Travailler à vélo ou comment allier profession et convictions
Posted On 13 mars 2021
0
676 Views
« Les salariés donnent du sens à leur travail car le vélo est un moyen de transport écologique. Parmi les 4 salariés, aucun n’a une voiture. On n’en a pas besoin. » Ancien responsable des comptes chez Michelin, Vincent Lengagne en a eu marre de faire 10 000 km par an en voiture et a décidé de démissionner. L’homme de 32 ans a alors créé sa société de laveurs de vitres à vélo, Vitrocyclette. Le concept est simple, le laveur de vitres se déplace à vélo pour se rendre sur le lieu de travail.
Le vélo n’apporte que des avantages selon Vincent Lengagne : « Les trajets sont plus courts, les salariés sont plus réactifs, et en plus, ils font du sport. » À vélo, plus besoin de tourner en rond pour trouver une place de parking ou de s’aventurer dans une manœuvre risquée dans le Vieux-Lille, le vélo se gare devant le lieu de travail.
Le travail à vélo, c’est aussi une exposition aux yeux des Lilloises et Lillois qui peuvent être attirés par ces travailleurs qui pédalent sur un vélo étonnant à 3 roues avec un grand coffre à l’avant ou à l’arrière. Un laveur de vitres paraît plus convivial avec son sourire sur son vélo qu’en « voiture, vitre fermée, avec de la musique », comme le dit Vincent Lengagne. La conversation se fait plus facilement avec les passants ou les clients, « le côté sympa se voit ».
Les clients de l’entreprise, particuliers ou professionnels, sollicitent aussi les cyclo-professionnels pour les valeurs qu’ils portent. À vélo, les « vitrocyclistes » deviennent des acteurs du changement qui ne négligent pas l’écologie et la mobilité dans la capitale des Flandres. La philosophie de Vincent Lengagne, qui se déplace lui-même à vélo avec ses deux enfants en bas âge, est retranscrite dans sa cyclo-entreprise.
Dans l’optique de développer l’utilisation du vélo par les artisans, les restaurateurs ou encore les auto-entrepreneurs dans le bâtiment, l’association réunissant les professionnels à vélo de Lille « La Boîte à vélo » a conçu « Ma Cycloentreprise ». Ce programme d’aide au lancement de son activité est destiné aux potentiels néo cyclo-professionnels qui chercheraient des conseils et des pistes pour se lancer. Le programme répond notamment aux attentes du ministère de l’écologie sur la réduction de la consommation d’énergie des grandes villes.
La mission de « Ma Cycloentreprise » est de développer le nombre de cyclo-entrepreneurs et de leur montrer que le vélo est plus efficace et rentable qu’une camionnette. Pour ce faire, les futurs cyclo-entrepreneurs sont initié aux différents types de vélos qui peuvent transporter du matériel. Ils reçoivent également des conseils sur le matériel à utiliser pour les différents usages et les techniques pour travailler à vélo. Le programme comprend aussi un accompagnement financier pour l’acquisition du premier vélo de l’entreprise.
Comme nous le confiait Vincent Lengagne, « il faut aider les autres villes à développer des cyclo-entreprises mais il faut que ça reste local. » Les cyclo-entrepreneurs ne veulent pas d’un modèle déstructurant comme Uber avec de très nombreux livreurs et un code du travail bafoué. Le côté humain doit primer dans ses initiatives avant tout locales qui prônent l’écologie et le Bien-vivre sociale.
Jules Bourgat
De 1970 à 2010, le cyclisme était en constante diminution dans les villes françaises. Aujourd’hui, de plus en plus d’urbains reprennent le guidon pour leurs déplacements quotidiens. Cette explosion récente de la pratique s’accompagne d’une forte augmentation des accidents.
« La hausse des accidents, aujourd’hui médiatisés sur les réseaux, vient de la hausse de la pratique dans les agglomérations. Les pratiques dangereuses ne sont pas nouvelles, leur médiatisation si », affirme Christophe Ramon, directeur des études de la Prévention routière. Pourtant, sans vouloir réfuter ces propos, les associations, les professionnels ou les particuliers utilisant le vélo constatent une forte augmentation des accidents, pratiques dangereuses et morts sur bicyclette ou engins de déplacements motorisés (EDP). Les quatre-roues n’auraient pas encore l’habitude de partager les routes.
Face à cette réalité, la Prévention routière propose aux particuliers et professionnels cyclistes de s’équiper convenablement (casque, gilet jaune) ainsi que de suivre des stages de sécurité routière ou de mécanique, si nécessaire : « Les vélos-cargos, utilisés par les professionnels, nécessitent une approche différente. Ces vélos sont très larges et ne permettent pas d’utiliser les voies cyclables (alors qu’aux Pays-Bas les voies sont adaptées, ndlr). Les entreprises devraient être obligés de payer des stages à leurs salariés ».
La France a encore du retard en ce qui concerne le bien-être cycliste en agglomération. Par exemple, les collectivités ont, seulement, le devoir de considérer l’éventualité cycliste lors de la construction de routes.
La loi d’orientation des mobilités de 2019 (LOM) a instauré des zones à faible émissions, réservant des quartiers aux véhicules peu polluants. Une mesure pouvant servir aux cyclistes en réduisant le nombre de voitures.
Thomas Fraisse
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.
pour plus d'infos