La solidarité, seule solution pour les restaurateurs face à la Covid-19 ?
Depuis mars dernier, les restaurateurs font partie des premières victimes de la covid-19. Après avoir subi un confinement, des règles sanitaires strictes, plusieurs couvre-feu et un second confinement, certains ont été contraints de fermer. Pour d’autres, certaines initiatives solidaires se sont mises en place telle que La Grande Bouffe.
Si les aides de l’État mises en place dès le premier confinement et le chômage partiel ont permis d’aider certains restaurateurs à payer quelques charges et sauver leurs commerces, elles n’ont parfois pas été suffisantes et restent limitées. Souvent exposée dans les médias et exprimée sur les réseaux sociaux, la détresse de ces professionnels a touché une grande partie de la population. Et ce sont ces Français qui ont décidé de se mobiliser pour venir en aide aux restaurateurs, notamment en mettant en place différentes initiatives avec pour but de leur venir en aide, comme par exemple la plateforme La Grande Bouffe.
Payez avant mangez après
Le principe, réserver sa commande en plein confinement, obtenir un bon d’achat et l’utiliser à la réouverture des restaurants. Une méthode peu répandue (uniquement à Lille et Tours) qui permettait aux restaurateurs participants d’avoir une trésorerie d’avance pour combler le vide. Permettait. Oui, car cette initiative n’a duré que le temps du premier confinement. Elle n’avait effectivement “pas vocation à durer dans le temps”, comme l’explique Manon, attachée de presse de La Grande Bouffe.
Une initiative qui a tout de même été bénéfique pour les restaurateurs participants. Simon Dauphin, propriétaire du restaurant Les Jours Heureux à Lille et participant à l’initiative La Grande Bouffe explique : “Ça nous a aidé sur 2 leviers. D’abord, c’était intéressant en termes de communication, on s’est retrouvé à côté de belles tables. Ça nous a aussi apporté de la trésorerie à un moment où on n’en avait pas.” Si une bonne partie des bons ont été utilisés par les clients participants, certains ne sont jamais venus consommer leur commande et ont utilisé cette plateforme pour faire un don à leurs restaurateurs favoris.
Aujourd’hui, les initiatives comme celle-ci se font rares. Beaucoup de restaurateurs se tournent désormais vers la vente à emporter et la livraison, autrement appelé click and collect. “Certains le font pour ne pas s’ennuyer, pour garder la clientèle, pour avoir de l’argent. Nous c’est plus dans le but de garder notre clientèle mais c’est vrai que c’est un tout autre métier”, raconte Simon Dauphin. Commander directement sur le site de votre restaurant préféré et déguster votre plat fétiche à la maison reste l’unique solution pour aider ces passionnés. Alexia, étudiante en deuxième année de médecine a téléchargé l’application Ubereats pour remplacer son restaurant hebdomadaire. “J’essaye de privilégier des petits restaurants aux grandes chaînes pour pouvoir les aider à ma façon mais je n’ai pas l’impression qu’ils sont nombreux à livrer.” Une majorité de restaurants livrent mais ne sont tout simplement pas présents sur ces plateformes de livraisons du fait de commissions demandées trop élevés lors de la mise en place d’un partenariat par exemple. Beaucoup ont choisi de se lancer en solo en développant leur site internet ou en le transformant afin de pouvoir accueillir les commandes des clients.
Les restaurateurs ne demandent qu’à rouvrir, bien que l’après COVID reste une grande zone d’ombre : “On ne sait pas comment ça va ouvrir, on veut ouvrir normalement. On a un métier humain et on doit être rentable : fermer à 21h, ce n’était plus rentable.” Avant cela, de nombreux restaurateurs continuent à mettre en place quelques actions promues sur les réseaux sociaux, comme un menu spécial Saint Valentin, disponible à emporter ou en livraison. La solidarité continue également en interne, où quelques collègues échangent des conseils, des infos et sûrement beaucoup de positivité.
Laura Bouvier
Zoom : Fin du calvaire pour les restaurateurs ?
Voilà bientôt un an que les restaurateurs ont dû pour la première fois fermer boutique à cause de la pandémie. Depuis, le scénario s’est répété une seconde fois, après une éclaircie de mi-juin à la fin octobre. Mais la réouverture progressive, supposée arriver vers la mi-avril, pourrait s’accompagner de la création d’un « pass sanitaire ».
L’idée a été lancée par le Président : créer un pass sanitaire qui permettrait à la population de retourner dans les musées, les cinémas ou bien les restaurants. Un test PCR négatif pour l’instant, ou une preuve de vaccination à l’avenir, serviraient de justificatif aux clients. Cette proposition, largement contestée au départ, semble pourtant représenter une solution crédible pour le gouvernement.
Plusieurs questions se posent, dans un pays où le pourcentage de personnes vaccinées est inférieur à la moyenne européenne (4.5% contre 5%) : la seule importance du vaccin est à exclure. Ensuite, les restaurateurs devront-ils refuser l’accès à leurs tables aux personnes n’ayant pas réalisé de test récemment ? Lors d’une réunion le vendredi 5 mars, le Premier ministre a évoqué la création d’un QR code, scanné à l’entrée de chaque restaurant sur le téléphone du client pour essayer de tracer le cheminement du virus grâce à l’application TousAntiCovid. Le secteur de la restauration, ciblé comme l’un des plus dangereux, devrait s’offrir un peu de sursis à la faveur d’un suivi très appuyé du gouvernement.
Clément Bénéteau