Portrait d’une écologiste convaincue
Depuis une trentaine d’années, Anne Grellier, habitante de Montembœuf, un petit village du Sud-Ouest de la France, aspire à un mode de vie écologique. Entre produits locaux, achats en vrac et soupes maison, elle nous a ouvert les portes de son quotidien.
Anne Grellier décroche. Au bout du fil, une quinquagénaire aux cheveux grisonnants, aimable et passionnée. Elle raconte : elle obtient son diplôme d’infirmière en 1989. Curieuse, elle s’essaie à de nombreux domaines en la matière : de l’hospitalier à l’éducation nationale, en passant par l’humanitaire. La naissance de ses deux enfants la pousse à prendre un congé maternité, qui durera finalement sept longues années. Elle en profitera pour suivre une formation en shiatsu, une forme de médecine traditionnelle chinoise. Épanouie, elle reprend sa carrière d’infirmière au lycée, « avec une vision différente de la vie ! » Ces sept ans ont renforcé sa conviction écologique et son envie de consommer mieux. Même à travers le combiné, son enthousiasme est contagieux.
Son quotidien dans une maison en paille
D’un ton enjoué, elle nous parle de sa maison dans la petite bourgade de Montembœuf. Anne Grellier fait appel à des artisans locaux pour un logis en adéquation avec son mode de vie, puisque l’habitation est faite de ballots de paille, de 50 centimètres d’épaisseur. Four et radiateurs sont bannis : elle se chauffera au bois. Une petite station d’épuration qui lui est propre lui permet même de traiter ses eaux usées.
En matière d’alimentation, la quinquagénaire explique avoir fait le choix de privilégier les commerces bio et locaux depuis de nombreuses années déjà. Si son terrain lui permet de cultiver quelques fruits et légumes, elle se fournit pour le reste auprès d’artisans et maraîchers proches de chez elle. Pour ce qui est de la viande, Anne Grellier n’en consomme que très peu.
Infirmière en milieu scolaire, elle doit concilier travail et mode de vie responsable, ce qui demande une attention toute particulière. Son secret ? L’anticipation. Organisée, elle prépare elle-même sa nourriture, à base de produits non transformés. Une tâche à laquelle elle consacre ses dimanches.
Autour du bio
Originaire d’une famille d’agriculteurs, Anne Grellier a toujours entretenu un rapport particulier avec la nature, qu’elle transmettra à ses deux enfants. C’est ce qui l’a poussée très jeune à se tourner vers un mode d’alimentation bio et local. Nostalgique, elle déclare : « Je crois bien que mon premier pas écolo a été de retourner au marché, je devais avoir 24 ans. »
Si le bio fait sensation aujourd’hui, la démarche, elle, n’a rien de nouvelle : pour Anne Grellier, cette transition écologique s’est faite il y a une trentaine d’années déjà. Une transition qu’elle n’a pas effectuée seule, puisqu’elle jouit d’un véritable réseau : « Acheter local c’est aussi créer du contact, un lien de personne à personne », qui s’échangent ainsi conseils, adresses et recettes. C’est avec ferveur que la Montembelvienne évoque l’importance de ces relations, véritable pilier de la consommation bio, selon elle.
“Acheter local c’est aussi créer du contact, recréer ce lien personne à personne”
En quête de conseils pour réduire notre consommation, nous l’avons interrogée. Modeste et d’un coup plus timide, elle ne se prétend pas irréprochable en la matière. « Mon exception c’est la voiture : entre le travail et la vie à la campagne, je ne peux pas m’en passer. » Son seul mot d’ordre : la « simplicité », agir en fonction de soi, de ses envies et de ses possibilités. Il faut prendre conscience des pratiques que l’on voudrait changer et agir sur les petits rien du quotidien. Amusée, elle raconte : « Cette année je me suis mise sur les conseils d’une amie à fabriquer mes propres cosmétiques. Peut-être que l’année prochaine je trouverais une autre idée ! » C’est donc un processus qui s’effectue étapes par étapes.
Maëlle DEPOND
Zoom sur l’évolution de la consommation de plastique en France
Dans notre société, le « bien paraître » est prédominant. Ainsi, de plus en plus d’influenceurs prétendent mener une vie saine pour la planète. Réalité ou illusion, cela a néanmoins comme avantage de populariser les produits éco-responsables auprès des plus jeunes, consommateurs de demain. Du fait de cette popularité, il est facile de se procurer des produits éco-responsables et réutilisables. Nous pouvons par exemple citer les cotons à démaquiller en tissu qui évitent de jeter une trentaine de cotons par mois par personne. Autre grand pollueur : les produits d’hygiène comme les serviettes et les tampons. De nombreuses alternatives se sont développés comme la cup ou les culottes menstruelles réutilisables après lavage. Il existe aussi de plus en plus d’adresse de vente au vrac. Vous pouvez retrouver sur le site Lille addict une carte de ces commerces.
Le gouvernement français s’investit aussi dans la réduction de la consommation plastique. Il a notamment pris une mesure forte : l’interdiction de la commercialisation, à partir du 1er janvier 2020, des gobelets, verres, assiettes et coton-tiges jetables en plastiques et à partir de 2021, celle des pailles et touillettes. Cependant, nous sommes loin de « l’élégance à la Française » sur ce sujet. Pour rappel, selon un article de France Info publié le 21 janvier 2020, la France en 2018 a exporté 18 000 tonnes de déchets plastiques en Malaisie. Le problème ? Une partie de ces détritus est déversée illégalement dans des décharges sauvages, en pleine nature.
Elisa LENGLART–LECONTE
VIDÉO: Les Chiffres du Développement Durable
Lea GALASSE
Crédit illustration: Tamara Courtay