Pour l’Association de la Deûle, les enjeux environnementaux sont une « source de motivation »

Au travers des témoignages de Jean-Baptiste Gérardot-Bruays (directeur de l’Association de la Deûle) et d’Olivier Doin (fondateur de Marin d’Eau Douce), on saisit les différents enjeux environnementaux présents sur le canal de la Deûle. Plus que ça, il est essentiel de comprendre comment ils envisagent le rapport au vivant.

Les deux hommes ont l’avantage d’être aux premières loges de la qualité et de l’évolution de l’environnement sur la Deûle. M. Gérardot-Bruyas est fier du travail quotidien permettant le retour des espèces, à l’image du cormoran : « Il y a plus de cinquante cormorans actuellement, ça veut dire qu’il y a du poisson à manger. » Il ajoute : « Après dix ou quinze ans d’absence, certaines espèces remontrent le bout de leur nez. »

C’est évidemment pour le directeur de l’Association de la Deûle une source de motivation, préserver la faune et la flore est la première priorité. Pour Jean-Baptiste Gérardot-Bruyas, l’Association de la Deûle n’existerait pas sans le bon entretien du canal : « On ne va pas faire du paddle si l’eau est sale. » Il mène le combat de la préservation de cette richesse naturelle, en témoigne le refus d’utiliser le bateau moteur hormis durant les grands évènements, alors qu’il est nettement plus pratique. Le directeur note que les mentalités évoluent, qu’une prise de conscience prend progressivement de l’importance : « Il y a moins d’incivilités qu’il y a dix ou vingt ans. »

Cet enjeu environnemental qui touche à la pollution donne un sens au travail de l’Association, tout comme à l’entreprise Marin d’Eau Douce. En effet, le fondateur rejoint cette même logique en prônant les bateaux 100% électriques : « Les clients nous disent souvent que les loisirs écologiques comptent de plus en plus pour eux, notamment au niveau de la pollution sonore. » Olivier Doin souligne même que des générations différentes participent, renforçant ainsi les liens entre les tranches d’âges et vis-à-vis de la nature. Il indique que l’activité des balades nautiques est devenue populaire en été, car en dix minutes depuis le centre de Lille, « on se retrouve dans l’eau, à découvrir les caractéristiques du canal », et même que : « les gens découvrent le port industriel de Lille avec nos balades ».

Leur engagement au sein du patrimoine lillois

Pour Olivier Doin, le canal de la Deûle est un lieu patrimonial et bien sûr une richesse naturelle. Il dit : « Les Lillois ont longtemps tourné le dos aux rivières, aux canaux, mais depuis peu on dirait qu’ils comprennent la chance qu’ils ont. » Le fait de retrouver la nature et de mieux vivre à ses côtés ressort également des conversations avec le directeur de l’Association de la Deûle. Il raconte : « On voit forcément des étudiants qui n’auraient pas pensé à faire des activités sur la Deûle avec nous, en plus ils ne sont pas tous de la région. »

Dès lors, il faut comprendre que ce sont les jeunes qui sont les plus aptes à être sensibilisés, selon Jean-Baptiste Gérardot-Bruyas les enfants sont « ouverts d’esprit » et « découvrent le canal une fois sur le bateau ». La sensibilisation à l’environnement est justement un des piliers de l’Association, le directeur explique comment elle s’appréhende : « l’association présente aux enfants les espèces, les périodes de reproduction, le nettoyage de l’eau, le cycle de l’eau et les saisons ». Avec le même constat qu’Olivier Doin, M. Gérardot-Bruyas estime que les Lillois se sont rapprochés de la nature après la période de confinement : « les Lillois sont ressortis de chez eux et sont venus profiter des zones de fraîcheur ».

La Deûle sous un beau ciel bleu

Une amélioration dans la perception du canal

Le directeur d’association est satisfait du travail entrepris par la mairie et la communauté lilloise, « on a même un écologue, honnêtement il fait du très bon travail ». Jouer un rôle dans le processus écologique mis en place à Lille et plus spécifiquement sur le canal, c’est donc essentiel pour M. Gérardot-Bruyas. De son côté, il rappelle « l’inutilité de nourrir les animaux » et la présence encore trop grande des « déchets flottants ». Il appelle véritablement à une reconception du canal, « il y a nettement moins de pollution qu’à l’ère industrielle donc non, le canal n’est pas sale ou sans vie ».

Robinson Bonnamy

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Focus sur la Deûle, ce nouvel espace de loisirs autour de la nature

Vous serez peut-être surpris d’apprendre que sur la Deûle, il n’y a pas que des balades en bateaux, mais aussi… du sport ! Et pas qu’un peu. En effet, malgré une vision du canal souvent négative par les Lillois, dans une ville où l’environnement n’apparaît pas comme la première des préoccupations, le canal de la Deûle attire autant les passionnés de nature que les sportifs. Et surtout pendant l’été, où le canal devient alors un lieu de fraîcheur. Une évolution fulgurante pour un espace qui, il y a cent ans encore, subissait le coup de l’industrialisation, tant au niveau de la pollution de ses eaux, que dans la perception de la Deûle par les locaux.

Que ce soit de l’aviron, du canoë (et canoë-kayak), ou du paddle, l’asso de la Deûle n’est pas la seule à proposer du sport sur les eaux de la Deûle. Le Canoë Club de Lille permet la pratique du canoë et du kayak à un niveau professionnel. Mais l’activité sportive n’est pas réservée qu’à la surface de l’eau : l’association Le Grand Huit propose différentes options pour faciliter la mobilité et le loisir au bord de l’eau. Paddle, vélo Grand Bi et autres moyens de transport, Le Grand Huit cherche à débarrasser le bord du canal des voitures et à faire découvrir la ville de manière plus insolite. L’asso de la Deûle, quant à elle, propose des formations en escalade sur les bords de la rive.

Jules Quevillon Gauthier

L'histoire de la Deûle:

Vidéo et photographies réalisées par Léa Besnard

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