Unkind Music: l’apéro réseautage organisé par et pour le monde musical lillois
Le 20 février 2020 avait lieu, à la Maison Folie Wazemmes, la 4e édition de l’apéro réseautage organisée par l’association lilloise Unkind, dont le but est de favoriser le lien social au sein du milieu musical.
Bar, canapés, chips et bières, voilà ce à quoi vous pouvez vous attendre si vous venez à un apéro réseautage. Après un séjour à Montréal où les soirées de réseautages sont courantes, Lucie et Yvain ont voulu exporter cette pratique au sein de la métropole lilloise. C’est donc dans le salon de la Maison Folie Wazemmes que nous nous retrouvons. Malgré l’ambiance légère et les éclats de rire que vous pourrez entendre, ne vous méprenez pas, tout cela est bel et bien sérieux et professionnel.
« Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? », voilà les mots d’Edward Lorenz lorsqu’il évoque la théorie de l’effet papillon. L’intérêt de ces apéros-réseautage est de reproduire cette théorie : et si cette poignée de main dans le salon de la Maison Folie Wazemmes pouvait engendrer la création d’un festival mondialement connu ? L’effet papillon est d’autant plus probable à la suite de ce genre d’événement, car ce milieu dépend réellement du relationnel. Il est plus fréquent d’engager un technicien que l’on connaît ou qui nous a été recommandé, pour être certain d’une bonne entente lors de la création du projet.
Dans une société moderne où le réseautage se passe maintenant sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Linkdin, ces soirées donnent un cadre où l’on retrouve des personnes aux intérêts communs, idéal pour créer un lien social utile dans le monde professionnel. Le but : créer, élargir et entretenir un réseau de contacts pour créer un cercle vertueux. Une rencontre pouvant entraîner la création de nouveaux projet. Tel l’effet boule de neige, les capacités de chacun se complètent.
Immersion au sein d'un apéro réseautage Unkind Music
Lucie qui est assistante de production, et Yvain, directeur technique, sont tous les deux créateurs et membres d’Unkind music : « L’association a pour but de défendre et rendre la musique actuelle accessible à tous », nous dit Lucie. Cela passe par des événements récurrents comme les apéros réseautages, mais aussi par des concerts ou l’accompagnement de groupe.
Ce soir-là, cinq intervenants étaient invités afin de rencontrer les professionnels du milieu musical : la Sacem, l’Afdas, Totem, Pro Live Formation et Apsart.
Une succession d’acronymes aussi obscurs les uns que les autres pour nous comme pour les intermittents en début de carrière. En réalité, ce sont les différents organismes qui aident et accompagnent les métiers du spectacle vivant et de l’événementiel. Les musiciens et techniciens viennent alors à leur rencontre dans un cadre informel afin de poser leurs questions et discuter, mettant en avant l’aspect humain.
Avec l’évolution du métier, des outils de créations et des moyens financiers à la production les intermittents du monde musical se doivent d’être polyvalents. En effet, il est nécessaire d’être toujours à niveau en ce qui concerne les logiciels utilisés et tous les autres outils technologiques, c’est pourquoi la transmission entre collègues est un pilier dans ce monde. Les démarches administratives sont également assez lourdes, il faut connaître les règles et ses droits. Nous avons rencontré Marie, intermittente du spectacle, qui nous confie à ce propos: « C’est la base. Le statut d’intermittent demande un bon savoir faire administratif, et nous recourrons souvent à l’entraide pour trouver les informations sur les démarches à suivre : entre collègue, auprès du syndicat des artistes, sur les forums. Souvent les ainés, ou les responsables de structures artistiques accompagnent les nouveaux intermittents. »
Dès le début de notre entretien avec Lucie, nous lui avons demandé pourquoi avoir mis en place cet événement ? Était-ce un sentiment de nécessité ? Elle nous explique que c’est un milieu où les contacts et le réseau jouent énormément. Selon elle : « Tu auras beau avoir des diplômes, si tu n’as pas de contacts, ils ne te serviront à rien, vaut mieux le réseau que le diplôme. » Un autre point important qui nécessite un réseau : trouver un financement, le nerf de la guerre. Pour obtenir les financements de l’Afdas, il faut remplir une liste de critères très précis. Encore une fois, se reposer sur ses ses collègues et leur demander conseil est très fréquent.
L'échange: pilier de l'apéro réseautage
Aristote a dit « L’humain est un animal social », le réseautage n’est pas nouveau, nous avons toujours eu besoin de s’entourer que ce soit dans notre quotidien ou dans notre carrière.
