Adapter l’école aux enfants, une autre façon de penser l’éducation
Selon les estimations, le nombre d’enfants à hauts potentiels intellectuels (dit HPI) entre 6 et 16 ans s’élève à 2,3% en France, soit environ 200 000. Malgré les clichés de « petits génies », le haut potentiel se caractérise souvent par des difficultés dans le milieu scolaire classique. A Lille, l’école Arborescences, fondée en 2020 par Hélène Marcelli, propose un cursus atypique pour permettre à ces enfants de découvrir l’étendue de leur potentiel.
« Un élève peut avoir un niveau de français classique de CP et un niveau de maths de CM2. » Lors de la création de l’école Arborescences à Lille, sa directrice a fait le choix d’opter pour une école sans classes de CP, CE1, CE2, etc. Ici, les trente-six élèves sont répartis en petits groupes, et c’est l’équipe pédagogique qui s’adapte au niveau de chacun, dans chaque discipline. Chaque année scolaire consiste en un cycle annuel sur un thème particulier, sur lequel l’équipe pédagogique décline différents enseignements de français, de mathématiques, d’histoire et de sciences afin d’amener les élèves vers une production de fin de cycle. Les élèves font partie intégrante de l’élaboration du projet de production finale, ce qui permet de les impliquer directement et de les intéresser à leur propre apprentissage. A cela s’ajoutent des ateliers d’anglais et de chinois, ou encore « des temps d’Agora pendant lequel les élèves peuvent présenter un objet, ou simplement parler de leur week-end, le but c’est qu’ils apprennent à s’exprimer et à s’écouter ». Toute la pédagogie d’Arborescences repose sur l’apprentissage par le jeu.
Du fait du statut d’école privée hors contrat, l’équipe pédagogique de l’école n’a pas l’obligation de suivre les programmes de l’éducation nationale. Elle doit simplement s’astreindre à enseigner les connaissances du socle commun de compétences. Et cela permet une grande liberté quant à la façon d’enseigner. Bien que les cours dispensés ne soient pas comparables aux cours dans une école classique, Hélène Marcelli affirme avoir fait le choix « de suivre le plus possible les programmes scolaires de l’éducation nationale, surtout au collège », afin de permettre à chaque enfant qui le souhaite de réintégrer le système scolaire classique sans difficultés, « ce qui rassure aussi beaucoup les parents ».
Une pédagogie réservée aux enfants HPI ?
Même si un diagnostic de haut potentiel intellectuel (HPI) est requis pour l’inscription en primaire, les niveaux maternelle et collège sont ouverts à tous les élèves, HPI ou non. La directrice de l’établissement explique ce choix pour plusieurs raisons. Concernant les élèves de maternelle, ils sont considérés comme trop jeunes pour qu’un test de QI soit révélateur et réellement fiable. Les collégiens, eux, ont besoin de s’ouvrir au monde qui les entourent et d’apprendre des différences de leurs camarades. Comme beaucoup d’activités se font en groupe, chaque élève peut ainsi apporter ses connaissances et s’appuyer sur celles des autres pour s’améliorer. Cette méthode alternative de concevoir l’enseignement fonctionne très bien pour les enfants HPI en difficulté dans le système scolaire classique.
Cependant, elle n’a pas vocation à être exclusivement utilisée pour les enfants HPI car elle peut être tout aussi efficace et bénéfique en étant appliquée dans le système scolaire classique. Du moins c’est ce que pense Hélène Marcelli. Régulièrement, elle troque sa casquette de directrice pour celle d’auto-entrepreneuse. Elle propose alors des ateliers et des formations dans des écoles publiques afin de faire découvrir cette vision alternative de la pédagogie. Son but est de montrer à ses collègues qu’une autre façon d’enseigner peut permettre d’éviter une apathie des élèves concernant leur apprentissage.
Sarah Letessier
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Le haut potentiel intellectuel ?
Employé pour la première fois à Genève en 1946 par le docteur Julian Ajuraguerra, le terme surdoué ou haut potentiel intellectuel est utilisé pour désigner des enfants intellectuellement précoces, « qui possèdent des aptitudes supérieures qui dépassent les capacités des enfants de son âge » d’après le docteur. Selon le site du gouvernement français, les élèves intellectuellement précoces « font partie des élèves à besoins éducatifs particuliers et leurs profils sont divers ». Ces enfants ont notamment des caractéristiques spécifiques dans les domaines de la neurologie, la psychologie et la psychométrie.
2 à 5 % des élèves
Un bilan psychologique, psychoaffectif et intellectuel permet d’identifier ces particularités. On considère qu’un enfant dit HPI a un quotient intellectuel de 130 ou plus. Les élèves à hauts potentiels intellectuels, élèves intellectuellement précoces ou surdoués représentent aujourd’hui 2 à 5% des élèves.
L’écart de rythme avec les autres élèves différencie les élèves à haut potentiel intellectuel. Ces derniers ont besoin de « réponses éducatives adaptées » comme l’informe l’Association Nationale pour les Enfants Intellectuellement Précoces. Ces élèves peuvent présenter des difficultés en termes de comportement et de scolarité et s’éloigner d’un monde « qui ne lui ressemble pas ».
Roxane Guesdon
La sophrologie pour accompagner les enfants à haut potentiel
Anne Papail
Elliot Morlong