Âgées de seulement 23 ans, Alexandra et Alizée, deux amies d’enfance se sont lancées le défi d’ouvrir une boutique de vêtements recyclés. Cette idée leur est venue pendant le confinement et leur principal objectif porte sur la transformation en nouveaux vêtements de tissus déjà portés, le « upcycling » comprenez le «surcyclage».
De plus en plus présente sur internet ainsi que dans les magasins de vêtements. Vinted, Vestiaire Collective ou récemment Les Galeries Lafayette et Le Printemps proposent des articles d’occasion pour des petits budgets. C’est aussi le cas aussi pour les petites boutiques indépendantes comme SX6 Alternative Brand. Une boutique cent pour cent lilloise. Alors, peut-on dire que nous sommes dans la mode de la seconde main ? Reportage.
Déterminées plus que jamais dans leur conviction, les deux jeunes femmes ont d’abord conçu deux produits emblématiques de leur marque. Il s’agit de la banane XXL et du bob remettant au goût du jour les tendances des années 70. Avec leur matière principale : le jean.
Ne rien jeter, tout récupérer
En effet, leur gamme va s’élargir d’ici quelque temps… Future pièce clé de leur marque, la combinaison, ou encore des pochettes composées en patchwork et de jeans. Des tote bag uniques en collaboration avec un artiste-peintre parisien vont être également conçus. Autre pièce, la mini-banane XXS créée pour contenir le téléphone ainsi que les clés. Un coussin XL sera également produit ainsi que la « banane porte-bière», en cours de projet.
Alexandra et Alizée sont très claires dans leur discours et précisent que « nous évoluons vers une mode durable et de plus en plus de gens s’y intéressent » et poursuivent en disant qu’elles ne jettent rien et qu’elles récupèrent les matières le plus possible. Les deux femmes travaillent avec des ateliers notamment « Profil » permettant la réinsertion à l’emploi à Roubaix. Une dizaine de couturiers travaillent donc pour la marque depuis la rentrée.
Une équipe 100% locale
L’un de leurs buts était de travailler localement dans le secteur de Lille, qui, pour elles, « permet de donner du sens au projet ». Les tissus sont également récupérés localement lors de dons ou par le biais de récupérations des stocks invendables auprès de boutiques mais également dans des friperies lilloises.
Concernant leurs moyens de communication, Alexandra et Alizée se basent essentiellement sur les réseaux sociaux. Les deux créatrices ont également ouvert un site internet pour effectuer leurs ventes et personnalisations, dont une page consacrée à la collecte de vêtements.
Dynamiques et engagées dans leur idée du surcyclage, leur enseigne fait partie du concept-store de Roubaix, “Le Grand Bassin” réunissant une soixantaine de créateurs, designers et artistes locaux. Elles affirment que, « c’est une autre manière de se faire connaitre et de proposer nos articles à un autre public ». Côté tarif, la marque propose une gamme de prix allant de 15 à 65 euros.
De nouveaux produits en cours de projet
Enfin, pour SX6, comme chaque personne est unique, toutes les pièces doivent aussi l’être. C’est pourquoi, un nouveau projet se met en place avec la présence de SX6 au musée de La Manufacture de Roubaix afin de créer des pièces uniques à partir de tissus fabriqués sur des machines du XIXe et XXe siècle. Une collection d’une trentaine de produits sera réalisée prochainement.
Noémie Duriez
ZOOM sur la pollution textile
102 millions de tonnes.
C’est le poids que pèsera la demande mondiale de vêtement en 2030 selon WWF. Alors que les vêtements vintage et vieilleries redevenues à la mode s’entassent, la production de vêtements neufs croît. Un Français achète en moyenne dix kilogrammes de vêtements par an. Ce chiffre tend à augmenter. De 2015 à 2030, le poids de l’industrie textile devrait doubler. Les pollutions engendrées se multiplieront. La production textile trône déjà sur le podium des industries les plus polluantes pour la planète.
De la graine de lin à la mise en rayon, le vêtement pollue en cascade. Aucune étape ne laisse de répit à la crise climatique et environnementale. La fibre est d’abord cultivée. Pour un t-shirt en coton, 3750 litres d’eau sont nécessaires. Le vêtement est ensuite confectionné. Sa teinture pollue les eaux, les usines émettent du CO2. Une fois acheté, le vêtement est à plusieurs reprises lavé. Là encore, l’eau potable est gâchée. Après quelques utilisations, le vêtement est jeté. Les trois quarts des nouveaux matériaux qu’a nécessités sa fabrication finissent dans une décharge ou incinérés.
Entre chaque étape : le transport. Un vêtement voyage souvent plus que son propriétaire. Un t-shirt parcoure en moyenne 40 000 kilomètres, soit plus que le tour de la Terre. Il peut être « made in » Bangladesh, vendu en France, puis atterrir dans une décharge du Ghana, poubelle à ciel ouvert des textiles du monde. Autant de transports qui puisent dans les ressources en pétrole et émettent des gaz à effet de serre.
Le prix à payer pour un t-shirt neuf va au-delà du ticket de caisse, c’est la planète que le consommateur hypothèque.
Bertille Verriele