Qu’en est-il des discriminations féminines dans les institutions sportives ?
Posted On 15 mars 2019
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Historiquement, les femmes sont confrontées à plusieurs obstacles concernant leur pratique sportive. Le sport est créé par les hommes pour les hommes. Ainsi, il existe différentes manières de pratiquer selon le genre. Dans notre pays, une exclusion involontaire de la pratique féminine s’est mise en place à partir des années 80. De nombreux maires ont développé des politiques sportives pour favoriser l’intégration des classes populaires et réduire la délinquance. Cependant, ces politiques sont destinées aux « garçons des cités ».
Pourcentage de compétitions sportives retransmises à la télévision selon le genre (source CSA 2016) :
La presse sportive affiche également une différence de traitement entre le sport masculin et féminin. En terme de quantité, la faible médiatisation du sport féminin renforce l’idée de domination masculine dans ce domaine. Ainsi, les femmes se sentent moins concernées vis-à-vis d’une possible prise de responsabilités. En terme de qualité, les angles choisis sont différents selon le genre : la mise en avant de la performance pour les hommes et de la vie privée pour les femmes. Cela crée une routine journalistique qui renforce les stéréotypes.
Comment rendre le sport féminin plus attractif ? Les stéréotypes de genre et l’érotisation des sportives ne peuvent pas servir de solutions. En revanche, des missions de sensibilisation et de formation, dans les écoles de journalisme notamment, peuvent être utiles en vue d’un meilleur traitement du sport féminin.
ÉVOLUTION DE LA POLITIQUE DES QUOTAS EN 3 DATES
– 1984 : Edwige Avice, alors ministre des Sports en France, impose aux associations sportives un « égal accès des femmes et des hommes aux instances dirigeantes » pour obtenir un agrément de l’Etat.
– 2000 : La conférence mondiale du Comité International Olympique (CIO) demande aux fédérations, aux organisations et aux comités sportifs « d’atteindre l’objectif de 20% minimum de représentation féminine aux postes de décision d’ici 2005 ».
– 2014 : Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des Droits des femmes, introduit une loi pour « l’égalité réelle des hommes et des femmes ».
Aujourd’hui, 19 ans après, le défi semble relevé pour le CIO puisque ses commissions comptent 43% de membres femmes (soit une augmentation de 98% depuis 2013).
Ces mesures ont l’avantage d’avoir des effets immédiats.
Mais la mise en place de quotas a tendance à contourner les causes réelles du problème… Dès le plus jeune âge, il faut
pousser les jeunes filles à prendre des responsabilités, et cela passe par un changement d’éducation et une transformation des représentations.
La loi de Najat Vallaud-Belkacem : késako?
Elle prévoit d’ici 2020 :
– Une proportion minimale de 40% de chacun des deux sexes dans les instances dirigeantes si les femmes représentent plus d’un quart des licenciés.
– Une proportion minimale de 25% de chacun des deux sexes dans les instances dirigeantes si les femmes représentent moins d’un quart des licenciés.
Nombre d’épreuves mixtes aux Jeux Olympiques et Paralympiques :
Pour combattre les stéréotypes de genre et favoriser ainsi la pratique féminine, la mixité de certaines disciplines sportives est une solution. Elle permet de mettre la femme au même niveau que l’homme. Le sport scolaire doit permettre à ces pratiques mixtes de se développer, dans l’optique qu’elles puissent un jour intégrer les compétitions olympiques.
Toujours dans une visée éducative, l’Union Nationale du Sport Scolaire (UNSS) propose un programme « Jeunes Officiels, vers une génération responsable ». Ce programme permet à ses licenciés de se responsabiliser autour de 7 fonctions (vice-président, jeune dirigeant, jeune organisateur, jeune juge-arbitre…).
En 2016, 50% des Jeunes Officiels certifiés sont des filles. Une initiative qui permet de valoriser l’engagement féminin dans des fonctions à responsabilité.
Théo Bassilana
Vidéo réalisée par Simon Bourtembourg
La situation de l’équitation est assez représentative de ce qu’il en est, généralement, de la présence de femmes dans les hautes instances sportives. Ce sport, autrefois réservé principalement à la gent masculine des classes aisées, s’est démocratisé et a, au fil des ans, attiré de plus en plus de femmes. L’équitation a aussi un statut particulier par rapport à de nombreux autres sports puisqu’il est mixte : les cavalières et les cavaliers concourent dans les mêmes épreuves et ce dans la majorité des disciplines pratiquées en compétition.
Aujourd’hui, les licenciés à la FFE (Fédération Française d’Équitation) sont à 80% des femmes. C’est le sport qui compte le plus grand nombre de licenciées en France, dénombrées à plus de 440 000.
Répartition par sexe et type de licence du total des licenciés à la FFE en 2019 (source FFE):
La direction et la gérance des clubs, centres équestres ou écuries se sont aussi largement féminisées, puisque 50% de ces acteurs sont des femmes.
Cependant, si de ce point de vue l’équitation s’en sort relativement bien en matière de parité, ce n’est absolument pas le cas dans le milieu des compétitions de haut niveau et surtout à l’échelle des institutions. Si l’on s’en réfère au site officiel de la FFE, sur les 136 cavaliers professionnels affichés, 34 sont des femmes, soit à peine un quart de la profession.
De plus, les hautes instances que regroupent la FFE et l’IFCE (Institut Français du cheval et de l’équitation, plus axé sur le tourisme équestre) se sont retrouvées et se retrouvent encore aujourd’hui avec une majorité d’hommes à leur tête. La FFE n’a connu qu’une seule présidente depuis sa création en 1921, Jacqueline Reverdy, et si à ce jour le comité de la présidence de la fédération est paritaire, le bureau décisionnaire lui ne compte que 3 femmes sur ses 12 membres.
Ainsi, malgré la féminisation massive de ce sport, les femmes ont du mal à accéder à la fois au haut niveau professionnel mais aussi dans les hautes sphères du pouvoir décisionnaire.
Lola Poutrel
Crédit photo Charly Genar
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