Le réseautage repose sur des échanges. C’est ainsi que nous avons rencontré Renaud, technicien du son, qui nous a livré son expérience des apéro-réseautages. « J’ai une formation de technicien du son, et pendant celle-ci j’ai fais plusieurs stages. Mon premier job c’était dans un salle de spectacle, j’étais technicien permanent, donc salarié de la structure. Et pendant cette première expérience j’ai pu me former aux rudiments de l’éclairage scénique et de la régie générale. ». C’est Marie qui l’interrompt pour préciser : « Il était super efficace, discret et on avait un bon feeling. ».
Deux ans plus tard, Renaud veut devenir intermittent, il retourne alors travailler dans l’une des structures où il a fait ses stages : « J’y ai gardé de très bons contacts et je fais attention à les entretenir ! » Nous confie-t-il en riant. Pour conserver un statut d’intermittent un technicien doit déclarer 507 heures d’intermittence par an. C’est un quota qui peut très vite virer au défi de l’extrême sans un réseau et de bonnes recommandations. C’est grâce aux apéro-réseautages que Renaud a aujourd’hui différents projets en cours qui lui permettent de valider son statut d’intermittence : « Pendant l’une de ces soirées j’ai rencontré la directrice d’une structure, on s’est bien entendu et elle avait déjà eu de bons échos de mon travail. Elle m’a proposé une créa et une tournée. Puis une deuxième, puis… 7 ans plus tard je travaille toujours régulièrement avec cette équipe ! »
Ce genre d’initiative comme les apéro-réseautages permettent de s’intéresser aux autres, de partager des expériences et des savoirs faire ainsi que de mettre en avant les interactions sociales, là où les réseaux sociaux et les écrans prennent tant d’ampleur. Ce qui reste d’autant plus important dans ce contexte avec des musiciens, dans le monde du spectacle vivant.
Marine May & Coline Poiret
Zoom sur la maison Folie Wazemmes
Ne confondons pas émulation et collusion
Le pistonnage ? S’ils le pouvaient, plus de 75% des Français accepteraient d’être pistonnés (selon une enquête nationale menée par Sky Prods en 2010*) Pas très civique ? Mais il faut dire que l’exemple vient d’en haut.
Le 10 mars 2020, l’affaire Fillon prend un nouveau tournant quand le procureur demande au tribunal de condamner l’ancien Premier ministre à cinq ans de prison dont trois avec sursis, 375 000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité ; ainsi que trois ans avec sursis et 375 000 euros d’amende pour son épouse.
À la fin de janvier 2017, Le Canard enchaîné révèle que Pénélope Fillon a été employée entre 1998 et 2013 en tant qu’attachée parlementaire de François Fillon, puis de son suppléant, et comme collaboratrice à la Revue des deux Mondes. Sa distance jusqu’alors affichée avec la vie politique de son mari ainsi que la pauvreté de sa production écrite parue dans la revue — « deux ou trois notes de lecture » — provoquent l’ouverture d’une enquête.
Entre conflit d’intérêt et détournement de fonds publics, les apéros-réseautages chez les Fillon semblent avoir pris la tournure de réunions-pistons.
Mais ils sont loin d’être les seuls, pour n’en citer que quelques-uns : la saga Bettencourt, avec ses renvois d’ascenseur, ses embauches par copinage et ses indulgences fiscales, l’épisode du Fouquet’s, dont nombre de participants se sont par la suite vus remettre la Légion d’honneur, Bernard Tapie qui se voit miraculeusement offrir 210 millions d’euros de dédommagement d’argent public dans l’affaire du Crédit lyonnais avec la bénédiction de l’Elysée, le feuilleton du fiston Jean Sarkozy briguant, du haut de sa deuxième année de droit, la présidence de l’Epgd (l’Etablissement public de gestion de la Défense, premier quartier d’affaires d’Europe).
C’est donc sans grande surprise que les Français placent le milieu de la politique (35,4 %) comme le plus pistonné en France… juste après l’Art (45,7 %) !
*Étude réalisée auprès de 4.156 personnes en France du 20 septembre au 15 octobre 2010 (64,5 % d’hommes et 35,5 % de femmes, 38 % de 18 à 25 ans, 35 % de 26 à 45 ans, 21 % de 46 à 60 ans, 6 % de plus de 60 %)
Coline Poiret