La consommation de proximité en hausse grâce aux confinements
Avec l’arrivée du reconfinement dans l’Hexagone, les habitudes de consommation des Français se modifient une nouvelle fois. Ainsi, depuis l’arrivée de la pandémie en France, la consommation locale est tendance.
Catherine Groix, maraîchère horticultrice près d’Amiens, exprime son ressenti quant à l’impact du confinement sur les habitudes de consommation des Français. Diverses raisons poussent ces derniers à mieux consommer et de manière locale. Cette tendance se voudrait durable dans le temps, rentrant alors également dans un contexte de prise de conscience écologique.
Avec les confinements, ce sont les circuits courts qui sont favorisés, afin de limiter les déplacements. Les grandes surfaces ont tendance à être délaissées pour ce type de consommation, bien plus pratique et souvent à moindre coût. Les Français évoquent leur peur face aux grandes surfaces et beaucoup manifestent leur soutien aux producteurs locaux. Ces derniers ont vu leurs ventes augmenter considérablement, notamment favorisées par la livraison. « La Ruche Qui Dit Oui », une enseigne de livraison de produits locaux, a bénéficié du confinement. Il a été un véritable tremplin puisque ses interventions ont été multipliées par 3.
Catherine Groix confirme et explique cette hausse de fréquentation dans son marché local : « Nous observons une différence depuis le confinement, tout d’abord nos ventes ont augmenté de 15%, les gens ont plus confiance envers le producteur que la grande distribution. Mais aussi l’avantage de savoir d’où vient le produit et comment il a été cultivé. Sur le marché c’est le producteur qui sert et non l’inverse donc d’un point de vue hygiénique beaucoup de clients préfèrent. »
Une étude réalisée par RealTime sur nos moyens de consommation pendant le premier confinement montre clairement une évolution de la façon de consommer. Les Français souhaitent le faire de manière plus locale. 83% des personnes interrogées comptent favoriser les produits locaux.
"Cette tendance va perdurer"
Comme nous avons pu le constater, des actions de solidarité ont pu naître pendant la période de pandémie, notamment avec l’apparition de « marketplaces » mettant en relation commerces et producteurs locaux. Les Français ont été sensibles à cette forme de consommation, comme nous le confirme l’étude de C-Ways. Celle-ci montre une augmentation de +113% de la livraison de produits locaux, et de +331% pour le choix d’un producteur local. Le confinement a donc amené une réflexion à propos de ce qui nous entoure, non seulement sur les problèmes écologiques, sociaux mais aussi sur nos modes de vies et de consommation.
En allant dans ce sens, Catherine Groix affirme aussi que « cette tendance va perdurer, car elle était déjà présente avant le confinement et s’est renforcée avec celui-ci. Par ailleurs, certaines personnes l’on découverte avec le confinement, et ont pu comprendre la différence, notamment au niveau gustatif mais aussi au niveau du prix, des produits par rapport à ceux de la grande distribution ». Ces informations sont confirmées par l’étude de Webedia, qui nous apprend que 76% des Français estiment garder certaines habitudes de consommations prises durant le confinement.
Ces derniers ont également pris plaisir à cuisiner pendant le confinement, chez eux et avec de bons produits. Cette habitude peut perdurer malgré le fait que le temps consacré à la cuisine n’est plus forcément le même hors confinement. Le plaisir de cuisiner est réel et les applications de recettes comme « Quitoque » explosent. Cette dernière propose des recettes ainsi que des paniers de courses associés remplis de produits locaux.
Contrairement aux idées reçues du « bobo qui consomme local pour sa conscience », cette tendance touche plusieurs couches de la population. D’après Catherine Groix : « Notre clientèle est homogène, on touche toutes les tranches d’âges et tout les milieux sociaux, de l’étudiant au retraité. » Cette tendance ne touche pas qu’une simple catégorie sociale, mais la population tout entière. On peut le voir depuis plusieurs années déjà, les Français évoluent vers une consommation plus durable et la crise sanitaire y a joué un rôle majeur. Le confinement a permis une prise de conscience concernant certains enjeux, notamment écologiques. Chaque acteur de la chaîne alimentaire a été impacté à son échelle et a réagi en conséquence. Les Français s’intéressent à la question environnementale et notamment l’impact écologique des livraisons, ou encore la provenance des produits qu’ils achètent. Ceci explique logiquement la volonté de consommer plus local.
Gabriel Upravan
ZOOM: L’impact du confinement sur le secteur de la livraison
Le secteur de la livraison à connu une recrudescence sans précédent lors du premier confinement, en mars dernier, qui s’est poursuivie tout au long de l’été. Cette hausse illustre, entre autres, le regain d’activité du commerce en ligne. Dans le contexte actuel, les plateformes telles que Uber Eats, Deliveroo ou encore Just Eat, se présentent en véritables solutions pour le secteur de l’alimentation et pourraient bien en tirer un certain avantage.
Malgré le reconfinement annoncé le 30 octobre dernier, il est toujours possible de se faire livrer. En effet, les géants de la livraison proposent une alternative permettant aux Français de continuer à avoir accès à leurs restaurants sans se déplacer. Un argument plus qu’attrayant à l’heure où chaque déplacement doit être circonscrit. L’un des arguments phare de ces entreprises est la limitation des déplacements et donc des risques de contamination. De plus, alors que les restaurants ont dû cesser leurs activités, ces géants de la livraison semblent pouvoir leur proposer un compromis capable de faire perdurer leur activité. Le but est avant tout de rester attractif. Pour cela, les grands groupes multiplient les actions de séduction afin de convaincre les consommateurs. Lundi 9 octobre, le géant Uber Eats a d’ailleurs annoncé le lancement d’une grande opération de suppression des frais de livraison à l’heure du déjeuner, jusqu’à mars prochain. Grâce à cette opération le groupe affirme vouloir encourager le télétravail.
Rester attractif tout en répondant à la demande des consommateurs sans risque sanitaire, voilà le défi que les plateformes de livraison s’efforcent de relever. Cependant, ces grands groupes ne constituent pas le seul compromis envisageable pour les restaurateurs, qui multiplient les opérations comme par exemple le « click and collect ».
Léa Oudoire