Depuis 2021, le site de compostage Enchanterres, créé par l’association ALORE, collecte des biodéchets et les transforme en engrais par le biais du compostage électromécanique, afin de redonner vie aux déchets alimentaires. Accessible aux professionnels (restaurateurs, écoles…), tout comme aux particuliers, ce type de compostage permet de créer du compost en moins de trois mois, contrairement à un minimum de deux ans de manière naturelle.
Le compostage est une méthode bien connue en France. Elle consiste à mélanger ses déchets alimentaires avec de la matière organique biodégradable. Par la présence d’oxygène et d’eau, les déchets se décomposent et se transforment en compost, un engrais naturel.
Cela répond en partie à la problématique de l’incinération des déchets ; une technique polluante qui consiste à brûler les déchets à haute température dans des fours avec un excès d’oxygène, afin d’en réduire le volume.

Un compostage plus rapide, c’est possible !
En 2022, en France, 9,4 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produits. Au quotidien, cela représente environ un quart du poids total de la poubelle d’un ménage. Quelles sont les solutions possibles pour évoluer vers un traitement des déchets plus responsable ? Présent dans la MEL et ses alentours (Mérignies), le service EnchanTerres a pour mission de collecter, traiter et valoriser les déchets alimentaires. Il a aussi pour objectif second d’accompagner des personnes en réinsertion professionnelle. Suite à l’adoption de nouvelles mesures dans le cadre de la loi Grenelle, en 2020, un renforcement du tri des déchets a été mis en place. EnchanTerres a donc implanté son site de compostage à Lomme, et se compose d’une équipe de quatre employés. Leur mission consiste à collecter les déchets chez leurs adhérents : pour les particuliers, une participation annuelle de trente euros est demandée ; quant aux professionnels, c’est une facturation au kilogramme. Quel avantage ? Zachary, responsable de ventes commerciales nous le présente : « Pour créer un compost naturellement, il faut un minimum de deux ans, alors qu’avec le compostage électromécanique on y arrive en deux mois et demi. On gagne du temps, on consomme moins d’énergie, sans émettre de CO2 pour autant. »

A vos marques, prêts, compostez !
Zachary nous explique le déroulement du processus, qui débute par « la collecte les biodéchets chez les clients, puis nous ramenons et traitons les déchets sur le site de production, et on les transforme en une matière compostable. On l’appelle d’abord un pré-compost avant de devenir un compost ». Cette première transformation dure deux semaines, et se passe directement dans le composteur électromécanique. La deuxième étape consiste à la maturation de cette matière compostable en une « matière très sèche et prête à l’emploi, et donc du compost ». Ce processus technique s’étend sur deux mois, pendant lesquels des tas de pré-compost sont déplacés et remués régulièrement pour oxygéner le tout. Le compost est aussi passé au criblage afin d’obtenir un calibre et une qualité différents. Pour un compost qualitatif on recherche « un compost toujours gras mais très fin et léger qui ne tient pas sur la main », comme passer sa main dans du sable.
Niveau hygiène, des tests et analyses sont effectués pour vérifier l’absence de bactéries comme celle de l’Escherichia coli, « c’est des critères qualités que nous devons respecter », rappelle Zachary.
« Un enjeu écologique majeur !»
Une des valeurs principales d’EnchanTerres est de rester dans un modèle d’économie « circulaire, bio et en phase avec l’environnement ». Pour rappel une économie circulaire, vise à réduire le gaspillage des ressources et de minimiser les déchets. Pour cela, les collectes de déchets sont effectuées en camion ou vélos électriques dans un objectif de bilan zéro carbone. En un an, c’est environ dix-huit tonnes de déchets qui sont collectées et douze à treize tonnes de compost qui sont créés. Faut-il viser encore plus grand ?
Zachary partage son avis sur l’évolution du projet en expliquant vouloir « développer l’activité et collecter autre chose que des biodéchets, notamment du papier et du carton, c’est un enjeu écologique majeur ! ».
Pour cela l’association peut compter sur des aides apportées par le FSE (Fonds social européen), qui rémunère les employés à hauteur de 95%. Ils peuvent donc réaliser des bénéfices, et envisagent de développer leur activité par la vente de leur compost. Enfin, ils ont pour projet de réaliser un partenariat avec l’ALEFPA (Association Laïque pour l’Éducation, la Formation, la Prévention et l’Autonomie), afin de proposer des formations maître ou guide composteur.
Photos et textes Nynon Peyron
En France, la gestion des déchets a été profondément transformée par la loi Grenelle, n°2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire.
Cette législation vise à réduire significativement la production de déchets, mieux informer le consommateur et agir contre le gaspillage, etc. Un des nombreux objectifs est la fin de la mise sur le marché d’emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040.
Selon Planetoscope, en 2012, environ 7,15 millions de tonnes de déchets ont été incinérées en France, soit 30 % des ordures ménagères résiduelles. L’incinération est de plus en plus critiquée pour son impact environnemental, notamment ses émissions de gaz à effet de serre et la production de résidus toxiques.
En 2023, un rapport de Citéo montre que 89 % des Français trient leurs emballages, mais seuls 51 % le font systématiquement, un chiffre en hausse de 7 points depuis 2013. Cette évolution témoigne d’une prise de conscience croissante, mais des efforts restent nécessaires pour
améliorer le tri et réduire les déchets.
Cependant, malgré ces avancées, la mise en œuvre des alternatives à l’incinération à l’échelle nationale reste un défi. Le développement d’infrastructures adaptées, notamment pour le compostage et la méthanisation, ainsi qu’une sensibilisation accrue du public sont essentiels pour atteindre les objectifs fixés et assurer une gestion des déchets plus respectueuse de l’environnement.
Olivia Mills