Kanopée, une application pour mieux gérer son confinement ?
Afin de détecter les problèmes de sommeil et d’addiction durant le confinement, le CHU de Bordeaux et l’équipe du Dr Pierre Philip ont lancé l’application Kanopée le 22 avril dernier.
De nombreux experts expliquent qu’une refonte de nos emplois du temps peut en grande partie aider à mieux nous organiser et nous dépenser durant la journée. Solitude, stress, charge de travail conséquente n’aident pourtant pas vraiment à se motiver, fatiguent nos yeux au dépend de notre corps et engendrent par la suite des comportements addictifs inhabituels. Personne n’y échappe. Que ce soit chez les étudiants ou les salariés, les troubles du sommeil ainsi que les comportements addictifs ont fortement augmenté pendant le confinement.
38%
C’est la part de la population française qui dit éprouver des troubles du sommeil, selon un sondage de l’IFOP paru le 12 novembre.
Développée durant le premier confinement par une équipe du CHU de Bordeaux et disponible depuis le 22 avril, les objectifs de Kanopée sont multiples. Selon les mots du Dr. Pierre Philip, spécialiste du sommeil : “C’est une application grand public ayant pour but de permettre aux gens de s’évaluer sur l’hygiène et la consommation d’alcool et de tabac.” Le Dr Philip disait lors du lancement de l’application : “Ces marqueurs précoces associés à l’anxiété doivent servir d’alerte chez nos concitoyens et Kanopée permet de faire un premier bilan à partir d’une application médicalement validée.”
Toujours selon lui, les troubles du sommeil sont les premiers symptômes d’un comportement anxiogène. Une régulation de ces derniers n’est pas impossible et permet par la suite d’éviter d’autres comportements néfastes liés au confinement.
Le virtuel à votre service ?
Le personnel médical débordé, l’application vise à se diagnostiquer et se traiter au mieux possible sans l’intervention de médecins. Kanopée a créé deux agents virtuels pour aider les personnes atteintes de ces troubles du sommeil ou addictifs. Ces deux agents, le Dr Philip y travaillait déjà depuis une dizaine d’années, le confinement ayant permis de “raffiner l’application en fonction des problèmes liés à la Covid”. En “discutant” dans un premier temps avec ces deux agents, l’application évalue votre état de santé. En règle générale, ces troubles sont raisonnables. L’application est là pour rassurer et conseiller.
En revanche, s’ils sont plus avancés, Kanopée proposera un agenda personnalisé accompagné de conseils pour réguler le rythme de sommeil ou encore la consommation de tabac et d’alcool. Le Dr Philip nous confie quand même que pour les personnes atteintes de troubles sévères et avancés, l’application ne permet pas d’améliorer ces comportements.
C’est malheureusement là que le virtuel rencontre ses limites. Si le patient ne parvient pas à régler ses troubles malgré un suivi régulier et personnalisé, l’application le mettra en contact avec un soignant, humain cette fois. Dans une telle période, l’avis d’un professionnel permet également d’apporter du contact, ce qui n’est pas possible avec les agents de Kanopée. Où que vous soyez en France, l’application sera en mesure de vous fournir une liste de médecins et de centres à proximité. En région Aquitaine, la région de Bordeaux, il sera même possible d’être redirigé vers des sites spécifiques.
Dans l’ensemble, l’application a rencontré un bilan positif qui a encouragé à développer une seconde version de l’application. Depuis le 1er décembre, elle prend en compte des nouvelles données comme le moral et le taux de fatigue pour un suivi personnel plus précis. Le Dr. Philip a également créé un compte Instagram offrant des conseils sur notre rythme de sommeil.
En cette période difficile, Kanopée peut paraître comme une solution de premier secours. L’application vise à rassurer et conseiller ses utilisateurs, mais ne saurait garantir de les soigner en cas de problèmes graves.
Arthur PICARD
Vers une banalisation de la consommation d'alcool ?
La psychose autour du Covid-19 ainsi que l’annonce du confinement en mars 2020 ont enraciné un climat anxiogène en France. Le caractère fatal du virus et son impact sur l’économie et les relations sociales angoissent. Les Français ont perdu leurs repères : la séparation entre sphère privée et professionnelle devient floue, quasi inexistante. Le confinement est ainsi venu alimenter l’ennui, le stress et l’anxiété. Le recours à l’alcool comme refuge peut devenir alors plus fréquent, presque systématique. En effet, 46% des Français auraient augmenté leur consommation d’alcool pendant le confinement. Cela concerne dans un premier temps, les personnes dépendantes qui tendent à se réconforter plus que d’habitude dans la boisson. D’autres, par ennui, consomment de manière plus régulière, lors d’ “apéros skype” notamment. Cette pratique s’est largement répandue durant cette période où les personnes sont « privées » de relations sociales. On peut y voir, dans ce cas de figure, une banalisation de la consommation d’alcool qui conduit à l’alcoolisme mondain. L’alcoolisme mondain c’est la recherche de l’occasion sociale de boire. Cela peut se traduire également par la consommation d’alcool à chaque repas. Néanmoins, les individus confrontés à ce type d’alcoolisme n’en ont pas conscience ou nient avoir un problème de dépendance.
Elise TARISTAS
Comment le confinement impacte nos vies
Zoé PIERRE-FRANCOIS