Entre ciel et terre, le handisport comme espace de liberté
Gwenael Bagate est moniteur de parachute tandem depuis 2001, et a une expérience incontestable de sa profession, avec plus de 12 000 sauts. Travaillant au centre de Parachutisme Paris Péronne Haute Somme, il garde pourtant des souvenirs très particuliers des sauts handisports qu’il a pu réaliser.
On ne devient pas moniteur handisport par hasard : hormis la base de 500 sauts tandem nécessaires pour passer la qualification d’Etat, « il faut passer une formation au pôle handisport à Paris sur la connaissance générale du handicap, et une formation technique où un instructeur tandem va nous montrer comment utiliser les harnais spéciaux », nous explique Gwenael Bagate.
Car si des entreprises commencent à commercialiser des combinaisons spécifiques, Gwenael Bagate, lui, préfère son matériel fait-maison. Il l’a copié sur celui de son formateur lors du passage de sa qualification il y a maintenant plus de 6 ans, avec un système de harnais permettant d’adapter le saut tandem aux conditions physiques spécifiques de la paraplégie. « Il faut un système qui permette à la fois en chute libre qu’il ait les jambes solidaires, mais à l’atterrissage de lui soulever les jambes de manière artificielle pour qu’on puisse se poser », détaille le moniteur, car, « si on arrive un peu fort sur le sol, si le paraplégique se casse une jambe, il ne va pas le ressentir, ce qui risque de créer une lésion qui va se propager et potentiellement faire un abcès. » Chaque saut demande ainsi une trentaine de minutes de préparation en amont, mais également une vigilance de tous les instants une fois en l’air.
La difficulté technique est peut-être aussi ce qui fait la force d’un saut tandem handisport. Plus qu’un défi physique et qu’une responsabilité vitale, il s’agit bien d’une volonté de faire bénéficier à des personnes atteintes de handicap de la même chance qu’une personne valide, malgré toutes les contraintes.
« Avant de faire du parachutisme, j’ai bossé dans le social, avec des handicapés mentaux et physiques. Quand j’ai eu l’occasion de voir un moniteur faire sauter une personne paraplégique, je me suis dit que c’était logique que je m’y mette », détaille Gwenael Bagate. Car si la complicité se crée au niveau technique, au niveau émotionnel, ces sauts marquent également bien plus : « L’émotion quand on se pose et que la personne atteinte de handicap exprime son ressenti, sa sensation de liberté, forcément ça touche. Voir leur sourire, je trouvais ça super intéressant de pouvoir proposer ça. »
Mais chassez le naturel et il revient au galop ; si pendant la chute libre, valides et handicapés sont sur un pied d’égalité, dès qu’on touche le sol, la réalité rattrape vite tout le monde, comme le confie Christophe Barbier, paraplégique ayant sauté avec Gwenael Bagate il y a plusieurs années maintenant : « En l’air, on se sent comme un oiseau, et j’adorerais le refaire si je pouvais. Mais une fois qu’on redescend, on se rappelle vite qu’on n’a toujours pas de jambes. » L’humilité est le meilleur qualificatif de Gwenael Bagate. Sa volonté de minimiser tout ce qu’il fait à son échelle pour une meilleure intégration des personnes atteintes de handicap est vraiment ce qui marque le plus quand on le rencontre : « Je me refuse à faire payer plus cher, même si ce sont des sauts qui demandent plus de temps, plus de monde pour accompagner. Le but, c’est simplement qu’ils aient le droit de faire la même activité que les autres. »
La France est d’ailleurs précurseur au niveau international dans le parachutisme handisport. Le partenariat entre la fédération de parachutisme et celle du handicap n’a pas seulement débouché sur une qualification spécifique pour les moniteurs, mais également sur l’organisation de compétitions désormais internationales. Malgré les contraintes physiques, ce sport est en pleine évolution : à défaut de pouvoir marcher, pourquoi pas voler ?
Timothée Barnaud
Centre de Parachutisme Paris Péronne Haute Somme
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Le handi-parachutisme prend de l’ampleur
En septembre 2016, la première édition du HandiFly Euro Challenge (HFEC) était organisée à l’aérodrome de Lille Bondues par la Fédération Française de Parachutisme (FFP). Depuis, la compétition européenne s’est rendue en Biélorussie, à Moscou, et se déroulera cette année au Portugal. Notamment soutenu financièrement par l’organisation Erasmus, le challenge HFEC ouvre de nouvelles perspectives au parachutisme. Fabien Kalifa, l’un des organisateurs de la rencontre, a pu nous en dire plus sur cet événement plutôt atypique.
Durant l’épreuve, le compétiteur est accompagné d’un moniteur présent pour assurer la sécurité et l’atterrissage. Celui-ci restera néanmoins inactif durant la chute qui se déroule en deux temps : le parachutiste effectue 4 tours alternés durant la chute libre puis effectue un circuit tracé après le déploiement de la voile.
Comme le souligne la FFP, le HFEC joue un rôle important dans la démocratisation du saut en parachute. Néanmoins, Fabien Kalifa explique les limites à l’organisation d’un tel événement. En effet, contrairement à la plupart des sports pratiqués à un niveau professionnel, le HandiFly se pratique à titre bénévole ; des financements doivent donc être récoltés. De plus, les compétiteurs doivent être accompagnés d’une équipe et des mesures supplémentaires sont nécessaires. Le parachutiste souligne que “l’organisation est totalement différente et à part, les places dans les logements accessibles sont limitées, il faut avoir des véhicules PMR (véhicule pour personnes à mobilité réduite).”
Malgré ces difficultés techniques, cet événement reste un véritable facteur d’inclusion. Parallèlement à la compétition, la FFP organise ateliers, formations et conférences permettant l’insertion sociale de nouveaux publics dans ce sport à sensation forte.
Ondine Amrouche
Reportage au LUC Lille Handibasket : les vertus du handisport
Ce reportage aborde les modalités de jeu du basket en fauteuil et plus globalement les vertus qu’apporte le sport aux personnes à mobilité réduite. Les images sont celles d’un entraînement de l’équipe 2 du LUC Lille Handibasket : divers exercices et techniques de jeu sont présentées, appuyées par deux interviews de membres de l’équipe.
Interviews, réalisation et vidéo : Alice Gapail