C’est au 166 rue Léon Gambetta, à Lille, que l’on apprend à réparer son vélo grâce aux outils et aux conseils avisés des responsables des Mains dans le Guidon. Un atelier d’auto-réparation ouvert du lundi au samedi où les cyclistes bricoleurs s’autonomisent dans une ambiance conviviale.
Les vélos accrochés aux murs du couloir et le bruit strident de la sableuse nous indiquent que nous sommes à la bonne adresse : Les Mains dans le Guidon. Un atelier d’auto-réparation de vélos, représentation parfaite du désir d’autonomisation manifesté par la société actuelle. En effet, notre société est aujourd’hui très contradictoire, et oscille entre individualisme et dépendance. Mais ce système ne convient plus à certains qui veulent s’en extraire. C’est pourquoi on peut observer l’émergence de nombreuses initiatives qui prônent la prise d’indépendance pour s’émanciper d’un quelconque assistanat, à l’instar de l’atelier de Renaud Verhaeghe et Grégoire Sénéclauze.
« Ici, les clients viennent réparer eux-mêmes ou apprendre à réparer leur vélo », explique Renaud. Avec le second fondateur, Grégoire, il propose un concept inédit à Lille. Avec un abonnement annuel de 36 euros ou de 10 euros pour la journée, les clients disposent de tous les outils professionnels nécessaires afin de bichonner leur petite reine. Renaud, Grégoire, ainsi que leurs trois employés, sont aussi disponibles pour conseiller et accompagner de manière individualisée chaque cycliste. Tout cela dans une ambiance bienveillante et de partage des connaissances. Les cyclistes bricoleurs deviennent ainsi de plus en plus expérimentés et autonomes. Leur mobilité s’en trouve grandement facilitée.
Bien plus qu’un atelier d’auto-réparation
On ne vient pas aux Mains dans le Guidon seulement par nécessité. Là-bas, il est également possible de rendre son vélo unique en le customisant : « Cela fait partie de la réparation et de l’entretien. »
La philosophie conviviale revendiquée par Renaud et Grégoire s’illustre par leur bonne humeur, ainsi que par leur bar. « Parce que c’est sympa et que nous sommes à Lille », dit Renaud en souriant, et parce qu’il est toujours plus agréable de bricoler hydraté et rassasié. Les cyclistes viennent donc là-bas également pour passer un agréable moment et faire des rencontres, au lieu de rester chez eux à essayer de réparer leur vélo seul ou à l’aide de vidéos YouTube impersonnelles. Encore une façon d’aller à l’encontre de notre société individualiste.
L’autonomie comme maître-mot
L’idée de ce concept a émergé alors que Renaud passait tout son temps libre à « transformer des vélos, tout seul comme un grand ». « J’étais plus souvent en voiture, à la recherche de pièces détachées et d’outils spéciaux pour ma bicyclette, plutôt qu’à vraiment rouler avec mon vélo », raconte-t-il. C’est donc avec la volonté d’offrir la possibilité aux cyclistes de s’autonomiser, de manière encadrée, que les deux cofondateurs inaugurent l’ouverture de l’atelier. « Nous n’effectuons aucune réparation, seuls les clients s’en occupent. Nous sommes là pour les guider.»
par BIDAULT Léa
crédit : LANG Mathis
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Il a testé :
L’atelier des Mains dans le guidon, par l’autonomie qu’il apporte aux adhérents et par sa convivialité, a séduit des cyclistes de tous profils. C’est le cas d’Adonis Muller, jeune Lillois, qui a adopté Les mains dans le guidon avant tout par nécessité : « Mon vélo avait un problème, je l’utilise énormément et il fallait que je trouve rapidement une solution. J’ai cherché un espace de self-réparation car aller chez un vélociste est souvent plus coûteux. J’ai alors repéré l’association sur Internet et m’y suis rendu». Le jeune cycliste souligne le caractère formateur de l’atelier : « J’avais surtout besoin de l’atelier pour réparer mon vélo, mais c’était aussi un moyen d’apprendre. Je connaissais déjà ce genre de concept et je me suis dit que réparer mon vélo moi-même me permettrait d’apprendre des choses sur la mécanique, ne pouvant plus compter sur mon père cette année ! ». En plus de l’aspect formateur de l’atelier, les experts savent se rendre disponibles, comme l’indique Adonis : “Les 3 fois lors desquelles je m’y suis rendu, 3 salariés différents sont venus m’aider. Les horaires d’ouverture sont assez amples et permettent aux gens qui finissent tard d’y aller en fin de journée, ce qui est très pratique”.
par HOSTYN Émilien