Combat du siècle entre parents et dangers d’internet
Posted On 17 mars 2021
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Le premier round démarre à 9 ans, quand l’enfant a accès à Internet. C’est en tout cas la moyenne actuelle, qui ne cesse de diminuer. À cet âge, l’enfant n’a pas encore forgé sa garde contre les risques de la navigation en ligne. « Le parent ne réalise pas forcément qu’il met dans les mains de son enfant un outil qui lui ouvre un univers entier avec ses codes, mais aussi ses risques », explique Gaëlle de Montoussé, directrice de la Communication et des Partenariats de l’association e-enfance.
C’est un nouveau combat, celui du 21ème siècle. Les menaces en ligne sont de tout type. Contenus traumatisants, jeux d’argent, sites illégaux, vidéos incitatrices, mauvaises rencontres… la liste est longue. Sans parler du fléau de la pornographie, ultra présent chez les jeunes : « Entre 11 et 13 ans, au moins 8 enfants sur 10 ont déjà vu une image pornographique sur Internet », détaille Gaëlle de Montoussé. Le rôle des parents est donc indispensable dans la prévention du KO. Ils doivent remplir leur fonction d’éducation, en veillant à donner tous les conseils d’utilisation lorsqu’un enfant a un nouvel appareil, pour ne pas qu’il subisse uniquement les coups. « C’est comme quand on met un jeune dans une voiture pour la première fois, on ne le laisse pas conduire seul, on lui donne des directives, des explications… », compare la membre de l’association.
Et comme il n’est pas toujours facile de savoir quelle stratégie employer, e-enfance a opté pour la création de la ligne Net Ecoute, joignable au 0800 200 000. « Elle nous permet de répondre à toutes les questions que les parents peuvent se poser », rapporte Gaëlle de Montoussé. Et des interrogations, il n’y en a évidemment pas que chez les adultes. La ligne est aussi destinée à recevoir les appels de jeunes victimes de cyberharcèlement pour les accompagner, et leur apprendre à mieux se défendre. La prévention doit se faire aussi bien auprès des plus jeunes que des adultes pour éviter d’être confronté à des traumatismes après une mauvaise droite reçue sur le net. Les établissements scolaires, lieux de naissance mêmes de nombreux affrontements liés à Internet, se révèlent paradoxalement être un véritable point d’appui pour la sensibilisation de tous les publics. « On met en place des formations pour les enfants, les parents et tous les professionnels amenés à encadrer des enfants, afin de les aider à comprendre quels sont les usages des plus jeunes, et leur donner les bons réflexes. », déclare Gaëlle de Montoussé.
Pour rendre les coups, l’association utilise un dispositif d’aide à la mise en place d’un contrôle parental, grâce à la ligne téléphonique et au site Internet. « Certains logiciels sont payants, d’autres non. Notre rôle, c’est de trouver celui qui sera adapté aux besoins et à l’âge de l’enfant », indique la directrice de communication. L’objectif est d’aiguiller les parents pour qu’ils puissent obtenir une protection complète de leurs outils numériques. Mais une fois l’appel terminé, les voilà seuls pour gérer le combat quotidien. Et c’est là qu’il faut éviter les pièges. « L’erreur commune, c’est de ne penser qu’aux appareils dédiés à l’enfant. Les outils partagés comme la tablette, l’ordinateur sont souvent délaissés de surveillance », prévient Gaëlle de Montoussé. Les consoles de jeu aussi sont généralement laissées pour compte alors qu’elles sont souvent reliées à Internet, tandis que les parents ont tendance à naïvement baisser leur garde.
Toutes ces difficultés résultent donc aussi d’une problématique nouvelle : le manque de connaissances des parents vis-à-vis du monde numérique. « Habituellement, le parent peut jouer son rôle car il transmet une expérience qu’il a lui-même vécue ou que ses propres parents lui ont transmise. Pour la première fois, les enfants d’aujourd’hui utilisent des outils numériques que les parents n’ont pas connus au même âge », avertit la directrice de communication. Il faut donc choisir la bonne tactique : s’informer, éduquer, prévenir et rester vigilant. « La clé, c’est d’avoir un dialogue avec son enfant, et surtout de veiller aux changements de comportement. La moindre baisse de note ou dispute peut être une alerte qu’il ne faut pas négliger », conseille Gaëlle de Montoussé. La communication reste alors le coup gagnant pour remporter la lutte contre les dangers d’Internet.
Naël Makhzoum
Crédits Photo : Marius Veillerot
Depuis 2011, l’AFPA (Association Française de Pédiatrie Ambulatoire) oriente les parents et les aide à contrôler l’utilisation des écrans chez leurs enfants. Pour ce faire, l’association s’appuie sur la règle 3-6-9-12 du psychiatre et écrivain Serge Tisseron. Cette dernière vise à encadrer l’utilisation des écrans chez les enfants de 3 à 12 ans. Le modèle pourrait être mis en application à l’aide des smartphones et des tablettes spécialement conçus pour les enfants.
Les appareils intègrent en effet un contrôle parental, un moteur de recherche spécifique, et différentes applications de soutien scolaire dans les matières scientifiques, littéraires et artistiques. Le contrôle parental permet ainsi de définir les horaires d’utilisation, mais aussi de superviser l’ensemble des activités de l’enfant sur un tableau de bord. Le dispositif offre également la surveillance des appels, des SMS et des réseaux sociaux. Sa fonctionnalité de géolocalisation des enfants est agrémentée d’un bouton « Panique » qui alerte les parents en cas de problème. Le moteur de recherche comme Qwant Junior est directement intégré et permet d’obtenir des résultats renvoyant sur des sites appropriés et limite la collecte de données personnelles auprès des plus jeunes.
Une tablette ou un smartphone classique peut également être soumis à un contrôle parental. Certaines applications à l’image de Kids Place créent un écran d’accueil à partir duquel l’enfant peut lancer les applications choisies et configurées en amont par les adultes.
Les dispositifs de sécurité sont de plus en plus nombreux et diversifiés. Néanmoins, accompagner et assister l’enfant dans sa pratique reste la meilleure des protections.
Adrien Leroux
Vidéo réalisée par Théo Wargnier
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