Solidhair face au cancer grâce aux dons de cheveux
L’association Solidhair, en partenariat avec de nombreux coiffeurs, dont Cidalia coiffure à la Madeleine, collecte des mèches de cheveux pour les revendre aux perruquiers. Grâce à cet argent, l’association peut subventionner les prothèses capillaires de personnes atteintes d’un cancer.
Le 9 octobre 2022, Lille s’habille de rose avec sa course « Challenge du Ruban Rose » destinée à aider les malades du cancer du sein et promouvoir son dépistage. Cependant, d’autres actions permettent aussi d’aider les malades atteints de tous types de cancer.
C’est le cas notamment de l’association Solidhair qui, depuis 2014, collecte des mèches de cheveux naturels de 25 centimètres minimum pour les revendre aux perruquiers. L’argent récolté sert alors à aider financièrement les personnes malades (femmes, hommes et enfants) à acheter une perruque.
Solidhair récupère les mèches auprès de particuliers, mais aussi de coiffeurs partenaires. Parmi eux, la patronne de Cidalia Coiffure, basée à La Madeleine, a choisi d’adhérer à cette association par conviction personnelle. « Je trouvais cela bête de jeter les cheveux à la poubelle alors qu’on pouvait en faire plein de choses. » Dans la même logique, elle est aussi partenaire de Fake Hair Don’t Care. Certaines clientes viennent alors au salon avec ce but précis de faire don de leurs cheveux.
Pour ce faire, il faut que la cliente arrive avec les cheveux propres. Ensuite, la coiffeuse rassemble les mèches et les envoie à Paris où siège l’association.
50% de gagné
Outre l’aspect financier, c’est l’aspect moral qui est en jeu quand on sait combien il contribue au processus de guérison. En effet, des études en neurosciences démontrent le lien étroit entre santé mentale et physique. Rester optimiste change la chimie du corps, augmentant ses résistances immunologiques primordiales pour la rémission du cancer.
La fondatrice de Solidhair le confirme : « Avoir une perruque est un réel soutien moral pour se sentir plus belle et féminine, mais surtout avoir un autre regard sur soi et par les autres. » L’association propose même des aides paramédicales avec des crèmes pour soigner l’apparence et ainsi se réapproprier son corps et son visage. Dans notre société où le physique compte, l’image corporelle et l’estime de soi sont alors étroitement liées, cette dernière impactant le moral.
Ainsi, pour Cidalia, ce soutien moral contribue à 50% de la guérison. « Les personnes malades perdent leurs cheveux, leurs sourcils, parfois leurs ongles, ont le teint très livide. Le fait de les accompagner, de leur réapprendre à se maquiller et se coiffer, c’est hyper important. »
Une de ses clientes atteinte d’un cancer venait alors tous les 15 jours pour faire coiffer sa perruque. « Ça lui faisait une occasion de sortir et ne pas rompre ses habitudes », ajoute la patronne du salon.
Être malade coûte cher
Ces dernières années, l’association a relevé une amélioration du rendu esthétique et du confort des perruques. Cependant, leur coût reste élevé et s’explique par le recours à des techniques minutieuses, nécessitant beaucoup de produits et de temps..
Or, la sécurité sociale rembourse l’achat d’une perruque à partir de 350€, mais pas au-delà de 700 €. « Ne pas pouvoir se payer nos cheveux, c’est dramatique. La sécurité sociale ne fait rien au-delà de 700€ car elle considère que c’est du luxe alors que le rapport à soi est subjectif. Aujourd’hui, être malade et se soigner coûte cher », déplore Sophie, la fondatrice de Solidhair.
En offrant 450€ supplémentaires, cette association permet alors aux malades de traverser le cancer dans la dignité. D’ailleurs, 95% des personnes trouvent perruque à leur tête grâce à ces subventions qui viennent tout juste de passer la barre des 800.
Juliette Tissier
Combien coûtent les perruques ?
- Perruque en cheveux synthétiques : entre 125 € et 550 € (pour les perruques les plus confortables, montées entièrement à la main)
- Perruque en cheveux semi-naturels : autour de 750 €
- Perruque en cheveux naturels : entre 900 € et plus de 1500€ (perruques faites à la main et sur-mesure)
La longueur des cheveux fait augmenter le prix.
Zoom sur...
Cancer du sein : accompagnements dans le vie d'après
Chaque année, 58 000 femmes sont diagnostiquées d’un cancer du sein en France. Seules 88 % d’entre elles y survivent.
Le rôle du corps médical continue pour ces survivantes qui doivent à présent remonter la pente. « Notre mission c’est que nos patientes se sentent elles-mêmes après leur combat contre le cancer, et surtout ne se sentent pas abandonnées. » C’est ce qu’explique Mathilde Bonney, médecin au Centre Hospitalier Universitaire de Lille, dans le cadre d’une conférence sur les soins posts-thérapeutiques du cancer.
Le rôle premier de l’hôpital dans le suivi des patientes en rémission, c’est la surveillance. « Nous visitons régulièrement les patientes sur la base d’une consultation tous les 4 mois durant les deux premières années de rémission », précise Justine, infirmière au service d’oncologie. L’objectif premier de ces visites est d’agir efficacement en cas de rechute.
Les associations jouent aussi un rôle très important dans l’accompagnement de ces femmes. L’exemple de la maison du cancer est parlant. « Nous proposons un lieu d’écoute, de soutien émotionnel mais surtout d’entraide », affirme Denise, bénévole pour l’association.
Cet espace leur permet d’échanger sur des aspects méconnus de la maladie entre réappropriation de son corps, féminité, sexualité ou encore vie de famille . La Maison du cancer laisse place aux discussions sans jugement et surtout sans tabou.
Elma Vergerolle
Témoignage d'une rescapée du cancer
Gagnante de son combat face au cancer, Mathilde, 19 ans, parle de sa perte de cheveux.
Marianna Spiliotaki