Le voyage au temps du covid, mission impossible ?
Le deuxième confinement a mis à l'agenda politique un enjeu préoccupant : la santé mentale des jeunes. Le sentiment d'enfermement et la détresse qui en découle ont durement impacté les étudiants français. Alors que nombre d'entre eux avaient le sentiment d'être assignés à résidence, d'autres ont décidé de voyager pour fuir cette solitude. C'est notamment le cas de Ciryl Prost.
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !”
“L’invitation au voyage”
Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire
Pendant que nous étions tous cloîtrés chez nous, lors du second confinement, j’ai souvent pensé à ces premiers vers de L’Invitation au voyage, extrait du recueil Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. Comme j’aurais aimé fuir ce sentiment d’enfermement qui me quittait uniquement, lorsque je me réfugiais dans le travail ! D’ailleurs, je n’ai pas été le seul à ressentir l’impact du confinement. Puisque d’après, un sondage récent réalisé par l’institut Ipsos (à retrouver ici), 73% des étudiants ont été affectés par le premier confinement.
La Tanzanie, un pays ouvert dans un monde fermé
En mars 2020, quand Ciryl, étudiant en histoire-géographie, débarque en Tanzanie, le président Magufuli, alors en pleine campagne présidentielle, déclare qu’il n’y a pas de Covid-19 dans son pays : les frontières sont donc ouvertes.
Deux mondes se rencontrent alors : le premier très hygiéniste, et le second complètement déconnecté de cette problématique sanitaire. Ciryl observe tout d’abord ce contraste dans l’avion de la compagnie EgyptAir qu’il a pris lors de son voyage. “Là, deux sortes de voyageurs se côtoyaient : les Egyptiens qui ne mettaient même pas leur masque et des Asiatiques qui, eux, étaient couverts de la tête aux pieds avec, parfois, des lunettes en plexiglass. Et moi, parmi eux, je ne me reconnaissais ni dans les uns ni dans les autres.”
Par ailleurs, à son arrivée dans ce haut lieu du tourisme qu’est Arusha, il constate qu’il n’y règne pas l’effervescence habituelle. On ne voit plus cette longue file de voyageurs qui se bousculent pour atteindre les bureaux de change. Ils sont pourtant une étape importante avant de séjourner aux îles de Zanzibar. Même les safaris sont à l’arrêt et les guides sont à l’affût du moindre client.
En effet, malgré les paroles du président tanzanien qui se veulent rassurantes, les touristes ne viennent pas. Or, les Tanzaniens ne semblent pas particulièrement effrayés par le coronavirus et leurs hôpitaux ne paraissent pas surchargés. Il faut dire que l’accès à la santé en Tanzanie n’est pas gratuit. De plus, sur le continent africain, la Covid-19 n’a pas le même impact que sur nos populations européennes. La population tanzanienne est jeune, et le coronavirus n’est pas la première cause de mortalité : la malaria l’est.
Un étudiant qui voyage reste un étudiant
Au cours de son périple, Ciryl Prost a continué à suivre les cours de sa double licence d’Histoire-Géographie à l’Université de La Rochelle, dispensés par visio-conférence. S’il n’a pas fui les mesures sanitaires, celles-ci lui ont permis de voyager car les universités étaient fermées. Toutefois, les cours ont bien continué pour lui, dans des conditions chaotiques, cependant : “En Tanzanie, j’étais dans un dortoir. C’était un lieu de passage, bruyant, un lieu plein de vie sans fenêtre.” Il a donc fallu que Ciryl s’adapte, puisque l’électricité était coupée quatre heures par jour : “Il fallait avoir de la connexion 4G et de la batterie mais à la fin, je m’y suis habitué“, rapporte-il.
En plus, de ces contraintes matérielles, il devait aussi s’organiser en tenant compte des deux heures de décalage horaire entre la Tanzanie et la France. Pourtant, lors des cours lorsque chacun activait sa webcam, Ciryl a entrevu le mal-être de ses camarades restés confinés en France : “Certains pleuraient durant les réunions“, rapporte t-il, conscient de sa chance d’avoir bien vécu cette période inédite. Il a d’ailleurs réussi ses partiels tout en voyageant.
Thomas Fatin-Rouge
Voyager au temps d'une pandémie : pas si simple
Loïc de Boisvilliers
On a testé pour vous : le métro lillois au service du voyage
Et si le métro lillois devenait le meilleur ami du voyageur ? Avec ses deux lignes, ses soixante stations et ses 45 km de rail, ce transport en commun est le plus utilisé au sein de la MEL. Plus qu’une alternative au voyage, il offre l’occasion de flirter avec un patrimoine que l’on côtoie pourtant chaque jour.
Maigre consolation pour les globe-trotteurs férus de grands départs, le métro de Lille réserve pourtant son lot de surprises tout en restant tout à fait accessible : comptez 1,70€ pour un trajet unitaire. Quant au choix de destination, il n’a pas de quoi rougir devant la concurrence internationale. De Tourcoing à Villeneuve d’Ascq, ce sont au total dix communes desservies par les deux lignes de métro. Si la plupart des activités une fois sur place sont compromises par les mesures sanitaires en vigueur, il est toujours possible de profiter de la richesse historique des villes des Flandres et de ses nombreux joyaux architecturaux.
Grande étrangère pour les uns, compagnie intime pour les autres, la ville de Lille se dévoile au gré des stations et témoigne de son héritage historique. En outre, le segment aérien reliant Porte des Postes à Porte de Valenciennes serpente à travers les anciennes fortifications.
En ce qui concerne les lignes souterraines et leurs stations, elles constituent elles-mêmes une véritable galerie d’art. Parmi les plus connues, on retiendra la station Lille-Europe et son impressionnante fresque signée du lillois Jean Pattou. Comme une invitation au voyage, l’artiste y représente de nombreux monuments du monde entier mélangés aux quartiers et bâtiments de Lille.
Et si cela ne vous suffit pas et que le métro lillois n’a plus aucun secret pour vous, alors il vous reste toujours le TER et ses excursions de Seclin à Armentières. Allez savoir, l’aventure se cache peut-être dans les recoins d’un wagon bleu et vert.
Marine Evain