Vers une transition énergétique plus juste pour tous
À quoi ressemblera la société en 2050 ? Plus du tout à celle que l'Homme connaît actuellement, à en croire Barbara Nicoloso. Cette chargée de mission au sein de l'association Virage Énergie œuvre auprès des élus pour promouvoir un changement drastique mais juste de notre consommation énergétique. Un challenge de taille.
5,5 °C. Voilà le chiffre ayant alerté des scientifiques lors de la publication du rapport du groupe d’experts sur l’évolution du climat en octobre 2018. Il s’agit de la hausse des températures estimée d’ici à 2100 si rien n’est fait pour diminuer la courbe des émissions de gaz à effet de serre.
La population mondiale a besoin d’énergie tous les jours, à tout moment et en tout lieu. Pour bénéficier de ce confort, 80 % de ces énergies sont d’origine fossiles, donc riches en carbone (pétrole, charbon, gaz naturel). Les réserves se réduisent progressivement et leur combustion participe à la concentration des gaz à effet de serre accélérant les changements climatiques.
Penser à un nouveau système énergétique semble donc indispensable, tant celui dans lequel nous vivons n’est plus durable d’après de nombreux experts. D’où l’idée de transition énergétique. La transition énergétique, c’est le terme utilisé pour parler de l’ensemble des changements mis en place pour réduire l’impact environnemental de la production, de la distribution ainsi que de la consommation d’énergie.
Des villes comme Bordeaux ou Dunkerque se penchent déjà sur le sujet. Elles sont directement concernées par l’une des nombreuses conséquences de ce changement climatique : la montée des eaux. C’est d’ailleurs la région des Hauts-de-France qui s’est vue attribuer le projet de parc éolien en mer. Au Kursaal de Dunkerque se tenait du 22 au 24 janvier, la 20e édition des Assises européennes de la transition énergétique. Un programme rempli de conférences, de débats entre citoyens et acteurs incontournables du secteur. Dans le cadre de cet « anniversaire », une programmation Off était organisée jusqu’au 15 février. Associations et acteurs locaux étaient présents pour sensibiliser les individus sur le sujet.
L’association à but non lucratif Virage Énergie est l’un des partenaires de l’événement. Créée en 2006, elle a pour mission de proposer des solutions au dérèglement climatique et des pistes pour se diriger vers un « modèle de société soutenable ». Concrètement, il s’agit de responsabiliser les élus, et d’attirer leur attention sur des politiques publiques qu’ils pourraient mettre en place. C’est ce job qu’effectue au quotidien la chargée de mission de l’organisme, Barbara Nicoloso.
Comment l’Homme consomme-t-il aujourd’hui et comment devra-t-il adapter son mode de consommation d’énergie dans les décennies futures ? À partir de ces questions, l’association réalise études et scénarios pour anticiper les changements climatiques à venir. Au travers d’interventions auprès des citoyens mais également des élus, Virage Énergie prône la sobriété énergétique.
L’objectif étant de pointer les problèmes et d’imaginer quelles solutions de politiques publiques peuvent y répondre. Pour eux, les changements individuels de comportement ne se feront que s’il y a un accompagnement effectué par les collectivités. La théorie est assez simple : pas de changement de perception individuel sans effort collectif.
Barbara Nicoloso parle « d’effondrement » lorsqu’elle mentionne le modèle dans lequel nos sociétés évoluent à l’heure actuelle. Pour anticiper un nouveau modèle où bien-vivre rime avec moins de consommation, un travail sur l’imaginaire des individus vis-à-vis de cette sobriété est nécessaire selon elle. Les changements engagés à l’heure actuelle ne sont pas suffisants en comparaison à la gravité de la situation.
Pour Barbara Nicoloso, une chose est sûre : si aujourd’hui les élus pensent avoir « le choix », dans peu de temps, ce ne sera plus le cas.
Rania Abdesselam
La nécessité d’un changement de comportement
Pour prétendre à cette finalité ambitieuse et contraignante, les puissances publiques doivent proposer des solutions économiques, sociales et environnementales afin de réduire la consommation des énergies fossiles, premières contributrices à la production de gaz à effet de serre. Cela passe essentiellement par l’aménagement du territoire.
La Communauté Urbaine de Dunkerque, par exemple, a instauré des transports en commun gratuits pour tous. Précurseure dans ce domaine, elle permet non seulement un accès à la mobilité aux personnes les plus défavorisées mais en plus, cette démarche écologique va permettre de réduire l’empreinte environnementale.
La Métropole de Bordeaux a également fait un pas dans ce sens-là en investissant dans la construction de logements tout au long de la ligne de tramway pour inciter la population à emprunter les transports en commun en leur y facilitant l’accès.
La mutualisation des équipements pour réduire la consommation de biens représente un autre type de mesure s’inscrivant dans ce cadre de transition écologique. Cela peut passer par la construction de bricothèques permettant aux gens d’emprunter du matériel de bricolage plutôt que d’en acheter.
On le voit bien, le changement des comportements des citoyens ne peut pas se faire tout seul, un accompagnement des pouvoirs publics est indispensable !
Tilila Lanux