotypes restent ancrés dans la pensée collective et le public visé n’est pas aisé à convaincre. Si l’endroit a l’avantage d’être implanté depuis 20 ans et est relativement connu du quartier, attirer de nouveaux visiteurs et maintenir l’attention des participants actuels se révèle compliqué pour Elena : « C’est quelque chose qui s’entretient, il faut tout le temps garder le contact avec eux. Il faut continuer d’aller les chercher, de sortir de notre lieu pour aller les rencontrer ».
Cette idée selon laquelle la culture est l’affaire d’une certaine élite prend forme tôt. La familiarisation avec la culture, sous quelque forme qu’elle soit, se fait par la socialisation familiale dans l’enfance. « Si dès ton plus jeune âge, tu n’as pas cette éducation artistique-là, en grandissant, tu ne vas peut-être pas te sentir légitime de mettre un pied dans un opéra ou dans un musée des Beaux-Arts », souligne Elena. Cependant, la socialisation est un processus continu au long de la vie des individus, et c’est ce que ce lieu favorise avec une expérience culturelle locale et sans contraintes. La Maison Folie Moulins permet de faire de nouvelles rencontres et de découvrir de nouvelles passions par le biais d’ateliers et par l’intervention d’artistes nationaux et internationaux.
Malgré les obstacles que rencontre la mission de démocratisation de la culture populaire, Gaëlle observe l’intérêt porté aux ateliers et aux expositions par les visiteurs, qui sont alors en mesure de vivre la culture sans “ce côté institutionnel” comminatoire qui en décourage plus d’un.
Eden Bernard
Les réseaux sociaux sont probablement le meilleur moyen de diffuser la culture populaire, mais aussi celui qui favorise le plus l’amalgame avec le simple divertissement. La culture est ce qui permet à l’homme de développer sa personnalité par le biais d’activités intellectuelles, artistiques ou artisanales. À l’époque du numérique, où l’accès à l’information n’a jamais été aussi simple, il semble que les réseaux sociaux se soient imposés comme l’espace privilégié de diffusion de la culture populaire. Ainsi, les réseaux sociaux sont l’outil qui a permis à nombre de productions culturelles d’être mises sur le devant de la scène. Le véritable enjeu des réseaux sociaux, c’est alors d’y distinguer culture populaire et culture du vide. Parce que quand la culture populaire passe l’étape du temps, qu’elle permet à des générations entières de s’y retrouver, la culture du vide disparaît, elle, aussi vite qu’elle est apparue, du fait des phénomènes de mode et du besoin de suivre les tendances virales du net. Le risque, c’est alors de ne plus faire la différence entre culture populaire et divertissement à outrance, un divertissement qui ne cultive pas, mais un divertissement qui amuse. Il faut comprendre que le cinéma, les bandes dessinées, la musique rassemblent, car elles racontent une histoire qui peut être comprise par tous. Il y a bien sûr une dimension qui englobe le divertissement, mais la culture populaire va au-delà, elle permet d’apprendre et de s’épanouir intellectuellement, elle reflète des phénomènes de société. Ainsi, tout en profitant des avantages d’accessibilité de ces plateformes, il est crucial de faire la différence entre une culture qui éduque et celle qui ne fait que divertir.
Jules LE ROUX
Réalisation : Emma Cézard
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