Les vendredi 29 et samedi 30 novembre, l’association Magdala a organisé son 19e marché de Noël solidaire, où l’entièreté des créations a été réalisée par des hommes et femmes engagés dans un parcours d’insertion sociale. Dans une logique de transmission des acquis et des valeurs, nombreux sont les bénévoles qui ont aussi bénéficié des parcours proposés.
« Celui-là c’est moi qui l’ai fait », indique Yvon, bénévole et membre du conseil d’administration, en pointant l’un des marque-pages exposés. Couronnes de Noël, porte-clés, marque-pages et créations en poterie colorées, c’est dans une ambiance chaleureuse, autour de biscuits et d’infusions que s’est déroulé le marché de Noël solidaire. Une recette qui semble bien fonctionner car déjà le samedi en début d’après-midi, il n’y a « quasiment plus rien » annonce fièrement Maxime, responsable des bénévoles depuis 12 ans.
Organisé annuellement, le marché de Noël de Magdala est l’occasion pour les membres de l’association de montrer fièrement le fruit de leur travail, et de récolter des fonds pour financer les différents projets. Les ateliers poterie, création et développement durable sont au cœur du parcours d’accompagnement et sont aussi à l’origine des œuvres exposées chaque année. Les bénévoles en charge de ces rendez-vous hebdomadaires priorisent l’utilisation de matériaux de récupération en réalisant par exemple des colliers à partir de capsules de café. « Le parcours Magdala permet aux personnes isolées de retrouver confiance en leurs compétences », explique Maxime. Ces ateliers permettent aux bénéficiaires de redécouvrir ce qu’ils sont capables de faire par eux-mêmes. « Faire et être reconnu » voilà ce qu’ils apportent aux participants. En effet, la confiance en soi est la clé pour avancer et cela l’association l’a bien compris.
Les bénévoles de demain
« Maintenant je veux transmettre le savoir que j’ai appris à Magdala », affirme Laurence, ancienne vice présidente et autrefois participante aux différents ateliers proposés. Aujourd’hui à la retraite, elle organise encore ceux de créations, le jeudi après-midi et vient souvent donner de son temps. « On s’aide les uns les autres, c’est comme ça que ça marche ici ! », sourie-t-elle. En faisant le choix de transmettre ce qu’on lui a enseigné et qui lui a un jour été utile, Laurence s’engage pour la pérennité de l’association et son bon fonctionnement, afin que Magdala reste un refuge où l’on peut reconstruire sa confiance en soi et s’épanouir après des situations sociales parfois compliquées. « On a tous un passé », explique Yvon. C’est ce passé propre à chacun qui pousse les accompagnés à s’engager bénévolement dans des œuvres caritatives, une manière de retrouver du sens dans ses actions. Un modèle qui semble bien fonctionner puisqu’un tiers des bénévoles y sont en même temps accompagnés. Aider les autres comme on a soi-même été aidé est le cercle vertueux suggéré par l’association, prônant ainsi espoir et solidarité. Grâce à leurs histoires personnelles et aux expériences accumulées, les accompagnés d’aujourd’hui deviennent ainsi les bénévoles de demain.
« Ma famille de cœur, c’est Magdala »
Venue avec sa petite fille pour accueillir les visiteurs, l’aventure de Laurence aux côtés Magdala commence en 2001. « C’est une amie m’a fait connaître l’association » raconte-elle, « je suis passée devant dix fois avant d’oser sonner et demander un accompagnement ». Après plusieurs années d’isolement, elle s’est investie dans l’association pendant plus de vingt ans, animant des ateliers et siégeant au conseil d’administration. « Ma famille de cœur, c’est Magdala ! » explique-t-elle. Un attachement à l’association qu’elle compte bien transmettre à ses petits-enfants, en particulier à sa petite fille qui l’accompagne toujours aux ateliers créations pendant les vacances scolaires. « Ils viennent depuis tout petit, c’est comme leur deuxième maison ! ».
« C’était plus difficile avec le Covid » reconnait Laurence. Durant cette période, conserver le lien social était plus compliqué et de nombreuses personnes se sont retrouvées isolées. Les bénévoles le savent, leur engagement ne change pas le monde mais en agissant à leur échelle, ils permettent à des personnes en situations précaires de reprendre leurs vies en main. Avec sa devise, « Lève-toi et marche », Magdala agit à son échelle pour redonner confiance en soi et sortir de l’isolement. « On essaye de faire avancer les choses à notre façon » conclut Yvon.
Clara GOURDON
Photos: Margaux Leconte
Les fêtes, un moment de solidarité apparente où le « solidarité washing » sonne les cloches.
Pendant les fêtes de fin d’année, on observe un pic des initiatives solidaires : collectes de dons, bénévolat, distribution de repas chauds, collectes de jouets. Toutefois, une fois les décorations rangées et les festivités terminées, un phénomène récurrent se produit : l’engagement envers les personnes en situation de précarité semble diminuer. Ce phénomène, qu’on pourrait appeler “effet de saison”, soulève la question de la pérennité de la solidarité. Pourquoi ces actions sont-elles si concentrées autour des fêtes ? Ne sont-elles pas parfois un moyen pour certains de se sentir mieux dans un contexte où la charité est mise en avant ?
Le phénomène du “solidarity-washing” désigne ceux qui utilisent la solidarité comme un moyen de se donner bonne conscience, sans s’attaquer aux causes profondes des inégalités. La solidarité ne doit pas être une mode, mais une valeur partagée toute l’année. En effet, la pauvreté et l’exclusion ne disparaissent pas après un repas partagé à Noël ou un don de jouets. Elles nécessitent des actions sociales, politiques et économiques durables. Les initiatives ponctuelles offrent certes un réconfort momentané, mais elles ne constituent pas des solutions suffisantes. Si certaines personnes et organisations s’engagent tout au long de l’année bien au-delà de la période des fêtes, la réalité de l’essoufflement solidaire après les fêtes met en lumière la nécessité de repenser l’engagement social. Car en effet, il est plus facile pour certains d’agir pendant les fêtes, lorsque la solidarité est mise en avant par la société, que de s’engager de manière régulière et continue dans des actions qui demandent un investissement à long terme.
Juliette Rogge