Sur la place Vanhoenacker à Lille, l’association « Chez Violette » se fait discrète. Créée en 2009 par des femmes et pour les femmes, elle participe pourtant à pallier les inégalités de sexe inhérentes à la société patriarcale.
Ce n’est que lorsque qu’on s’approche des fenêtres que l’on devine l’univers de « Chez Violette ». Une affiche du « luttérature », festival littéraire et féministe dépeint la raison d’être de l’association. En entrant, une douce odeur de vanille accompagne la chaleur ambiante. Le local, tout en longueur, se divise en quatre pièces toutes ouvertes les unes sur les autres. Un salon pour les discussions et autres apéros de bouquineuses, un espace pour les enfants, une bibliothèque partagée et une cave mi-cuisine mi-friperie solidaire.
L’association autogérée par ses adhérentes, prône la sororité, l’antiracisme et la non-mixité choisie. Les femmes présentes dans le local nous expliquent : « A la différence de la non-mixité subie, nous avons fait le choix de créer un lieu pour les personnes qui sont nées femmes et celles qui se sentent femmes.” Dans cet espace, les hommes ne sont pas acceptés.
Alors que la non-mixité est souvent critiquée, dénoncée comme une démarche communautariste, et considérée comme l’apanage de féministes “extrémistes”, les femmes de Chez Violette justifient simplement ce choix : “L’idée est de rassembler les personnes concernées par le sexisme et ça permet vraiment une libération de la parole. Et surtout, ça en fait un espace “safe” [sûr] pour les femmes qui ont été victimes de violences sexistes et sexuelles.” D’autant que les espaces en non-mixité masculine officieuse, certains bars par exemple, sont communs et rarement questionnés.
L’association, qui fonctionne grâce au bénévolat, regorge d’événements organisés librement par ses membres. Le lieu se veut un espace libre d’accueil, de discussion, de réflexion, de rencontres, de création et de solidarité. Entre une scène ouverte et des ateliers d’arts plastiques qui visent à redonner aux femmes leur place dans l’Histoire, “Chez Violette” dispose d’un kiosque participatif à prix libre, où chaque femme peut partager son savoir et ses découvertes. Parmi les thèmes abordés, pas de tabous : la sexualité et le plaisir féminin ont tout à fait leur place dans les discussions. Parfois également, une garderie solidaire est organisée pour libérer les femmes avec des enfants.
Concernant la participation aux activités de l’association, pas besoin d’être adhérente, toutes les femmes sont conviées. Certains événements peuvent également être ouverts aux minorités, hommes homosexuels et transgenres. En revanche, la mixité complète est loin d’être bannie par principe. Elle est même préconisée dans certains événements comme la lecture de contes pour enfants, afin de réinvestir le rôle du père et des hommes dans la parentalité. Elle n’est pas absolue non plus dans la mesure où les femmes avec des garçons de moins de 12 ans (âge auquel on considère qu’il n’a pas encore intégré certains processus d’oppression) sont les bienvenu.e.s.
Enfin, sans nier que la non-mixité puisse être un frein du à sa connotation « radicale », cela reste un choix et un outil efficace pour se rendre compte des rapports de domination homme-femme intériorisés.
L’agenda de Chez Violette est à retrouver sur leur page Facebook du même nom. Par ailleurs, des permanences sont organisées tous les mercredi soir de 18h à 20h. Et pendant les journées du lundi au vendredi, le local est occupé par l’association de l’Echappée, émanation de Chez Violette destinée au soutien et à l’écoute des victimes de viols (femmes ou hommes) et d’agressions sexuelles.
Finalement, le Torchon brûle et les femmes qui reprennent le flambeau de la lutte féministe sont de plus en plus nombreuses et organisées, comme en témoigne l’association. Et dans le pays de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, c’est elles qui font vivre la sororité.
Axelle Auvray
La structure Rosa : un accueil de jour dédié aux femmes victimes de violences
L’accueil de jour Rosa est situé au 94, rue de Wazemmes à Lille.
Contact : 03 20 57 94 27
Les horaires sont : Lundi de 13h à 17h ; Mardi de 13h à 20h ; Mercredi de 9h à 17h ; Jeudi de 7h à 15h et Vendredi de 9h à 17h
Tribune sur ...
L'écriture inclusive
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L'écriture inclusive
Depuis que les femmes ont pris la parole, les hommes commencent à manquer de mots.
Beaucoup de fantasmes pour finalement trop peu de considération. « Féminazies », « anti-hommes » ou même « hystériques », les féministes sont souvent la cible de l’imaginaire patriarcal. On les soupçonne d’être parfois trop radicales lorsqu’elles tentent d’instaurer un nouvel équilibre afin d’abolir le rapport de domination qui subsiste entre la femme et son homologue masculin. L’écriture inclusive fait partie de ces sujets qui divisent même au sein des conversations non-mixtes.
Accorder que le masculin l’emporte même en minorité de nombre, ce n’est pas rendre hommage à la langue française mais implicitement, entretenir une tradition sexiste qui occulte la place de la femme (cis et non cisgenre) dans la société.
Ce n’est pas n’importe quel cheval de bataille de s’attaquer à la langue française déjà si compliquée. Mais il est important de rappeler que les mots illustrent eux aussi certains privilèges masculins. Longtemps et aujourd’hui encore, la boulangère (à vos Larousse) est définie comme la femme du boulanger. Le masculin n’est pas neutre et l’écriture inclusive permet de dépasser ce rapport de force en proposant une féminisation des mots. Partout émergent les autrices, les professeures ou encore les sapeuse pompiers. Plus ces termes seront utilisés, plus ils s’inscriront dans notre quotidien en banalisant une pratique pourtant au départ, controversée.
C’est pour cela qu’à notre échelle, nous, étudiantes, avons décidé d’écrire nos articles pour le Châtillon en inclusif, afin de n’oublier personne. Si ce n’est pas une fin en soi, l’écriture inclusive permet de repenser la mixité et d’établir un nouvel horizon d’égalité.
A méditer,
« On s’habitue à tout, il faut juste un petit temps d’adaptation » Mokless
Laura Beaudoin