La mixité sociale au cœur des préocupations lilloises
La métropole lilloise s’occupe depuis 2004 de la réhabilitation de ses quartiers marginalisés. Wazemmes et Lille-Sud font partie des huit quartiers concernés, depuis 2019, par une convention de renouvellement urbain.
Des bâtiments entiers détruits pour favoriser l’accès à la propriété, des quartiers repensés, avec pour premier objectif le développement des commerces et surtout encourager la mixité sociale. Ces transformations ont pour but de redonner les quartiers à leurs habitants en faisant disparaître les trafics mais également en améliorant les services locaux proposés. Cela entraînera la fin de voisinages avec de forts liens d’entraide et de fraternité établis depuis longtemps. Cette réappropriation n’est pas sans violence. La ville a donc décidé de ne pas oublier les hommes et les femmes qui vivent dans ces quartiers et d’allier « l’urbain à l’humain » en faisant appel à des associations.
Les projets émergent d’une double volonté. L’observation de besoins particuliers par les salariés d’associations qui montent un projet et font une proposition ou un appel à projet lancé par la métropole. De nombreuses institutions tels que la CAF, la Région ou la Métropole, participent et soutiennent des associations luttant pour des enjeux sociaux qui les préoccupent. L’objectif est de réduire les difficultés en revalorisant les compétences plutôt que les savoirs, lutter contre l’exclusion quelle qu’elle soit et valoriser la rencontre et la diversité dans un même espace.
Allier l'urbain à l'humain
L’association Avenir Enfance s’est alors développée dans ces quartiers marginalisés. Au départ réservée à l’œil des avertis, Avenir Enfance s’adressait principalement aux enfants, puis s’est peu à peu agrandie aux parents, aux passants et aux intéressés, quels qu’ils soient. L’objectif est d’attirer pour faire découvrir : attirer des artistes pour qu’ils exposent leurs œuvres, attirer du public afin de faire découvrir un monde où l’art et la culture sont des échappatoires et des outils.
Vidéo de Lou Ballenghien
Le but de l’association est de rééquilibrer le centre-ville et les quartiers plus excentrés, que ce soit par l’accès à la culture ou dans la réappropriation des lieux. L’association est présente sur des territoires en mutation avec des dynamiques différentes. L’un des projets phares fut « BDS, se souvenir des murs qui nous ont vus grandir » . Cette exposition a permis la réunion des habitants du Boulevard de Strasbourg et de donner un dernier souvenir d’un lieu en reconstruction par la création de valises souvenirs.
L’Atelier Galerie Bleu est l’un des projets montés par Avenir Enfance conjointement avec la métropole mais également le seul local. Cette structure, située Porte de Valenciennes, permet d’accueillir l’art sous toutes ses formes et de le présenter à un large public. Avenir Enfance accueille ceux qui viennent jusqu’à eux avec l’envie de faire des rencontres, tisser du lien social, ceux qui explorent et s’aventurent vers l’inédit et enfin ceux qui approfondissent leurs connaissances, qui souhaitent aller un peu plus loin.
À travers des interactions diversifiées, passant de la pratique des arts plastiques, à l’exposition de photographies ou la publication de livres, l’Atelier Galerie Bleu se veut le support de la mixité. Par ses propositions d’activités diverses, l’association permet à tous de se rencontrer, de se découvrir et de s’exprimer sans barrière, sans crainte et ainsi de promouvoir le partage et la compréhension d’autrui. L’espace ne devient plus une frontière mais un lieu d’échange et de diversité.
Salomé Azaïs
L'art et la culture comme
échappatoire et outil
On peut facilement dire que l’art et la culture ont des pouvoirs fédérateurs et élévateurs très singuliers. C’est le pari qu’a fait l’association Avenir Enfance en choisissant de mettre ces deux outils au cœur de ses actions. Mais d’autres associations l’utilisent aussi dans ce but car l’art est très souvent pris comme facteur de réinsertion et de réintégration sociale. Certaines par exemple aident les détenu(e)s et ancien(ne)s détenu(e)s à préparer et reconstruire leur vie. Par l’accès à des ateliers artistiques (où ils peuvent laisser s’exprimer leur créativité) et l’exposition de leurs œuvres, les détenus retrouvent le contact social, l’intérêt pour une discipline mais surtout des opportunités pour se réinsérer socialement et professionnellement. Ces associations accompagnent et forment les personnes incarcérées dans la perspective de reconstruction de leur autonomie psychologique, sociale et économique au moment de leur remise en liberté. Car les peines longues de prison altèrent grandement l’autonomie tant psychologique que pragmatique des détenu(e)s, sans parler des problèmes financiers auxquels ils sont nombreux à faire face. Les pouvoirs intégrateurs de l’art et de la culture sont utilisés dans de nombreux domaines pour aider les personnes en difficultés.
Hélène Charpy