Les nouvelles technologies s’attaquent au harcèlement de rue
Dans notre société où l’angoisse de rentrer seul(e) la nuit est omniprésente, la technologie peut sauver des vies. De nombreuses applications tentent de réduire ce sentiment d’insécurité, comme Sekura, inventée dans le but de rassurer et d’aider les victimes de harcèlement de rue. Lena, une ancienne utilisatrice de 19 ans nous en fait l’analyse.
Faire semblant d’être au téléphone ou d’envoyer un texto, appeler à l’aide grâce au bouton d’urgence de l’IPhone ou utiliser une application : tous les moyens sont bons pour tenter d’échapper au harcèlement de rue.
Sur les plateformes de téléchargement, il est facile de trouver App-elles, The Sorority ou Sekura. Leur point commun ? Lutter contre le harcèlement de rue grâce à une technologie innovante. Lena, une étudiante lilloise de 19 ans avait l’habitude de se servir de cette dernière.
Une sécurité supplémentaire …
Créée en 2020 par deux femmes et un homme israéliens, Sekura peut se vanter d’avoir plusieurs cordes à son arc. En cas de soucis, l’utilisateur/trice a le choix entre quatre boutons. Le bleu déclenchera un son d’alarme accompagné du flash, le violet simulera un faux appel, celui en jaune enverra un message pré-enregistré ainsi que la localisation à trois contacts prédéfinis, et le rouge appellera les autorités (ou autre numéro d’urgence auparavant renseigné). Un moyen de déstabiliser son agresseur et d’appeler à l’aide. “Avoir sur moi ma bombe au poivre n’était pas suffisant et il fallait pouvoir compter sur l’intervention d’une personne extérieure“, confie Lena.
La jeune femme a installé l’application lors de son arrivée à Lille fin 2020, après en avoir entendu parler sur twitter. Selon elle, c’est un dispositif utile pour se sentir plus en sécurité dans une grande ville. Cependant, elle précise que Sekura a surtout été pour elle un complément à un objet physique/matériel, un outil plus superficiel, contrairement à la réponse physique parfois préférable.
… plus qu'une solution
Si Lena a arrêté d’utiliser l’application, c’est d’abord car elle n’est pas aussi pratique que l’on pourrait le penser. Sekura ne permet pas d’agir assez rapidement. Si une autre application est ouverte, il faudra en cas de besoin, la fermer et ouvrir Sekura, avant d’appuyer sur la fonctionnalité souhaitée. Une perte de temps qui peut voir la situation s’empirer. Cette application est idéaliste et peut se montrer particulièrement efficace si temps il y a. L’utiliser comme Lena, à titre préventif, n’est pas négligeable, encore faut-il s’engager à rester constamment sur l’interface. Une optimisation du degré de réactivité serait donc la bienvenue.
“C’est bien d’avoir Sekura sur son téléphone en cas de petite urgence, si l’intégrité physique n’est pas mise en cause, et si on a une capacité d’anticipation et de réaction“, indique l’étudiante. Car en fonction des situations et de la personne en face, la stratégie du téléphone est à double tranchant et peut engendrer l’effet inverse de celui escompté.
En évoquant les applications du même type, victimes de fausses alertes ou d’usurpation d’identité, on se rend compte que la technologie est loin d’avoir trouvé la solution. Pour Lena, “la technologie manque de réalisme. Elle est conçue pour optimiser, pas pour s’adapter à 100%“. Il faut donc être mesuré. Ce genre d’applications n’est pas assez catégorisée comme solution d’urgence, et ne pourra pas régler le problème sur le long terme. Certes, on y trouve un surplus de sécurité en fonction de la situation vécue. Cependant, une marge d’amélioration est envisageable et très certainement nécessaire. La technologie peut fonctionner, mais avec un complément physique. Au-delà des innovations techniques, le manque d’information et de sensibilisation concernant ce sujet est évident. Cette éducation pour tous, reste pourtant l’étape indispensable à cette lutte continue.
Mila Buchet
Zoom : Quand les commerces deviennent des lieux de refuge
Un large réseau de commerçants
Un véritable réseau de commerçants et restaurateurs s’est ainsi implanté dans la capitale des Flandres pour aider et rassurer les femmes dans leurs déplacements quotidiens. La particularité de ce réseau lillois est qu’une grande partie des commerçants sont des détaillants FDJ, l’application ayant créé un partenariat avec la Française des Jeux. La ville compte ainsi plus d’une cinquantaine de lieux refuge près à accueillir des victimes si besoin.
Un large réseau qui satisfait les utilisatrices comme Julie Bonneton : “J’ai connu Garde ton corps par le biais d’amies qui l’utilisaient. Ayant été victime d’agression par le passé, je n’ai pas hésité à la télécharger. J’ai déjà dû aller me réfugier à plusieurs reprises dans les commerces répertoriés et j’ai été très bien accueillie. Ça change vraiment la vie de savoir qu’il y a des gens sur qui on peut compter.“
Simple d’utilisation
En plus de couvrir une grande partie de la ville, “Garde ton corps” se veut simple d’utilisation. Si vous vous sentez en danger, il vous suffit de cliquer sur la fonctionnalité “Lâche-moi” pour que le safe place le plus proche vous soit indiqué. Des messages peuvent aussi être envoyés à des personnes de confiance en cas de risque imminent.
Sans être une véritable solution pour éradiquer le harcèlement de rue, l’application “Garde ton corps” est cependant une vraie arme pour rassurer et protéger les victimes.
Romane LEGENDRE