Trouver vélo à son pied, une alternative plus écologique et économique
Reconditionner des vêtements et des téléphones : vu et revu ! Mais les vélos, c’est une toute autre histoire. L’entreprise lilloise «WAP» époussette et redonne vie aux vélos oubliés dans les sombres recoins de nos garages. Les dés sont lancés : le pari est de proposer une alternative moins chère et plus durable grâce à l’électrification des bicyclettes dans le but d’améliorer le quotidien de tout un chacun.
Pour saisir le concept, il faut rembobiner jusqu’en 2022 quand la mobylette de Benjamin tombe en panne. Il envisage d’abord de l’électrifier, mais l’homologation étant trop compliquée pour lui, il se rabat sur le vélo. Problème : les longues distances ; il pense d’abord aux vélos électriques, mais cette option s’avère trop onéreuse. Il décide donc d’électrifier le sien et ça marche. L’idée circule dans le milieu amical et familial : « Je me suis même fait sermonner par ma tante, car j’ai fait le vélo de mon ami avant le sien. » Après mûre réflexion, Benjamin décide d’allier l’entrepreneuriat à sa trouvaille. C’est dans cet élan d’ambition que naissent les vélos WAP.
L’alternative « Wap » ?
Mais alors, un défi de taille apparait : le marché des vélos électriques est saturé de marques et les nouvelles start-up se disputent le secteur ardemment… Alors comment lancer son entreprise en se démarquant pour attirer une nouvelle clientèle ? La seconde main ! «WAP» se sert de ce concept tendance et prône une consommation plus responsable, privilégiant la qualité à la quantité : « Personne n’irait racheter une deuxième télé pour son salon, c’est idiot ! » Benjamin et ses associés poussent le concept plus loin et proposent un service de reconditionnement de batteries de vélos.
Plus qu’une question d’ADN de la marque, Benjamin et ses associés ont modifié leur façon de penser concernant l’économie et le profit de l’entreprise en y ajoutant une dimension — non négociable et non négligeable — d’engagement écologiste. « C’est un enjeu d’avenir ! ».
Lui-même utilise quotidiennement son vélo électrique pour se déplacer autant sur les courtes que les longues distances. « Tout l’ADN de WAP, c’est l’économie circulaire, se fournir en batterie aura forcément un coût pour l’environnement, mais derrière, la personne n’utilise pas son véhicule thermique, l’impact environnemental est donc moindre en comparaison. » L’alternative qu’offre WAP conçoit une autre façon de se déplacer quotidiennement et de manière « plus durable ».
En effet, si les batteries promettent une consommation plus verte, elles nécessitent tout de même de l’énergie dans la recharge… Comme les voitures électriques, la nécessité d’électricité rime avec le nucléaire. Or, n’est-il pas de l’ordre du défi de demain que de pouvoir se passer du nucléaire ? Par ailleurs, l’extraction et l’exploitation des minerais nécessaires à la fabrication de la batterie fait polémique. Le terrain « vert » reste donc tout de même très miné.
Augmentant leur clientèle et leur visibilité de plus en plus via leurs réseaux et leur participation dans des salons, on devrait prochainement les retrouver dans une boutique physique à proximité de la MEL. Affaire à suivre.
Solène DEFORGE (Photos Simon DOUZIL)
Pourquoi WAP ?
Si l’entreprise, fondée fin 2022, existe toujours en 2024, elle a pourtant bien failli disparaitre l’année dernière. On vous raconte.
23 avril 2023, 12h : Benjamin et Elior, sont réunis dans leurs bureaux quand ils reçoivent un mail qui bouleverse leurs prochains mois. L’objet de celui-ci :
« Objection against trademark application ». Des avocats, mandatés par une marque, s’attaquent à leur projet. Le nom Watt a déjà été déposé, et ils doivent cesser de l’utiliser immédiatement. Cette bonne nouvelle engendre une réunion de crise au sein de la startup lilloise.
Ils auraient pu élaborer un plan, aller au tribunal ou établir un projet solide, mais ils préfèrent une autre technique, celle de l’autruche. En effet, ils ne voient pas une meilleure solution que d’ignorer ce mail. Ce mail tombe pourtant au meilleur des moments : Ils sont en pleine préparation de leur campagne de crowdfunding, ils ont déjà lancé la production de contenus digitaux et print, leur affichage publicitaire rayonne dans toute la métropole lilloise, et ils font des opérations dans les wagons bar de la Sncf. Une semaine après, ils ont rendez-vous avec la Voix du nord, et se présentent, sans gêne, sous le nom de l’entreprise « Watt ». Audacieux, ils basent même leur communication sur leur nom illégal, puisque toutes leurs vidéos commencent par « Watt’s up la Team ».
Pour résumer, Benjamin avoue : « c’est simple, Watt n’a jamais été aussi connu que quand il ne devait pas l’être ». Ce n’était que le début, une deuxième entreprise, les accuse d’utiliser leur nom. Ils sont alors face au mur face auquel ils ont deux solutions logiques : abandon ou changement de nom immédiat ?
On ne change pas une équipe qui gagne, Benjamin et Elior gardent la tête dans le sable et décident de conserver le nom Watt, encore un mois, le temps de finir leur campagne de crowdfunding, avant d’être contraint de changer de noms. Après plusieurs essais infructueux, ils finissent par opter pour Wap, afin d’avoir « quelque chose de frais sans trop s’éloigner du nom actuel et perdre l’audience acquise ».
Loïc de Beauregard
Pourquoi électrifier son vélo coûte si cher ?
Vidéo : Gabin LEGERON-CONNEAU