Les jeunes attirés par le « pouvoir des pierres »
Afin de soulager les problèmes auxquels font face les jeunes, la litothérapie a su trouver une place importante et réparatrice dans les maux de cette génération. Gagnant une considérable popularité ces dernières années en France, notamment grâce aux réseaux sociaux, ce phénomène utilisant les propriétés des pierres et cristaux serait capable de réduire l’anxiété, le stress, d’augmenter la confiance en soi, la concentration…
L’histoire des propriétés thérapeutiques et vertueuses des pierres trouve source, selon les sites archéologiques, dans la préhistoire. Dans le livre Le guide des pierres de soin, l’auteur Reynald Boschiero affirme que la pierre utilisée était « portée en amulette, travaillée en statuette, dressée en temples mégalithiques : menhirs, dolmens, cromlechs…On y appelait force, fécondité… ». Effectivement, leur pouvoir permet d’intervenir et influencer sur une variabilité de domaines, allant de la réparation des blessures émotionnelles au soulagement des douleurs musculaires, tant que la personne y croit et se connecte spirituellement aux pierres.
Un soutien
Ces dernières années, les jeunes seraient particulièrement sensibles à cette forme de thérapie. Une recherche de la part de la jeunesse de prendre soin de soi, de sa santé, en ayant recours à ce que la nature a à nous offrir. Le confinement, touchant énormément la santé mentale des jeunes, aurait incité ces derniers à explorer des nouvelles solutions en sortant de la médecine conventionnelle et s’intéressant au « pouvoir des pierres ». La période de confinement liée au Covid-19 a été source d’un intense impact sur les jeunes dont 73 % déclarent avoir été affectés sur le plan psychologique, affectif ou physique selon une étude de la fédération des associations générales étudiantes (Fage) réalisée par Ipsos.
En effet, Juliette Vincent, une des vendeuses de la boutique lilloise « La Nature a du Génie », nous adresse : « Le jeune public souhaite, en se rapprochant de la lithothérapie, mieux gérer le stress et les angoisses provoquées par les études, guérir leurs peines de cœur, augmenter leur confiance en soi et affronter leurs peurs. » La nouvelle génération s’est laissée intégrer par des phénomènes plus spirituels, jouant sur l’émotionnel dans l’objectif d’évoluer et atteindre de nouvelles formes de croyance.
Une solution accessible
Les réseaux sociaux ont eu un rôle majeur dans l’accès à la connaissance de la lithothérapie chez les jeunes. Nous retrouvons majoritairement des adolescentes avec des chaînes YouTube, des comptes Instagram et Tiktok consacrés à l’écoute de soi, à l’évolution spirituelle à travers les pierres. Parmi ces comptes, des milliers d’abonnés prêts à se laisser guider par le « pouvoir des pierres » afin de trouver des solutions à leurs maux à un prix abordable car les petites pierres dépassent rarement les 5€.
De plus, l’esthétisme des pierres et le fait de pouvoir les porter en accessoire près de sa poitrine ou au poignet conquit les clients. Dans la boutique « La Nature a du Génie » une étudiante exprime : « Je choisis les pierres comme on choisit une plante, je me fie à mon instinct. » Effectivement, la lithothérapie est une question de pressentiment, d’attirance et de connexion envers une certaine pierre plutôt qu’une autre. Selon Juliette Vincent, « c’est cette affinité créée avec le minéral qui permet que le jeune qui le possède puisse ressentir les vertus de celui-ci et se laisser soulager et apaiser ses maux ».
Laura Morais da Silva
Entretien avec une utilisatrice de la lithothérapie
Par Lucille Margail
Zoom sur ... Une pratique qui connait des derives
L’engouement pour la lithothérapie a certes une part de bienfait pour ceux qui la pratiquent à bon escient mais elle peut également causer des dommages irréversibles pour les personnes qui tombent dans l’excès. Comme le souligne le directeur des recherches du CNRS spécialiste de la minéralogie Christian Chopin, il est urgent de s’alarmer sur l’engouement
que crée ce phénomène.
Alors que la lithothérapie bénéficie seulement du statut de pseudo-science et n’est pas reconnue par les scientifiques, elle attire de nombreux adeptes qui se réunissent notamment sur les réseaux sociaux. C’est le cas de Facebook qui héberge des groupes dédiés à la lithothérapie dont la plupart peuvent être considérés comme des dérives sectaires. Par ailleurs, les personnes qui deviennent dépendantes sont souvent fragiles et donc plus facilement influençables. Ainsi, cela les pousse à se ruiner en achetant sans cesse des pierres pour guérir de nouveaux maux face à ce business florissant. De surcroit, si certaines pathologies bénignes peuvent se soigner ainsi, le problème est plus alarmant lorsqu’il s’agit de guérir de graves maladies. Ce type de dérive ne manque pas d’exemples, lors d’une audition au Sénat en 2012, Didier Pachoud relatait le cas d’une femme qui avait stoppé son traitement pour lutter contre le cancer en le substituant à la lithothérapie. En 2019 alors que le livre Guide pratique de lithothérapie venait d’être publié, l’association Act’Up s’est indignée de voir qu’à l’intérieur une pierre avait la réputation à elle
seule de guérir du Sida.
Cette pratique peut donc avoir des résultats positifs souvent assimilé à l’effet placebo mais elle doit cependant être encadrée pour ne pas tomber dans les dérives qui nuiraient à la santé des malades.
Elsa Pinguet