Le tournant éco-responsable d’une cantine scolaire nordiste
Le lycée privé de Hoymille, petite commune du Nord de la France, s’est engagé écologiquement avec l’inauguration d’un restaurant scolaire « zéro déchet » lors de la dernière rentrée.
Nouvelle année scolaire, nouvelle façon de consommer. Au lycée de Hoymille, approvisionnement local et nourriture en vrac sont les maîtres-mots de ce projet. Celui-ci a vu le jour il y a environ deux ans grâce à un club d’élèves du lycée qui a constaté la quantité importante de déchets dans leur cantine. Leur but initial était de sensibiliser les autres élèves en effectuant des pesées et en affichant les résultats. C’est lors de la construction d’un deuxième restaurant scolaire que l’objectif « zéro déchet » est apparu. Pour l’atteindre, le lycée nordiste s’est concentré sur deux points majeurs : réduire les déchets alimentaires et l’utilisation de la vaisselle. Afin de concilier les deux, ils ont dû imaginer un nouveau concept de plateau.
Il s’agit d’un plateau thermoformé plus petit que les anciens et qui possède plusieurs compartiments. Il peut contenir une entrée, un plat et un dessert. Les nouveaux menus sont réalisés avec de la nourriture locale, achetée en vrac. On peut y retrouver des yaourts venant d’une ferme à quelques kilomètres du lycée qui sont livrés dans des seaux. Il n’y a donc plus d’emballages ni de vaisselle si ce n’est les couverts. Même les verres ont disparu et sont remplacés par des gourdes individuelles. Elles ont été pensées par les lycéens qui ont choisi leur contenance et le design avec un concours de dessin, leur permettant de s’impliquer un peu plus dans ce projet inédit. Désormais, les élèves peuvent choisir les aliments qu’ils souhaitent et limitent ainsi le gaspillage.
Dans cette cantine, 300 repas sont servis chaque jour. C’est donc une initiative ambitieuse qui paraît nécessaire pour contrer les 179 grammes d’aliments, en moyenne, jetés par un lycéen chaque midi.
Des résultats encourageants
La nourriture en vrac et l’approvisionnement local semblent porter leurs fruits. Même si ce défi éco-responsable est très récent, des changements se font déjà remarquer. « Dans le nouveau restaurant, il n’y a plus qu’une seule poubelle », a déclaré René Versmisse, directeur de l’IET de Hoymille. Il annonce même que le lycée a diminué sa quantité de déchets par dix. « Au bout d’un service le midi, on est à trois/quatre kilos de déchets. » C’est un engagement qui se montre prometteur.
L’établissement ne compte pas s’arrêter là puisque deux autres projets autour de l’écologie sont en préparation pour les années à venir. Cette fois-ci, ils veulent aborder les énergies renouvelables et l’eau en espérant revoir leur mode de consommation de ces ressources.
La médiatisation de cette cantine écolo aide d’autres établissements scolaires à prendre eux aussi des démarches similaires. “Depuis qu’on est passé à la télé, ça n’arrête pas, tout le monde nous appelle.” L’engouement autour de leur projet n’est pas négligeable. “Beaucoup de mairies nous contactent mais aussi des lycées dans toute la France”, confie Monsieur Versmisse.
Cela suffit-il pour qu’ils démarrent, à leur tour, une transition écologique ? Rien n’est sûr. En effet, ces actions posent un certain nombre de contraintes, notamment le prix ou encore le temps. Un tel engagement est coûteux et long. C’est un investissement conséquent que tous ne sont pas en mesure de prendre. Néanmoins, René Versmisse les rassure : “Je pense qu’il y a globalement une prise de conscience mais il ne faut pas jeter la pierre aux gens. Tout le monde est de bonne volonté et veut bien faire mais on ne sait pas toujours comment s’y prendre.”
Malgré ces difficultés, plusieurs écoles s’engagent écologiquement. Avec le programme Eco-Ecole les élèves peuvent aussi s’investir et devenir des éco-délégués.
L’année dernière, plus de 748 établissements ont obtenu le label d’Eco-Ecole en France. Une hausse de 13% par rapport à 2018 qui fait écho à cette nouvelle prise de conscience.
Axelle Wagner
ZOOM : Une démarche possible dans les RU ?
Si la démarche est envisagée et atteinte par des cantines de lycées et de collèges, on peut se demander s’il en est de même pour les restaurants universitaires.
Plus nombreux et servant un public lui aussi plus nombreux et plus varié, les restaurants du Crous font cependant face à d’autres problématiques.
Chaque restaurant dépend de l’antenne régionale du Crous, qui dépend elle-aussi du Cnous, son équivalent national. Ce dernier gère toutes les branches régionales. Pour qu’une mesure majeure soit adoptée, il faut donc qu’elle remonte jusqu’au Cnous.
Le problème du financement s’impose. Par exemple, si l’on veut dans le menu des ingrédients bio, meilleurs pour l’environnement, l’addition s’alourdit. Dans le cadre des menus à 1€ pour les étudiants boursiers, un tel changement de coût serait dur à supporter. Un effort considérable est à faire mais ce système fonctionne déjà très bien aux yeux du Cnous. Ainsi, pour beaucoup de RU, on se limite à un plat bio de temps en temps ou à une cagette pour récupérer le pain qui irait à la poubelle.
Au delà des mesures plus coûteuses comme proposer des plats bio ou lancer un projet de compost, adapter la carte est aussi une solution possible. Proposer moins de viande pour diminuer l’emprunte carbone ou le coût mais aussi s’approvisionner en fruits et légumes locaux constituent des alternatives réalisables.
Un virage éco-responsable des RU reste donc possible mais sa mise en place est difficile et pas envisagée à ce jour par les responsables régionaux et nationaux.
Valentin Solera
VIDÉO : Éco-école et éco-délégué
Réalisée par Elsa Rancel